Le navire militaire italien “L9894 San Giusto” a jeté l’ancre, jeudi 15 mars 2018, pour la deuxième fois au port de la Goulette. Un premier accostage avait eu lieu au même port le 22 mai 2017.
“Cette deuxième visite s’inscrit dans le cadre de l’opération navale de l’Union européenne (UE) en Méditerranée, baptisée “Sophia”. Elle traduit une excellente coopération entre la Tunisie et l’UE dans le domaine sécuritaire”, a déclaré le chef de la délégation de l’UE en Tunisie, Patrice Begamini, lors d’un point de presse à bord du navire.
Pour lui, ce deuxième accostage est le symbole du volontarisme européen avec la Tunisie et les principaux acteurs internationaux, notamment, les Nations unies et l’Union africaine. Un volontarisme qui porte aujourd’hui ses fruits sur le dossier libyen ainsi que sur le dossier migratoire”, a-t-il fait savoir.
De son côté, Bettina Muscheidt, chef de la délégation européenne en Libye, a déclaré qu’il s’agit d’une visite à la fois symbolique et pratique du fait que la Tunisie est un pays partenaire.
“La crise en Libye et la migration clandestine sont des dossiers liés dont le règlement s’appuie, entre autres, sur l’excellente coopération sécuritaire entre la Tunisie et l’Union européenne (UE)”, a précisé Muscheidt.
Concernant la mission européenne en Libye, l’ambassadrice a fait savoir que depuis 2017, l’UE a mis à la disposition des agences onusiennes spécialisées une enveloppe de 237 millions d’euros.
Une importante partie de cette enveloppe (40%) est destinée, souligne-t-elle, à la protection des migrants, à leur rapatriement dans leurs pays d’origine ou leur transfert vers d’autres pays ainsi qu’ au dialogue avec les autorités libyennes au sujet des 33 mille migrants encore en détention.
Selon Bettina Muscheidt, la mission européenne en Libye consacre, également, 40%c du budget aux efforts déployés pour la stabilisation du pays.
Le contre-amiral Enrico Credendino, commandant de l’opération Sophia, a, quant à lui précisé qu’il s’agit d’une mission dont le mandat principal est d’entreprendre des efforts systématiques en vue d’identifier, de capturer, et de neutraliser les navires et les embarcations ainsi que les ressources utilisées ou soupçonnées d’être utilisées par des passeurs ou des trafiquants de migrants.
“Toutes les activités entreprises dans le cadre de l’opération Sophia suivent et respectent pleinement le droit international, dont les droits de l’Homme, le droit humanitaire, le droit des réfugiés et le principe de non-refoulement”, lit-on dans le document.
Selon les derniers chiffres avancés jusqu’en janvier 2017, l’opération Sophia s’est soldée par la neutralisation de plus de 400 embarcations, l’interpellation de 109 passeurs et le sauvetage de plus de 42 mille migrants.
“Par rapport à 2016, l’an 2017 a enregistré une baisse de 37% des décès en mer”, a-t-il fait remarquer.
Credendino a rappelé, par ailleurs, que l’opération s’est vue assigner deux nouvelles missions, à savoir la formation des gardes-côtes et marins libyens et le contrôle de l’embargo sur les armes imposé à la Libye et la mise en œuvre de l’embargo des Nations unies sur les armes.
“Quelque 188 garde-côtes libyens ont été formés dans le cadre de cette mission”, a-t-il indiqué, précisant que cette formation qui se poursuivra jusqu’à fin 2018, entamera un nouveau module en avril prochain.
S’agissant de la première mission, un navire spécifique sera consacré à la formation d’une centaine d’officiers et sous-officiers du corps de garde-côtes ou de la marine libyenne. ” Ces derniers seront ensuite invités à suivre des formations à terre, dans un pays membre de l’UE ou un pays tiers avant d’être, dans un troisième temps, formés sur des navires libyens”, a expliqué Enrico Credendino.
Par ailleurs, pour lutter efficacement contre le trafic d’armes, la zone d’opération de la mission Sophia a été étendue jusqu’à la hauteur de la ville libyenne de Derna, à 200 km de l’Egypte. Elle couvre désormais 80% de la côte libyenne, mais en se limitant toujours aux eaux internationales, soit à 12 miles de distance des côtes.
Initialement baptisée “Eunavfor Med”, l’opération européenne a pris le nom d’une petite fille dénommé Sophia, née le 24 août 2015 à bord d’une frégate allemande qui croisait alors en Méditerranée centrale dans le cadre de sa mission européenne.
D’une mère somalienne, Sophia a été secourue avec 453 autres migrants débarqués le même jour au port de Tarente. Elle a reçu comme prénom le surnom donné au navire allemand en l’honneur de la princesse de Prusse.