Une convention de collaboration a été signée samedi matin à Tunis entre le ministère de la Santé et l'”Association voix du sourd de Tunisie” (AVST) pour instaurer une consultation pilote en langue des signes tunisienne (LST) au profit de la population sourde et malentendante et œuvrer à son développement et sa pérennité au niveau du Centre de santé de base de Djebel Lahmar rattaché au groupement de santé de base de Tunis-nord.
“L’objectif est d’améliorer les conditions de la consultation médicale des malentendants à travers la formation du personnel médical et paramédical en langue des signes tunisienne, reconnue dans les textes de loi depuis 2006, pour éviter le recours à l’interprète et préserver le secret médical”, a souligné Nabiha Borsali Falfoul, directrice générale de la santé.
En vertu de cette convention, le ministère de la santé s’engage à instaurer une ou plusieurs séances de consultations spécifiques pour la population sourde et malentendante durant la semaine tandis que l’AVST s’engage à former le personnel du centre en langue des signes, à sensibiliser le public cible et les autres associations s’occupant des sourds et des malentendants aux objectifs du projet et à orienter les malades sourds et malentendants au centre de Djebel Lahmar.
D’après la directrice générale de la santé, ce projet pilote sera généralisé ultérieurement à d’autres centres pour améliorer l’accès aux soins à tous les sourds et malentendants en Tunisie.
La responsable a, en outre, mis l’accent sur l’importance de diffuser la langue des signes tunisienne dans tous les secteurs afin d’améliorer la qualité de vie de toute cette population.
“Financé par un don de l’Institut français de Tunisie de 12.000 dinars, ce projet vise à atteindre entre 200 et 250 par an pendant les trois ans à venir”, a indiqué Dr. Ahlem Gzara, directrice de la médecine scolaire et universitaire au ministère de la Santé qui a fait remarquer que l’idée de ce projet a démarré en 2008 par un groupe d’étudiants de la Faculté de médecine de Tunis lorsqu’il a initié un club pour l’apprentissage de la langue des signes tunisienne pendant trois ans.
“L’idée a ensuite évolué entre la faculté de médecine de Tunis, l’AVST, la direction régionale de la santé de Tunis, l’association française Sources qui s’occupe des sourds et Humanité et inclusion (Handicap international) pour créer un service de santé inclusif pour les personnes sourdes”, a-t-elle ajouté.
Selon Ahlem Gzara, la Tunisie compte environ 15000 sourds potentiels locuteurs de la langue des signes tunisienne ayant pour leur majorité peu d’accès à la lecture et à l’écriture.
De son côté, Rachid Hechmi, président de l’AVST, a souligné que ce projet est dans l’intérêt de tous les sourds et malentendants en Tunisie rappelant que le droit à la santé est un droit constitutionnel et universel.