“La transition en Tunisie et ses répercussions sur l’Europe”, c’est le thème de la conférence, organisée samedi 17 mars 2018, par l’Union des éditeurs tunisiens au Salon du livre de Paris (du 16 au 19 mars).
Les anciens députés à l’Assemblée nationale constituante (ANC), Nadia Chaâbane et Sélim Ben Abdesselem, respectivement auteurs de “Tunisie, deuxième République : chronique d’une constituante 2011-2014” et “La parenthèse de la constituante (Tome I) : du rêve au cauchemar et la parenthèse de la constituante (Tome II) : de la fracture au compromis”, ainsi que l’universitaire Baccar Ghérib, auteur de l’ouvrage : “Penser la transition avec Gramsci”, ont analysé les événements politiques en Tunisie ainsi que le déroulement de la transition démocratique dans le pays.
Se basant sur son expérience à l’ANC, Nadia Chaâbane relève qu’elle était habitée par son propre parcours dans cet ouvrage. Pour elle, la Tunisie vit une dynamique propre à elle qu’il ne faut pas comparer avec les parcours des pays arabes ayant vécu des changements politiques. “Il y a une dynamique propre aux nations”, selon l’ancienne constituante qui ne cache pas sa crainte du risque de régression des droits de la femme même en Tunisie.
De son côté, Sélim Ben Abdessalem révèle qu’il a vécu en 2011 un rêve : le soulèvement contre Ben Ali. Un rêve suivi rapidement d’un cauchemar, selon l’ancien constituant, en précisant qu’il s’agit essentiellement “des expressions et de l’apparition des salafistes jihadistes”.
Ben Abdessalem a rappelé la dynamique des acteurs politiques à l’ANC, marquée par la dominance du bloc du Mouvement Ennahdha.
“Il y avait un camp islamiste compact, d’un côté, et un camp de l’autre qui a pris surtout forme après l’assassinat du député Mohamed Brahmi”, note Sélim Ben Abdessalem.
L’universitaire et auteur de “Penser la transition avec Gramsci”, Baccar Ghérib souligne, quant à lui, qu’il s’est basé sur Gramsci pour analyser les événements qui se sont déroulés en Tunisie. “C’est un penseur de crise et de transition”, explique Ghérib.
Les conférenciers considèrent qu’il n’existe pas en Tunisie un modèle économique alternatif fiable, susceptible de répondre aux problèmes actuels.
Mohamed Haddad, auteur de plusieurs livres publiés sur la relation entre l’islam et le monde moderne, a animé la conférence.
La Tunisie participe du 16 au 19 mars au Salon du livre de Paris. Un stand a été aménagé par l’Union des éditeurs tunisiens où des auteurs tunisiens ont dédicacé leurs ouvrages. C’est un salon annuel où 1.200 exposants de 45 pays y participent. 800 conférences et 3.000 dédicaces sont au programme de ce rendez-vous littéraire.