Après une première à El Jem lors de la saison estivale 2017, l’exposition d’art contemporain “L’aboyeur” de Faten Rouissi s’installe au Musée national du Bardo, du 11 mars au 10 avril 2018, pendant une période qui commémore les événements tragiques du 18 mars 2015 pour le Bardo, les familles des victimes et la Tunisie se voulant ainsi une marque de résilience par l’art et la culture contre l’obscurantisme.
Unique en son genre, l’exposition intitulée cette fois “L’aboyeur au Bardo” sera ouverte, le jour du vernissage le 10 mars, par une soirée où show, musique, son et lumière, danse, art contemporain et patrimoine vont se côtoyer quelques heures durant.
Evénement majeur de la programmation culturelle du Musée national du Bardo pour l’année 2018, l’exposition est accueillie dans le haut lieu du patrimoine historique de la Tunisie.
Faten Rouissi, artiste plasticienne pluridisciplinaire, investira les espaces historiques du Bardo pour offrir au regard du visiteur une œuvre dense et lumineuse, dialogue de l’art contemporain avec l’histoire, l’archéologie et le patrimoine tunisien.
Du 11 mars au 12 avril, Faten Rouissi mettra la lumière dans le plus grand musée de Tunisie, dont les espaces et les œuvres seront ravivés par les créations de l’artiste. Une manière originale de valoriser le patrimoine historique et architectural.
A travers “L’aboyeur au Bardo”, un dialogue sera établi entre ce patrimoine et l’art contemporain, dont les installations éphémères en son et lumière et adaptés à l’esprit des lieux seront la voix de la sauvegarde du patrimoine et de la création artistique.
Dans son travail, l’art contemporain s’intègre dans les arcades du Palais, côtoie l’héritage punique et romain, et incite le spectateur à vivre une expérience enrichie en redécouvrant ce cadre prestigieux. L’artiste Faten Rouissi a choisi elle-même la scénographie de cette exposition.
La mise en lumière, le choix des couleurs, valorisent le dialogue entre les œuvres archéologiques anciennes et la création contemporaine.
Comprendre “L’Aboyeur”
“La muselière sur le plan artistique est une image, un symbole et une métaphore. C’est un instrument de mesure et de modération pour celui qui prend la parole d’une manière intempestive et en abuse”, selon Faten Rouissi. “Subversif, inattendu, décalé, contestataire, l’Aboyeur se dessine, comme une figure importante dans la balance des opinions”, estime Marie Deparis-Yafil, critique et commissaire de l’exposition.
Elle ajoute : “L’Aboyeur est né de l’observation qu’a pu faire l’artiste des médias de masse après la révolution et dans la démocratie tunisienne naissante”. Il y avait, explique l’artiste dans les divers débats télévisés et radiodiffusés, “quelque chose de l’ordre du chaos et de la dissonance, des voix s’élevant non pas ensemble mais les unes sur ou contre les autres, provoquant une inaudible cacophonie, finalement plus pénible que constructive”.
Le message de “L’Aboyeur au Bardo”
L’Aboyeur de Faten Rouissi souhaite mettre en avant la nécessité d’une communication rationnelle, apaisée, dans laquelle l’argumentation, la délibération, prennent réellement part à l’opinion et à la décision publiques. De la rencontre du lieu et du concept artistique, une lisibilité nouvelle est possible. Celle du lieu chargé de sens et d’histoire. Celle de l’histoire de l’Aboyeur, magnifiée et évolutive, personnage incontournable des démocraties naissantes.
Ainsi, lorsque L’Aboyeur habite le Bardo, le visiteur ne visite plus l’espace de la même manière. La déambulation se fait artistique et réfléchie. La perspective est changée, le regard orienté vers d’autres trajectoires. L’Histoire est racontée différemment.
Les nouveautés “Spécial Bardo”
L’Aboyeur dans son voyage en quête de reconnaissance pose ses valises au Bardo. Le lieu inspire l’artiste Faten Rouissi qui crée, en plus des œuvres présentées en août dernier à l’Amphithéâtre d’El Jem, une nouvelle série In Situ. Fruit d’une rencontre intemporelle, d’une relation amicale naissante entre l’Aboyeur et Virgile -ce dernier n’ayant pas peur de partager la vedette- cette nouvelle série d’œuvres artistiques retranscrit la magie de ce rendez-vous hors du commun. Une expérience inédite se déclinant en œuvres électrisantes et hautes en couleurs et en lumière. La création de “Virgile et l’Aboyeur” témoigne d’un échange émerveillé entre le personnage moderne du 21ème siècle et le plus grand des poètes de l’antiquité romaine.
De cette amitié naissante et de la fascination pour la belle parole, l’œuvre raconte un moment clé auquel assistera le visiteur : “L’Aboyeur offrant à Virgile la Médaille du Mérite Culturel”.
Entre peintures, collages, assemblages et effets lumineux, la nouvelle série d’œuvres “spécial Bardo” illumine le musée et le vêtit de couleurs électrisantes. Ainsi, dans le Hall d’entrée du musée du Bardo, dans la “Driba” et dans quelques salles du musée, on assistera à l’œuvre, toujours évolutive de l’Aboyeur.
De plus, la talentueuse Amel Henchiri, créatrice de bijoux, invitée par l’artiste Faten Rouissi, présentera une nouvelle collection de bijoux, dédiée à “L’Aboyeur au Bardo”.
Son, lumière et lerformance pour le coup d’envoi
Pour donner un coup d’envoi mémorable à cette exposition, Faten Rouissi propose à la cérémonie d’ouverture une nouvelle expérience en SON et LUMIERE dans le Hall d’entrée du Musée du Bardo, sur “l’Aboyeur Géant”, sculpture monumentale de 5 mètres de Haut.
Une performance chorégraphique et théâtrale “Les Aboyeurs et les Médias” des 15 performers va animer, au rythme d’une composition de multiples jeux de formes et de lumière sur fond musical spécifique, cette sculpture impressionnante de forme inhabituelle qui évoque par sa hauteur la puissance des médias et des “Aboyeurs”.
Qui est Faten Rouissi ?
Faten Rouissi est née en 1967 à Tunis. Elle vit entre Tunis et Bruxelles. Son travail, protéiforme, fait appel à différents médiums, notamment la peinture, la sculpture, le textile mais aussi l’installation, la vidéo, la performance ou le happening et également l’écriture. Avec un sens critique aiguisé, une certaine ironie, et toujours un peu de poésie, elle développe une réflexion engagée autour de l’exercice du pouvoir, de la vie citoyenne ou des excès médiatiques, de ce qui transforme et régule la société contemporaine, en Tunisie et ailleurs.
Fondatrice de l’Association “24H Pour l’Art Contemporain”, elle a été à l’initiative de plusieurs actions participatives dans l’espace public : “Art dans la rue – Art dans le quartier” (2011), “De Colline en Colline” (2013) et “Bye-Bye Bakchich Système” (2014), visant à diffuser l’action artistique contemporaine dans les régions.
En 2013, le Musée Badisches Landes Museum de Karlsruhe en Allemagne a fait acquisition de son installation “La grande Lessive” (Dream City, oct 2010), évoquant avec poésie et humour la nécessité des changements politiques radicaux en Tunisie.
En 2014, Faten Rouissi a reçu le Prix de la Ville de Dakar au Sénégal, dans le cadre de la 11ème Biennale de l’Art Africain Contemporain DAK’ART.