Enfin, une occasion pour la Tunisie de rentrer de plain-pied dans le Club mondial sévère et hautement sélectif de l’innovation. Et de se faire valoir comme vivier de compétences et producteur de solutions. C’est la voie pour figurer dans le radar des investisseurs internationaux.
Le Conseil des Chambres mixtes, présidé par Foued Lakhoua, a organisé une rencontre-débat, mardi 13 courant à Tunis, autour de Startup Act -dont l’adoption à l’Assemblée est imminente-, en présence du ministre des Technologies de la communication et de l’Economie numérique, Anouar Maarouf.
Cet événement est opportun car il assure un début de promotion à la loi qui est sensée faire repartir la dynamique de l’innovation dans le pays. Et comme l’auront relevé les intervenants, le pays est totalement absent du Club impitoyable, tant il est exigeant, des pays qui savent aménager un environnement propice à l’innovation.
On a parlé de “Start up Nation“, nous dirons plus simplement “Smart land“, parce que l’esprit pionnier des startuppers doit diffuser dans tout le corps entrepreneurial.
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Pour se faire une idée de l’importance de la question, il faut garder à l’esprit que l’innovation c’est également des occasions de business considérables. Amazon ou Alibaba, en quelques années ont multiplié leur capitalisation de manière phénoménale. En un mot, il faut dire que cela peut rapporter gros.
Une communication institutionnelle
Le séminaire organisé par le Conseil des chambres mixtes n’est qu’un premier acte en matière de communication institutionnelle autour du Startup Act. C’est un acte conséquent que de faire constater à nos partenaires internationaux que nous nous mettons à l’heure du travail… à l’américaine. Jugeons-en. Laissons de côté la part épique de cette initiative assumée par une communauté de candidats potentiels au startupping. Ils ont fait pression sur Noomane Fehri (ancien ministre des TIC) pour le convaincre de les appuyer dans leur démarche. Un quatuor de mousquetaires s’est mis en place pour formaliser le projet. Il faut les faire connaître de l’opinion afin de valider leur mérite.
Il s’agit de Haithem Mahouachi, Khaled Ben Jilani, Ouassim Mekki, Ali M’Nif et l’irrésistible Maya Bouraghda. Pour faire court, ils ont su traduire dans les faits les doléances de la communauté des fanas de l’innovation. Startup Act reproduira un frame work aux normes anglo-saxonnes. Il y aura un esprit et un cadre de vie semblable à ce qui se fait ailleurs dans le monde en matière d’innovation. La Tunisie pourra enfin se doter de quelque chose qui rappellera Sillicon Valley. Belle revanche sur la vie.
Nasser Hidoussi (président de AmCham) et Mohamed Bridaa (DG de Microsoft MENA) ont signalé la fracture numérique endurée par la Tunisie. C’est le pays qui a accueilli le Sommet mondial de la société de l’information (SMSI) en 2005 qui se trouve reléguée, aujourd’hui, en dernière division. Nous sommes en retrait de la sphère SMART, et le défi est d’y retourner aux conditions requises.
Un univers dédié à l’innovation avec des pratiques Up to Date
L’univers Smart ne souffre pas les autorisations de l’administration, les rigueurs du code du change, les entraves règlementaires en tous genres. C’est un monde qui plane très haut. Startup Act a imposé cette réalité et la communauté nationale est sur le point de le valider.
Ajouter à cela qu’ils ont, en la personne du nouveau gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), un appui inconditionnel, comme le rappelait le ministre des TIC. Tout prête à croire que ça va partir sur les chapeaux de roues, avec un démarrage américain. Startup Act dans son sillage va légaliser la Société par Actions simplifiée. Elle va créer les instruments de capital adéquat, à savoir l’action de préférence et le bon de structuration d’Action. Et puis en cas de flop, eh bien, on liquidera la start up et on repartira de nouveau. Exactement comme cela se fait aux USA.
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La nouvelle loi, qui a toutes les chances d’être adoptée en l’état, va charrier dans son sillage la loi sur le capital investissement inhérent au financement de l’innovation. Ajouter qu’elle va dépoussiérer toutes les anciennes dispositions sur les commandes publiques. Les marchés publics sont des commandes qui doivent donner du grain à moudre aux startups, surtout à leur démarrage.
Mais où est donc le NASDAQ tunisien?
Nous déplorons toutefois une lacune, en l’état actuel. La finalité ultime du projet est de susciter un univers favorable à l’innovation. Mais aussi un univers propice au grand business. Parce qu’une start up doit déboucher sur des horizons de valorisation importants. Il leur faut donc un compartiment boursier “NASDAQ“ approprié qui n’existe pas actuellement.
Par ailleurs, il faut aussi qu’il y ait des évaluateurs de brevets d’invention pour valoriser les brevets, et cela a beaucoup ralenti les transactions sur les startups dans le pays.
Ouvrir la voie au grand business
Le projet de loi est à la veille de sa présentation en plénière à l’ARP, en vue de son adoption. Rarement un projet aura connu un tel parcours et un tel finish. Porté à tour de bras par une communauté de jeunes startuppers, il apparaît comme “la loi de l’espoir“, avait dit Nasser Hidoussi, président de AmCham.
Tel quel, le projet laisse espérer qu’il y aura un univers anglo-saxon dans le monde de l’innovation en Tunisie, ajoutera Mohamed Bridaa, DG de Microsoft MENA.
On aura une sphère de travail sans frictions avec l’administration, ni avec le code du change. Ah! La délivrance. Pour décrire cette situation, les physiciens parlent d’un environnement sans frottements. C’est en soi une avancée spectaculaire. On nourrit beaucoup d’espoir de voir Startup Act propulser le pays dans le marché mondial comme site de productions de solutions et comme viviers de talents. Sans négliger le business. Jusque-là, des investisseurs tunisiens pouvaient acquérir des entreprises à l’étranger. La nouveauté désormais serait que des investisseurs internationaux, grâce à la notoriété que pourrait acquérir la Tunisie, viennent plus nombreux pour acheter des startups tunisiennes. Et c’est le jack pot.
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* Egalement président de la chambre Tuniso Française de Commerce et d’industrie CTFCI.
** CEO de Hexabyte et président de AmCham.
*** DG de Microsoft pour la région Mena et grand activiste de la cause de la digitalisation de l’économie.