La hausse continue du taux d’inflation, à 7,1% en février, était prévisible au vu des principales mesures contenues dans la loi de finances 2018, qui comporte plusieurs mesures fiscales, lesquelles se répercutent sur les coûts de production et, partant, sur les prix”, selon l’analyse de l’universitaire Safouane Ben Issa.
Il considère que la Tunisie vient, de fait, d’adopter “une politique des taux” comme en témoigne l’annonce faite lundi 5 mars par le Conseil d’administration de la Banque centrale d’augmenter le taux directeur de l’Institut d’émission de 75 points de base, le portant ainsi de 5% à 5,75% l’an.
Il juge cette démarche d’absolument “erronée”, puisque que notre inflation n’est pas d’origine monétaire, mais d’origine réelle, assurant qu’il “faut, impérativement, renoncer à cette politique des taux, et annoncer, par exemple, le maintien du taux directeur de la BCT inchangé pour toute cette année, de manière à rassurer les investisseurs et leur assurer une meilleure visibilité”.
“Il est plus judicieux de mobiliser d’autres instruments pour freiner cette spirale inflationniste, à travers, notamment, la mise en place d’une feuille de route pour l’inclusion du secteur informel dans le formel, étant donné que le secteur parallèle représente aujourd’hui 50% de la valeur de notre économie”, pense-t-il, qualifiant d’”inefficace” toute politique de relance économique qui ne prend pas en considération l’informel.
La reprise des ventes des promoteurs immobiliers aggravera le taux de l’inflation
L’universitaire tire la sonnette d’alarme quant à une progression plus importante du taux d’inflation, durant les prochains mois, expliquant que les statistiques publiées, depuis le début de cette année, n’ont pas pris en considération le renchérissement des prix de l’immobilier.
Dans ce cadre, il rappelle que le secteur de la promotion immobilière est actuellement en crise avec le blocage des ventes des logements, dans l’attente de la publication par l’administration de la note précisant les modalités de déduction de la TVA.
“La reprise des ventes pour les promoteurs va alimenter davantage le taux d’inflation, puisque cette activité a été soumise à une révision à la hausse de plusieurs taxations, dont le taux de TVA et les droits de douane sur les matériaux de construction, ce qui se répercutera évidemment sur les prix”, s’inquiète Ben Issa.
Enfin, l’universitaire met en garde contre la dégradation de la situation économique du pays, indiquant que les recettes fiscales ont régressé du tiers (1/3) durant les deux premier mois de l’année 2018, en comparaison avec la même période de l’année écoulée, au moment où la Tunisie s’apprête à sortir sur le marché financier international pour lever un emprunt obligataire d’un milliard de dollars, dans le cadre de la mobilisation des ressources extérieures au profit du budget de l’Etat.