Coup de gueule de Hakim Tounsi (dirigeant fondateur du TO Authentique Voyages établi à Paris) suite au passage de Khaled Fakhfakh, président de la FTH, à la télévision avec madame Mariem Belkhadhi, et dans lequel il reproche au gouvernement de ne pas s’investir comme il se doit dans un secteur aussi stratégique que le tourisme.
Hakim Tounsi, lui, et plus que le gouvernement tunisien, attaque de front la FTH (Fédération tunisienne de l’hôtellerie), qui n’a pas répondu présente aux sollicitations des TO tunisiens installés à l’international, les ignorant totalement et ne faisant appel à eux qu’en situation de grande crise.
«M. Khaled Fakhfakh, président de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie, s’est lâché ce soir sur la chaîne tunisienne El Hiwar pour dire tout haut ce que je disais poliment et diplomatiquement depuis 7 ans. Il a épargné la ministre du Tourisme qu’il a félicitée pour ses efforts remarquables, et s’est attaqué au gouvernement pour leur dévoiler leurs 4 vérités à propos de responsabilités jamais assumées et encore moins reconnues dans l’affaiblissement d’un secteur clé de l’économie tunisienne qu’est le tourisme.
Un secteur sinistré pour des raisons sécuritaires du ressort et de la responsabilité de l’Etat. Des professionnels ruinés du fait d’une responsabilité qui n’est pas la leur, face à des gouvernements successifs qui prenaient plaisir à le voir sombrer de jour en jour dans une totale indifférence. Une posture incompréhensible que nous ne pouvons expliquer que par une volonté de vengeance des opérateurs touristiques par envie ou encore parce qu’il illustre des siècles d’ouverture de la Tunisie sur le monde, instaurant ainsi un modèle sociétal respectueux de la diversité et tolérant. Un modèle sociétal combattu aujourd’hui par certains donneurs de leçons convoitant le retour de la dictature religieuse.
Un gouvernement qui se pavane du chiffre de 8 millions de touristes réalisé en 2017, sans jamais avoir bougé le petit doigt pour des actions promotionnelles sérieuses
Une indifférence qui pourrait s’expliquer aussi par le désir de voir rapidement sombrer les acteurs économiques majeurs d’avant 2010 pour que le transfert du pouvoir économique suive rapidement celui du pouvoir politique, deux éléments qui doivent toujours être en adéquation.
Pire, un gouvernement qui se pavane du chiffre de 8 millions de touristes réalisé en 2017, quand cela l’arrange, sans jamais avoir bougé le petit doigt pour des actions sérieuses et en profondeur pour sauver les institutions, les établissements et les Tunisiens qui ont investi et encore moins les 1,5 million de salariés et 4 millions de personnes vivant du secteur, sachant qu’une majorité d’entre eux sont originaires des zones intérieures défavorisées du pays. Tous laissés à l’abandon total dans le désintéressement absolu.
Khaled Fakhfakh a osé crier haut et fort son mécontentement sans retenue et interpeller sans hésitation le chef du gouvernement pour défendre les intérêts de la corporation. Sachez tout de même que les tour-opérateurs tunisiens basés à l’étranger n’ont plus la force ou l’écoute dont jouit votre association professionnelle FTH. Ils n’ont jamais été entendus, à commencer par la FTH elle-même.
Tout le monde s’en fout. Ils ont été gavés, pendant les moments les plus difficiles du secteur quand tous les TO étrangers avaient déserté le navire, par les discours du genre «vous Tunisiens, vous êtes les seuls à être fidèles à la destination Tunisie, aidez votre pays et constituons ensemble une force commerciale tunisienne, le lobbying tunisien à la turque, etc. etc…Bla Bla bla».
Ils sont partis depuis 7 ans chercher les moyens juridiques pour les aider à réaliser ce projet gagnant/gagnant et, depuis, les TO tunisiens à l’international n’ont plus jamais revu les responsables locaux !
Comble de l’ironie, ou plutôt du cynisme, on entend partout les gens profiter de leurs souffrances et malheurs s’appropriant sans pudeur de leur mérite quant à la reprise du marché français qui a fait 570.000 entrées de non-résidents en 2017 alors que personne ne leur a jamais tendu la main ou même écoutés.
Un pays ruiné, ne disposant plus de devises et qui fait des records pour le tourisme religieux en out going. N’est-ce pas un comble ?
Maintenant que vous le dites si haut Si Khaled, sachez que nous sommes autant sinistrés sinon plus que vous les hôteliers, car nous, nous sommes dans des pays étrangers et nous avons toujours été en première ligne pour recevoir les coups. Nous n’avons pas comme vous la maison des parents ou des amis pour aller dîner quand ça va mal Si Khaled. Quand le banquier dit non c’est non. Il y a les restos du cœur comme ultime recourt. Et vous la FTH, qu’est-ce que vous avez fait pour collaborer avec les tour-opérateurs tunisiens ? Est-ce que cette idée vous a même un jour effleuré l’esprit ?
Pareil pour la FTAV qu’ont-ils fait, malgré mes multiples demandes et communications pour écouter et aider les tour-opérateurs tunisiens de l’étranger ? Rien. C’était plus facile pour eux de s’occuper des agences locales qui font le Hajj et El Omra et qui exportent des devises au lieu d’en importer comme nous. Un pays ruiné, ne disposant plus de devises et qui fait des records pour le tourisme religieux en out going ! N’est-ce pas un comble ?
