Développer un travail d’image building nécessite de l’expertise, notamment en droit des affaires. Même les investisseurs italiens, pourtant familiers du site tunisien, demandent une prise en mains appropriée. C’est ce qu’il ressort de la dernière mission FIPA à Turin, en Italie. Détails.
WMC : Qui a organisé la mission et qui sont les divers partenaires nationaux ? Qui est le réceptif en Italie ?
Me Aslan BEREJEB : Dans le cadre de la promotion de la Tunisie comme destination attractive pour les investissements directs étrangers, un séminaire intitulé «La Tunisie, destination privilégiée pour les IDE italiens et hub régional en Afrique» a eu lieu le 22 février 2018 au Château de Parella au Nord de Turin.
Cette journée a été organisée par l’Agence de promotion de l’investissement extérieur “FIPA-TUNISIA“ à travers son bureau de représentation à Milan en étroite collaboration avec KF Partners (société privée italienne spécialisée en organisation de séminaires), en vue de communiquer sur la nouvelle loi de l’investissement entrée en vigueur le 1er avril 2017 et pour présenter les opportunités d’investissement en Tunisie dans les secteurs porteurs et à forte valeur ajoutée.
S’agit-il d’une mission généraliste de promotion du site tunisien ou d’une mission ciblée à l’adresse d’une filière précise ?
Il s’agit d’un séminaire sectoriel ciblé touchant principalement la filière industrielle de l’automobile liée essentiellement au groupe automobile italien “FIAT AUTO Spa“ avec ses sites directs ou indirects. Cela n’a pas empêché d’autres industriels de différents secteurs à assister au séminaire pour mieux connaître les spécificités du site tunisien.
Les opérateurs italiens préfèrent se délocaliser en Roumanie. La Tunisie conserve-t-elle une chance réelle en la matière ?
Pour son choix, l’investisseur prend en considération plusieurs critères : la qualité de l’infrastructure, la valeur ajoutée de ses diplômés, la compétitivité du niveau salarial, la gouvernance, l’aspect fiscal et la stabilité du cadre juridique.
La Tunisie, avec sa nouvelle loi sur l’investissement, que nous avons eu le privilège de présenter, ses avantages comparatifs au niveau des autres critères et ses liens historiques très étroits avec l’Italie, devance la Roumanie.
Pourquoi avoir choisi Turin et non Milan, capitale économique confirmée?
Il s’agit d’une approche différente du FIPA qui, bien qu’ayant son siège historique à Milan, a préféré se déplacer vers les régions à culture industrielle, commençant sa tournée par Turin. La prochaine destination sera la zone très nantie de la Vénétie (Vénise, Vérone, Vicenza, Padova…).
Quels étaient les avantages comparatifs les plus saillants que vous avez présentés à votre auditoire ? Vous aviez plaidé pour la délocalisation, la colocalisation, le partenariat ?
Il est vrai que la délocalisation au sens classique du terme, basée sur la clôture des sites européens de production, est révolue. Aujourd’hui, le rapport d’investissement entre les deux rives de la Méditerranée est basé sur un modèle «gagnant-gagnant». Le pays d’origine continuera à fabriquer les produits de haute qualité, et les investissements nouveaux dans les pays de la rive sud tendent à fabriquer des produits très compétitifs.
Il s’agit de l’une des voies d’avenir pour retrouver la compétitivité et créer des emplois, au Nord comme au Sud.
Quel rôle pour un avocat d’affaires dans une telle mission ?
L’investisseur étranger souhaite de prime abord être tranquillisé quant à la situation géopolitique en Tunisie. Il souhaite avoir aussi une idée sur le corpus juridique dans le domaine de l’investissement. L’investissement en Tunisie, oui mais où ? Comment ? Selon quel mode juridique ? De telles questions sont souvent posées par les investisseurs étrangers.
L’identification de la zone géographique est considérée comme la première phase de l’investissement afin de bien connaître les avantages et les inconvénients de chaque région et adapter la stratégie à chaque situation. Il existe, en effet, une série de mesures incitatives fiscales et/ou financières, prises par le gouvernement tunisien pour attirer les investissements étrangers selon les différents zones et secteurs.
Le rôle essentiel de l’avocat d’affaires dans le domaine de l’investissement étranger est d’aider ces investisseurs étrangers à conquérir de nouveaux marchés, optimiser l’approche fiscale et financière et réduire les coûts.
Avez-vous été handicapé par le double blacklistage de la Tunisie (paradis fiscal, GAFI)?
Avec ce double blacklistage, la Tunisie risque théoriquement, de capter moins d’investissements étrangers et les entreprises tunisiennes devraient être amenées à doubler d’efforts pour leur développement à l’international.
Toutefois, et comme l’a bien rappelé Son Excellence Moez SINAOUI, ambassadeur de Tunisie à Rome, les rapports historiques entre la Tunisie et l’Italie sont tellement bien ancrés dans l’histoire et la culture qu’ils ne risquent pas d’être altérés par les problèmes conjoncturels d’immigration clandestine ou de blacklistage.
Tout le travail d’image building entrepris par cette mission est-il bien au point?
Je voulais insister sur la collaboration remarquable entre la Société privée KF Partners et l’Agence de promotion de l’investissement extérieur “FIPA-TUNISIA“ à travers son bureau de Milan qui ont fait un travail exceptionnel tant au niveau de l’organisation qu’au niveau du choix des entreprises participantes et du panel d’intervenants.
Propos recueillis par Ali Abdessalam