WMC: Vous entamez votre troisième année à la tête de la Chambre de commerce tuniso-britannique (TBCC). Quel programme avez-vous arrêté pour 2018 ?
Mehdi Ben Abdallah : D’abord, il faut rappeler que nous sommes partis de loin. Après les attentats, de Sousse notamment, la relation avec les Britanniques est devenue assez difficile et l’intérêt pour la Tunisie a beaucoup baissé. L’année dernière, nous avons vu le retour d’un intérêt certain de la part de nos amis britanniques pour la Tunisie. Il y a eu beaucoup de visites de ministres de très haut niveau et de délégations d’affaires. Nous-mêmes en avons effectué plusieurs voyages en Grande-Bretagne. Et la manière dont nous avons été reçus dénote de cet intérêt accru à travailler avec la Tunisie.
En plus de cela, nous avons aujourd’hui l’arrivée du Brexit. La date en est déjà connue : ce sera en mars 2019. Et mars 2019, c’est demain. Donc, il faut mettre à projet 2018 pour focaliser sur les secteurs que l’on voit prometteurs avec la Grande-Bretagne –il y en a plusieurs : agroalimentaire, TIC, éducation, santé, finance, etc.- et travailler avec le gouvernement tunisien pour aider à mettre en place les accords adéquats qui vont gérer la relation d’affaires et économique tuniso-britannique à partir de 2019.
Pour l’instant, notre relation est essentiellement gérée par l’Accord d’association, mais quelles seront les règles à partir du 1er avril 2019 ? On ne le sait pas encore. Il y a des ébauches d’idées, mais c’est une feuille blanche qui est devant nous. Nous devons mettre à profit cette année pour élaborer les meilleurs accords qui soient créateurs d’opportunités.
Il y a de bonnes choses dans l’accord d’association. Mais est-ce qu’on peut garder et transposer au niveau bilatéral ? Quelles améliorations faut-il y apporter ? Par exemple, l’Accord d’association n’intègre pas, à mon avis, de manière adéquate, le volet agroalimentaire. C’est peut-être là un secteur sur lequel on peut travailler plus en profondeur avec la Grande-Bretagne. Notamment pour faire beaucoup plus dans l’huile d’olives.
Ce pays importe beaucoup de produits agroalimentaires de l’Union européenne. A partir de 2019, les quotas privilégiés ne seront plus applicables a priori à la Grande-Bretagne. C’est un marché qui s’ouvre à nous. Cependant, je suis optimiste mais pas rêveur. Je ne suis pas en train de dire qu’on va remplacer les achats britanniques de l’Europe. Mais nous pouvons en avoir une portion et cela sera bénéfique à la Tunisie.
Il faudra également faire le pitching, la promotion, de la Tunisie en Grande-Bretagne. J’y ai été fin février pour préparer des visites plus importantes pour le gouvernement tunisien et pour la communauté d’affaire.
Une visite du chef du gouvernement Youssef Chahed est-elle envisagée ?
Ce serait l’idéal, et cela lancerait un message très important. Si le chef du gouvernement, M. Youssef Chahed, pouvait effectuer une visite en Grande-Bretagne, j’en serai tout à fait heureux, et je mettrai tous les efforts nécessaires pour que cette visite soit une réussite. Pourquoi pas aussi une visite en Tunisie du Premier ministre britannique Theresa May ?
Je crois que 2018 peut être l’année britannique pour la Tunisie si on joint tous les efforts nécessaires, publics et privés, dans une stratégie et un objectif communs.
Propos recueillis par Moncef Mahroug