Le parlement européen a tenté de s’opposer à la décision d’inscrire la Tunisie sur la liste des Etats susceptibles d’être fortement exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme, mais les règles techniques sont telles qu’une majorité absolue des membres siégeant à cette instance européenne, est nécessaire pour éviter cette inscription”, a déclaré, mardi, à Tunis, la députée européenne Marie-Christine Vergiat.
Intervenant lors d’une conférence de presse, la députée a rappelé que lors du vote en plénière (Strasbourg le 5 février 2018) d’une objection contre l’inscription de la Tunisie sur cette la liste, 357 députés européens ont voté pour cette proposition de résolution et 280 contre, soit 19 voix manquantes pour obtenir la majorité absolue (le parlement européen compte 751 députés).
A travers ce vote ” nous avons envoyé un signal fort à la commission européenne (CE) qui a promis une réévaluation rapide de sa décision prise sur la base du rapport du GAFI (Groupe d’action financière) dont l’évaluation sur la Tunisie date de mai 2016 “, a indiqué Vergiat, rappelant qu’une nouvelle évaluation a été publiée par ce même organisme, le 6 décembre 2017.
Au début du mois de janvier 2018, le GAFI a retiré la Tunisie de sa liste des pays à haut risque pour la placer sur la liste des pays sous surveillance, a indiqué la députée, ajoutant que la commission européenne n’a tenu aucun compte de ces nouvelles évolutions, arguant qu’aucune sanction n’est appliquée au pays figurant sur cette liste.
Pour mettre en cohérence les discours favorables à la stabilité politique et économique en Tunisie et les actes, la commission européenne est appelée à retirer ce pays de la liste ” à haut risque “, a estimé la députée.
S’alarmant du mauvais signal envoyé par cette inscription aux créanciers et aux investisseurs, Vergiat s’est exprimées en ces termes : ” le fait de figurer sur cette liste constitue en soi une sanction politico-économique, un mauvais message aux investisseurs et aux créanciers pour un pays qui s’apprête à sortir sur le marché international pour contracter un nouveau prêt “.
” Est-ce vraiment la meilleure façon de soutenir la Tunisie, comme nous ne cessons de le proclamer, que de la faire figurer sur cette liste ?” s’est interrogée la députée, estimant que le fait de mettre la Tunisie sur cette liste la montre du doigt pour d’autres raisons.
“Je n’ai pas de preuves, mais je pense que l’on cherche à faire pression sur la Tunisie pour qu’elle mette en œuvre plus rapidement d’autres réformes et notamment certaines réformes dites structurelles et accélère les négociations concernant l’ALECA (Accord de Libre Echange Complet et Approfondi) qui piétinent depuis plusieurs mois “, a-t-elle soutenu.