L’Afrique du Nord est la deuxième région la plus performante du continent africain avec un taux de croissance de 4,9%, derrière l’Afrique de l’Est (5,9%), selon Assitan Diarra-Thioune, économiste régionale pour l’Afrique du Nord à la Banque africaine de développement (BAD).
“L’année 2017 s’est achevée pour l’Afrique du Nord sur une croissance de 4,9% du PIB réel, en hausse par rapport aux 3,3% enregistrés en 2016. Cette performance économique est d’ailleurs supérieure à la moyenne affichée par le continent dans son ensemble (3,6%) et place la région de l’Afrique du Nord en deuxième position en Afrique”, selon le rapport sur “les Perspectives économiques en Afrique 2018”, consacré à l’Afrique du Nord, présenté lundi 12 courant à Tunis.
Ces chiffres s’expliquent notamment par une production de pétrole plus importante que prévue en Libye, ce qui a permis au pays de réaliser une croissance de 55,1% en 2017. Mais aussi par la performance du Maroc, qui a vu son taux de croissance passer de 1,2% en 2016 à 4,1% en 2017, stimulé par la hausse de la productivité agricole, qui a profité d’une bonne saison pluviale conjuguée aux impacts positifs du déploiement du Plan Maroc Vert.
Portée par son programme de réformes macroéconomiques et structurelles, l’Egypte affiche, elle aussi, une croissance de son PIB, de l’ordre de 4% en 2017.
Les perspectives demeurent positives pour 2018 et 2019 grâce, notamment, aux réformes engagées dans l’ensemble des pays de la région.
Selon les projections, la croissance de l’Afrique du Nord devrait atteindre respectivement 5% en 2018 et 4,6% en 2019.
La croissance en Afrique du Nord reste néanmoins volatile et fragile, étant donné que cette partie du continent souffre du paradoxe “croissance sans emplois”. Ainsi, cette croissance positive réalisée sur la période 2011-2017 est peu créatrice d’emplois, outre la faiblesse de la part de la population active dans la région (moins de 50%) avec des taux de chômage élevés en comparaison à d’autres régions du monde.
Par ailleurs, 30,5% de la population jeune dans la région qui représente 40% sont au chômage. Sur ce point, le rapport montre également une inadéquation entre l’offre et la demande d’emploi notamment en Egypte et en Tunisie.
Les conclusions du rapport ont fait ressortir que les économies de la région peinent à accélérer le processus de leur transformation structurelle. A titre d’exemple, l’économie tunisienne, qui est relativement diversifiée, reste fortement dépendante de la croissance de la zone euro, son premier partenaire commercial et économique.
S’agissant de la composition des exportations des six pays de la région, le document fait ressortir un modeste niveau de diversification et sophistication des exportations.
Les recommandations issues de ce rapport appellent à mener des politiques macroéconomiques prudentes et rompre progressivement avec les politiques budgétaires expansionnistes adoptées par certains pays, depuis 5 ans, pour contenir la demande sociale pressante, à réduire les déséquilibres budgétaires et accroître l’efficacité de la dépense publique à travers un accroissement des dépenses en capital au détriment des dépenses courantes.
Il s’agit également de compter davantage sur les ressources nationales pour leur développement économique afin d’éviter l’accumulation de la dette et d’adopter, en matière monétaire, les régimes de taux de change qui permettent d’absorber les chocs exogènes.