Au final Si Khaled, chacun se fout de la gueule de l’autre et votre coup de gueule sur El Hiwar annonçant une volte-face par rapport à vos propos de vos précédentes apparitions publiques n’a d’égal ou en plus fort, le mien. Une colère que j’exprime sans arrêt depuis 7 ans face à votre indifférence à tous en Tunisie, institutions et gouvernement compris.
En France il y avait 12 tour-opérateurs tunisiens avant 2011, nous ne sommes plus que 2 ou 3 ayant sauvé ce que nous avons pu sauver.
En France il y avait 12 tour-opérateurs tunisiens avant 2011, nous ne sommes plus que 2 ou 3 ayant sauvé ce que nous avons pu sauver. Tous les autres confrères ont fermé ou fait faillite ! Et quelle est notre responsabilité à nous aussi Si Khaled ? Nous non plus, la sécurité du pays n’est pas de notre ressort», dénonce Hakim Tounsi.
Le seul tort des TO établis à l’étranger est d’avoir répondu à l’appel de servir notre pays et de promouvoir son économie et son tourisme en bons patriotes. Une réponse aux appels des précédents gouvernements tunisiens pour investir en Tunisie et avec la Tunisie. N’y a-t-il pas de continuité de l’Etat nous concernant ou cette continuité n’est réservée qu’à une certaine catégorie de citoyens ?
En 2010, les tour-opérateurs tunisiens de France faisaient un minimum de 300.000 clients vers la Tunisie en provenance du marché français. A raison d’une recette moyenne en devises pour la Tunisie de 500 € par client, que se partageaient Tunisair, hôteliers et réceptifs, rien que sur 10 ans, les TO tunisiens de France ont ramené à la Tunisie un minimum de 1,5 milliard d’euros, cher ami.
En ce qui me concerne, j’ai pris dix ans pour ne pas mettre la barre plus haute car rien que ma modeste entreprise travaille depuis 20 ans exclusivement pour la destination Tunisie.
Qu’a-t-on fait pour nous en retour depuis la révolution de 2011 ? Même pas une réception de compassion et de courtoisie !
Comment voulez-vous que nous ne soyons pas amers comme l’a fait remarquer dernièrement un responsable parlant de ma colère et de ma révolte.
Le gouvernement se sert des chiffres du tourisme pour la photo comme vous l’avez si bien dit vous-même. On se vante des 570.000 clients français, mais concrètement peut-on me dire ce qui a été fait pour les avoir ? Je vous réponds, même pas une réunion de courtoisie par les instances officielles tunisiennes.
Si Khaled, vous avez à votre conclusion invité le chef du gouvernement à débattre de la stratégie du tourisme de demain, loin des anciens conseillers car on ne fait pas du neuf avec du vieux selon vos propos et c’est très bien.
Je vous lance modestement la même invitation : Qu’êtes-vous prêt à faire avec les tour-opérateurs tunisiens de l’étranger pour construire l’avenir et étudier une sortie de crise ? Ou comme d’habitude il n’y a que TUI et Thomas Cook qui vous intéressent comme cela a toujours été le cas pour la majorité des hôteliers tunisiens jusqu’à ce jour ? A moins que vous comptiez sur l’Open sky et les low Cost pour remplir les 240.000 lits tunisiens.
Dans ce cas, effectivement pourquoi s’encombrer d’un plan de travail avec les TO tunisiens ? Ryanair, Easyjet et les OTA vont faire le travail pour vous !
PS : Pour info, je suis, entre autres, un ancien cadre supérieur de la Banque nationale de développement touristique (BNDT). J’y ai travaillé au service “Crédits” entre 1982 et 1987, les années de gloire de l’investissement hôtelier en Tunisie, et je connais tous les dossiers côtés pile et face de toute l’hôtellerie tunisienne. Cela peut aider à se comprendre !
Nous ne tendons pas la main à qui que ce soit pour quémander. Nous exigeons d’abord la considération qu’on nous doit et ensuite que chacun assume réellement ses responsabilités.
Répondant aux orientations et aux appels de l’Etat tunisien d’investir même dans le cadre de la diversification du produit, nous avons développé le tourisme saharien. Sommes-nous responsables du fait qu’aucun avion n’a pu atterrir à Tozeur les six dernières années pour des raisons sécuritaires ?
Je souhaiterais que notre situation soit réellement prise en considération et que notre préjudice énorme soit pris au sérieux au même titre que celui des autres hôteliers qui ont dû carrément fermer leurs hôtels. A raison d’une moyenne basse de 30 millions de dinars par hôtel, c’est un outil de travail de 210 hôtels qui a coûté à la Tunisie 6,3 milliards de dinars dont une bonne part d’emprunts étrangers, qui est en train de dépérir jour après jour.
Effectivement, l’avenir du tourisme et son sauvetage est un sujet d’importance capitale pour la Tunisie qui mériterait que le chef du gouvernement s’y penche personnellement mais pas plus dans votre bureau que dans le mien. L’approche doit être globale, équitable, prenant en considération tous les Tunisiens du secteur et non pas une réunion au profit d’une corporation en particulier car au final nous sommes tous Tunisiens».
Hakim Tounsi