Jour après jour, les réserves de la Tunisie en devises ne cessent de diminuer, se situant à 77 jours d’importation. Et ce qui complique encore la situation, c’est la conjoncture que traverse la Tunisie par son classement dans la liste noire du Groupe d’Action Financière (GAFI) sur laquelle figurent les pays non coopératifs en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (LAB/CFT), ou dans le meilleur des cas, les pays ayant des déficiences majeures dans leur dispositif LAB/CFT.
Un classement suivi d’un autre dans la liste noire européenne des pays tiers à hauts risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme (BA/FT).
Ces classements ont un impact non négligeable sur la réputation, l’image de stabilité et le climat des affaires du pays, chose qui impactera directement les investissements et par suite nos réserves en devises. Ces réserves qu’on ne cesse de consommer d’où leur diminution à ce niveau, mais avons-nous toujours fait le bon choix à le faire ?
Le GAFI nous recommande d’améliorer notre dispositif de lutte anti-blanchiment d’argent et contre le financement du terrorisme (LAB/CFT) par la mise en place, entre autres, d’un ensemble de systèmes spécifiques aidant les établissements financiers à contrôler leurs entrées en relation d’affaires et à analyser les opérations et transactions de leurs clients.
C’est dans ce cadre que les banques tunisiennes auraient dépensé, selon nos informations, plus que 15 millions de dinars en devises, dans l’espace de trois ans, pour l’acquisition de tels outils, à travers des éditeurs et des intégrateurs qui n’investissent pas en Tunisie plus que leurs loyers, et qui expatrient tout dinar qu’ils génèrent directement à l’étranger, regrette une source bien informée. Un choix fait sous prétexte de manque d’offre tunisienne en la matière. Or, en dépit de ces énormes dépenses, la Tunisie a été doublement blacklistée !
Aujourd’hui, les compagnies d’assurances tunisiennes se trouvent dans la même situation de choix. Celles-ci doivent donc bien réfléchir, étant donné que plusieurs entreprises tunisiennes employant des compétences tunisiennes offrent ces solutions avec des technologies plus évoluées, des prix plus compétitifs, adaptées aux besoins, avec un gros avantage : payer en dinars tunisiens.
Ces entreprises tunisiennes, au lieu de consommer les rares devises qui nous viennent de l’étranger, contribuent au contraire à leur augmentation par leur succès à l’étranger, sur les marchés européen et africain.
De ce fait, l’acquisition de ces produits et services par des entreprises tunisiennes qui les fournissent constitue à la fois un sauvetage de nos réserves en devises, et une action citoyenne, nous dit-on, ce qui permet aux éditeurs de logiciels de maintenir leur activité et les postes d’emplois qu’ils offrent, mais aussi d’en créer d’autres, participant ainsi à la création de plus de richesses en Tunisie, explique un responsable dans une entreprise éditrice de logiciels.
C’est ainsi qu’il est demandé aux compagnies assurances tunisiennes de prendre les bonnes décisions, dans un contexte où le citoyen est appelé à serrer de plus en plus sa ceinture compte tenu du fait que son pouvoir d’achat régresse de jour en jour dû essentiellement aux multiples taxation dont fait l’objet.
De même, le gouvernement est appelé, lui aussi, à prendre de mesures encourageantes envers les entreprises tunisiennes pour les protéger de cette concurrence qui impacte gravement notre économie, et ce d’autant plus que plusieurs pays, même développés, n’hésitent pas à mettre en place de mesures de protection de leurs entreprises et de leurs citoyens.