“Nous ne pouvons pas continuer ainsi avec un déficit structurel des balances commerciale et de paiement et des indicateurs macro-économiques en berne (épargne, investissement…)”, a indiqué le nouveau gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane El Abassi.
Intervenant, jeudi 8 mars, lors d’une conférence de presse, tenue au siège de la BCT, aux côtés d’autres responsables de la Banque, El Abassi a réitéré la nécessité d’assurer la relance économique et de soutenir les secteurs en difficulté, dont le tourisme et les industries extractives, afin d’améliorer les recettes du pays et éviter l’endettement.
“Il nous faut des mesures exceptionnelles pour cette situation exceptionnelle”, a-t-il encore affirmé, soulignant l’impératif de remédier à la situation économique du pays, à travers la rationalisation de l’importation, l’impulsion des exportations et l’encouragement des investissements, à même de préserver les équilibres économiques fondamentaux du pays.
“La Tunisie se présente comme un petit pays, mais c’est une économie qui a la capacité de rebondir. Nous devons juste regarder dans le même sens et coordonner les politiques, avec toutes les parties prenantes pour réussir notre objectif de la relance”, pense-t-il.
Mettant l’accent sur le taux d’inflation qui ne cesse de s’accroître (7,1% en février 2018), ce qui a obligé la BCT à augmenter le taux directeur de 75 points de base le portant à 5,75%, le gouverneur de la BCT estime que l’inflation est très dangereuse, même pour l’investissement.
De son côté, Rim Kolsi, directrice de la stratégie et des politiques monétaires à la BCT, a fait savoir que “la Banque s’attend à un taux moyen d’inflation à hauteur de 7,2%, pour toute l’année 2018. Ce taux régressera en 2019 pour se situer entre 5 et 6%”.
Selon elle, le taux d’inflation enregistré en février 2018 n’a pas été atteint depuis deux décennies et qu’il suscite des inquiétudes car il affecte le pouvoir d’achat du consommateur mais aussi l’économie du pays.
Quant à Mourad Abdessalem, directeur à la BCT, il a indiqué que le déficit courant a atteint un niveau record dans l’histoire de la Tunisie, pour dépasser 10% du PIB, à fin 2017, s’établissant à 10,1 milliards de dinars, soit trois fois le déficit enregistré en 2010 (environ 3 milliards de dinars).
Il a, ainsi, mis en garde contre ce déficit, qui aura des répercussions négatives sur l’économie du pays, notamment l’accélération de la dépréciation du dinar et par conséquent la hausse de l’inflation.