Les conseillers du chef du gouvernement devraient peut-être apprendre à lire entre les lignes. Car ce communiqué assez correct et diplomatique sous-entend des critiques acerbes quant à leur gestion des affaires financières et économiques du pays.
Espérons qu’ils les saisiront !
«Le 23 mars 2018, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé la deuxième revue du programme de réformes économiques de la Tunisie appuyé par un accord au titre du mécanisme élargi de crédit.
L’achèvement de la revue permet aux autorités de tirer un montant équivalant à 176,7824 millions de DTS (environ 257,3 millions de dollars), ce qui porte le total des décaissements au titre de l’accord à l’équivalent de 631,3661 millions de DTS (environ 919 millions de dollars).
En achevant la revue, le Conseil d’administration a approuvé la requête des autorités de passer des revues semestrielles à des revues trimestrielles. Le montant total des décaissements qui sera mis à la disposition du pays sur toute la durée du programme reste inchangé.
Le Conseil d’administration a approuvé aussi la demande de dérogations pour non-observation des critères de réalisation à fin décembre concernant les réserves internationales nettes, les avoirs intérieurs nets, le déficit budgétaire primaire et les dépenses primaires courantes, ainsi que pour non-observation du critère de réalisation continu relatif à l’application ou à l’intensification de restrictions aux paiements et transferts afférents à des transactions internationales courantes.
Le Conseil d’administration a approuvé aussi le maintien d’une restriction de change qui interdit les crédits commerciaux pour certaines importations non essentielles jusqu’au 31 décembre 2018.
Le 20 mai 2016, le Conseil d’administration avait approuvé l’accord sur quatre ans au titre du mécanisme élargi de crédit, pour un montant de 2,045625 milliards de DTS (environ 2,98 milliards de dollars, ou 375% de la quote-part de la Tunisie) (voir communiqué de presse n° 16/238).
Le programme de réformes du gouvernement qui est appuyé par cet accord vise à réduire les vulnérabilités macroéconomiques, à garantir une protection sociale adéquate et à favoriser une croissance tirée par le secteur privé et créatrice d’emplois.
Parmi les priorités figure un assainissement des finances publiques propice à la croissance et soucieux de la dimension sociale, qui a pour objectif de stabiliser la dette publique au-dessous de 73% du PIB d’ici 2020 tout en accroissant l’investissement et les dépenses sociales.
D’autres priorités visent également à inverser la tendance récente à l’accélération de l’inflation et à maintenir la flexibilité du taux de change de manière à soutenir les exportations et à renforcer la couverture des réserves de change.
Les réformes structurelles prévues dans l’accord mettent l’accent sur l’amélioration de la gouvernance, du climat des affaires, des institutions budgétaires et du secteur financier.
Après le débat du Conseil d’administration, M. Mitshuhiro Furusawa, directeur général adjoint et président par intérim, a fait la déclaration suivante : «La Tunisie a enregistré une reprise modeste en 2017, mais reste très vulnérable sur le plan macroéconomique, et le chômage demeure élevé. La dette a continué d’augmenter, l’inflation s’est accélérée et la couverture des réserves de change est maintenant inférieure à trois mois d’importations. Il est nécessaire de mettre en œuvre de manière décisive les mesures figurant dans le programme appuyé par le FMI pour maintenir la stabilité macroéconomique.
Les autorités ont commencé à s’attaquer à ces problèmes en établissant pour 2018 un budget qui réduit le déficit, en resserrant la politique monétaire et en renouvelant leur engagement à flexibiliser le taux de change. Des réformes structurelles ont commencé à améliorer la gouvernance, à renforcer le climat des affaires, à moderniser la fonction publique et le système des retraites, ainsi qu’à restructurer les banques publiques.
Pour que l’ajustement budgétaire soit un succès, un renforcement de l’exécution des politiques économiques est nécessaire. Il sera crucial d’accroître les recettes fiscales de manière équitable et de freiner les dépenses courantes afin de réduire la dette et d’accroître l’investissement et les dépenses sociales.
Pour 2018, il est prioritaire de renforcer le recouvrement des impôts, de mettre en œuvre les départs volontaires de fonctionnaires, de ne pas accorder de nouvelles augmentations salariales sauf si la croissance s’avère supérieure aux prévisions et de relever les prix des carburants chaque trimestre.
Il sera tout aussi important de répartir la charge de l’ajustement de manière équitable parmi les composantes de la société et de protéger les groupes vulnérables. Les partenariats publics-privés ne devraient être menés que s’ils s’inscrivent dans un cadre juridique et réglementaire adéquat.
La Banque centrale de Tunisie a démontré sa détermination à maintenir une inflation basse en élargissant la fourchette des taux d’intérêt, puis en relevant sensiblement le taux directeur. De nouvelles hausses seront nécessaires pour ramener les taux d’intérêt réels en territoire positif à moins que l’inflation ne recule rapidement.
Dans la continuité de la dépréciation du taux de change réel en 2017, la flexibilité du taux de change demeurera essentielle afin de corriger la surévaluation restante du taux de change réel, de réduire le déficit des transactions courantes et de reconstituer les réserves de change.
À cet effet, il conviendra de respecter le budget destiné aux interventions sur le marché des changes et d’organiser des adjudications de devises plus compétitives.
«Les autorités ont accru le financement à court terme du système de sécurité sociale. Cela devrait être suivi de réformes équitables et durables du système des retraites. L’achèvement de la base de données sur les ménages vulnérables, qui est essentielle pour bien cibler l’assistance sociale, contribuera à préserver le contrat social.
Les autorités ont accompli des progrès considérables sur le plan des réformes structurelles. Elles ont mis en place l’Instance constitutionnelle de la lutte contre la corruption et établissent des institutions à l’appui du code de l’investissement, y compris le guichet unique.
La législation visant à réduire les portefeuilles de prêts improductifs facilitera la restructuration des banques publiques.
Les améliorations qui sont apportées au régime de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme s’attaqueront aux déficiences de la Tunisie dans ce domaine.
Une bien meilleure exécution du programme, accompagnée par des revues trimestrielles, et l’appui permanent de la communauté des bailleurs de fonds aux efforts de réforme de la Tunisie seront cruciaux dans la période à venir».