«Véritable levier de l’économie tunisienne», selon le mot de Mourad Ben Mahmoud, managing director de HLB GS Audit & Advisory, la petite et moyenne entreprise tunisienne (PME) –qui représente 2,51% du tissu entrepreneurial, soit 18.600 entreprises- peine, toujours et encore, à jouir d’un environnement favorable lui permettant d’améliorer ses performances. C’est ce qui ressort des résultats de l’édition 2018 de MIQYES, le baromètre de la santé de la PME tunisienne, lancé l’année dernière par la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT), en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), One To One (qui a mené l’enquête MIQYEQ 2017 sur un échantillon de 500 entreprises), et HLB GS Audit&Advisory –dirigé par Mourad Ben Mahmoud- et, qui, fort de «son expertise et de sa connaissance de la PME, a aidé «au niveau de la construction du questionnaire, de l’animation et comités de travail et de l’analyse des résultats».
Les résultats de cette deuxième enquête n’enchantent guère M. Chérif. Car, selon le président de la CONECT, «la lenteur de la transition économique, les obstacles administratifs, le développement de l’économie parallèle et les pressions sociales ont entravé la relance économique escomptée». Situation qui a pour conséquence «la fermeture de 4.319 entreprises et la perte de plus de 250.000 emplois depuis 2015».
Un état des lieux que partage M. Ben Mahmoud. Selon lui, les résultats de la deuxième enquête «confirment fortement les conclusions de la première». Certes, il y a des améliorations : 70% des entreprises affirment avoir dégagé un “bénéfice comptable“ (66% lors de MIQYES 2016), et 65,3% continuent à se déclarer optimistes pour l’avenir –même si ce chiffre est en légère baisse par rapport à celui de 2016 (67,4%).
Mais MIQYES 2017 démontre que «l’entreprise tunisienne peine à rester compétitive», que ses clients sont confrontés à des difficultés financières, que «son rendement est directement affecté par la mauvaise qualité de son environnement direct (transport, santé, sécurité et logistique) et par ses problèmes financiers.
S’il en reconnaît une «légère amélioration», le patron de HLB GS Audit & Advisory souligne que «l’environnement des affaires reste difficile» et le prouve chiffres à l’appui : le nombre d’entreprises se plaignant de l’administration fiscale (27,6% en 2017, contre 23,2 en 2016), et des douanes (21,4% en 2017, contre 17,8% en 2016) a augmenté-, les PME tunisiennes restent confrontées à d’autres difficultés: le marché parallèle -59% d’entre elles (contre 68% en 2016) se considèrent menacées par sa concurrence, et 45% affirment ressentir fortement l’impact de la situation en Libye.
Invité d’honneur de la séance d’ouverture de la conférence nationale de présentation de la deuxième édition de MIQYES, organisé jeudi 15 mars 2018, Youssef Chahed a déclaré que «la poursuite de l’instabilité sociale et politique rend difficile le fait de redonner confiance aux investisseurs». Mais le chef du gouvernement a promis de «mettre en œuvre» les grandes réformes –Caisses sociales, finances publiques, entreprises publiques et masse salariale dans le secteur public- nécessaires pour faire sortir le pays de cette situation.