Plus qu’une impression, une évidence : il y a de moins en moins de restaurants touristiques ou gastronomiques à Tunis et dans les grandes villes touristiques. Les restaurants gastronomiques les plus huppés de la capitale ont été soit vendus, soit transformés en vulgaires bistrots rebutants où seule la bière coule à gogo.
Le restaurant touristique, qui était synonyme d’urbanité, de convivialité et de label de vie durant les dernières décennies, n’est désormais qu’un simple souvenir –ou presque. Gros plan sur une activité en voie de disparition.
Interpellé, ces jours-ci, par un quotidien d’expression arabe sur la crise que connaît cette activité touristique, Sadok Kouka, président de la Fédération touristique des restaurants touristiques (FTRT), a révélé une situation catastrophique.
D’après lui, “sur un total de 600 restaurants touristiques que compte le pays, 300 ont passé la clef sous la porte tandis que le reste est proposé à la vente”.
Le président de la FTRT impute le recul de cette activité à trois principaux facteurs : la concurrence déloyale, l’augmentation des impôts et les autorisations administratives.
A l’origine de la crise, trois facteurs
S’agissant de la concurrence déloyale, celle-ci est livrée par deux nouveaux commerces, à savoir les salons de thé qui connaissent un véritable boom dans les quartiers chics, et le système “All inclusive” adopté ces dernières années pour des raisons de sécurité, par les hôtels. Il s’agit d’un système qui ne permet pas au touriste de quitter l’hôtel et de découvrir les spécificités gastronomiques du pays. C’est un manque à gagner important pour la restauration gastronomique à vocation touristique.
Est-il besoin de rappeler ici que tous les pays avancés dans le domaine du tourisme ont acquis une partie de leur notoriété à travers la diversité et la richesse des arts culinaires et les plats qui les distinguent.
Pour le cas de la Tunisie, destination touristique confirmée, de par leur richesse séculaire, leur diversité et leur qualité, les mets tunisiens sont reconnus internationalement et constituent, en conséquence, une attraction touristique certaine.
Concernant la pression fiscale, elle est perceptible à travers l’augmentation de la taxe sur la consommation et de la TVA de 6% à 14% et plus.
Viennent ensuite les autorisations administratives, les professionnels déplorant, particulièrement, les difficultés rencontrées pour obtenir celle accordée par le ministère de l’Intérieur pour la vente des boissons alcoolisées. Cette vente étant soumise, habituellement, à une autorisation du département de l’Intérieur. Seulement pour l’obtenir, il faut patienter, une année ou deux, ce qui affecte, énormément, durant la période de démarrage, les comptes des nouveaux propriétaires de restaurants touristiques. Ces derniers ont, pourtant, investi d’importantes sommes dans leur projet, conformément à une étude de faisabilité agréée et prévoyant, entre autres, la vente des boissons alcoolisées.
Rappelons cette lapalissade : un restaurant gastronomique est avant tout un restaurant qui cherche à mettre la gastronomie à l’honneur (plats de qualité, cave honorable, accueil attentif, service soigné et cadre agréable). Cela pour dire que la vente de boissons alcoolisées dans ces locaux est plus qu’indispensable pour la réussite du projet.
Des pistes pour booster la gastronomie touristique
Pour relancer cette activité, la FTRT propose deux pistes en amont et en aval. Il s’agit de revoir la formation dédiée à la gastronomie à vocation touristique et d’intégrer les restaurants touristiques dans les circuits touristiques.
Au rayon de l’administration, la ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Salma Elloumi, a mis à profit la dernière Assemblée générale de la Fédération tunisienne des restaurants touristiques (avril 2017), pour proposer aux professionnels la révision des normes de classification des restaurants touristiques et l’élaboration d’une réglementation devant régir et protéger leur activité.
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Au final, il est permis de dire que toutes les parties sont conscientes des difficultés rencontrées par cette niche touristique qui emploie actuellement 1.800 personnes et engrange un important potentiel en matière de nouveaux investissements et de création d’emplois. L’enjeu réside apparemment dans son organisation, sa protection des intrus et l’amélioration de la qualité de ses services.