Pour Aziz Mebarek, il ne fait aucun doute que le Startup Act, présenté le 5 mars 2018 lors d’un séminaire organisé à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), est d’une grande importance. Le cofondateur et directeur général d’Africinvest-Tuninvest estime que le Startup Act ne peut qu’avoir un impact «positif sur l’emploi et l’économie tunisienne».
M. Mebarek est convaincu que «le secteur privé et plus particulièrement que les petites et moyennes entreprises constituent la colonne vertébrale de notre économie», et que tous les pays qui se sont engagés sur cette voie ont «changé qualitativement leurs économies».
Aussi, juge-t-il «nécessaire que la communauté nationale fasse le maximum pour fournir le meilleur environnement aux porteurs de projets et plus particulièrement ceux dont les projets sont innovants afin de leur permettre de les concrétiser et de les faire réussir».
Et que pour ce faire elle doit mette en place un «dispositif global» reposant sur 7 piliers.
Le premier consiste à «faire entrer la culture de l’entrepreneuriat dans le dispositif éducatif».
Le deuxième est «la modernisation de l’administration, la simplification des procédures administratives et l’accompagnement efficient des porteurs de projets avant, pendant et après l’entrée du projet en activité».
Le troisième pilier est la création de structures et d’incubateurs pour «transformer une bonne idée en un projet bon et réussi».
Le quatrième passe par la création de «mécanismes permettant aux personnes expérimentées voulant créer des projets de disposer d’un salaire afin qu’elles puissent satisfaire les besoins de base de leurs familles» pendant la phase de création du projet.
Le 5ème pilier implique la création d’outils de financement à toutes les phases.
Le 6ème nécessite de «renforcer le micro-crédit» et de combler les «trous» dans le secteur bancaire en ce qui concerne le financement des petites et moyennes entreprises, et ce à travers des crédits long terme et le financement de la trésorerie.
Enfin, le 7ème pilier passe par l’accompagnement des startups pour leur permettre d’accéder au marché national en leur accordant «une priorité raisonnable au produit et aux services nationaux dans les appels d’offres concernant les besoins de l’Etat et des institutions nationales, d’un côté, et, d’un autre, sur le plan international à travers la mise en œuvre de la diplomatie économique, et en les aidant à surmonter tous les obstacles y compris ceux concernant le change et le paiement électronique auxquels la Tunisie, qui connaît un grand retard dans ces domaines, est confrontée».
La question du financement
Parce que c’est son rayon et celui de la société qu’il dirige, Aziz Mebarek s’est surtout attardé sur la question du financement. Et à ce sujet, le DG d’Africinvest n’y va pas par quatre chemins. Pour lui, «les solutions actuellement disponibles pour financer une startup indépendante sont absolument insuffisantes».
Pour résoudre ce problème, plusieurs mesures doivent être prises. Celles-ci vont de l’augmentation du nombre des sociétés indépendantes opérant dans la gestion des fonds d’investissement, le développement des capacités de leurs cadres au «détournement» d’une partie de l’épargne nationale disponible vers ce genre d’organismes d’investissement, en passant par la mise de plus de moyens financiers à la disposition des incubateurs et pour le financement de l’amorçage «parce que ces activités sont naturellement hautement risquées et n’arrivent pas à attirer du capital privé facilement».
S’il est conscient que réunir toutes ces conditions pour créer un environnement favorable «constitue un investissement coûteux pour la communauté nationale», le patron d’Africinvest n’en est pas moins convaincu que «notre réussite, celle de nos enfants et des générations futures passent par-là».