L’Institut National de la Météorologie (INM) a présenté, jeudi, le livre blanc sur la recherche scientifique dans le domaine de la météo et du climat en Tunisie.
Ce livre, fruit d’un projet de recherche de 7 mois, mené dans le cadre d’un jumelage entre l’INM et Météo France et financé par l’Union Européenne (UE), se propose de répondre à une question principale : Comment la recherche scientifique tunisienne peut s’organiser pour mieux fédérer sa réponse aux enjeux sociétaux liés au climat et à l’environnement ?
Plus clairement, il s’agit de trouver, à travers la science, l’analyse des données climatiques, fournies par l’INM et les organismes de recherches et aussi à travers les prévisions météorologiques, les réponses appropriées et efficaces pour prévenir, alerter et mieux intervenir dans l’objectif de minimiser les impacts des changements climatiques, auxquels la Tunisie est fortement exposée.
Le ministre du Transport, Radhouane Ayara, présent à cette manifestation a indiqué que l’étude du climat est devenue indispensable et une question qui préoccupe tout le monde. “Les impacts du changement climatique touchera tous les secteurs en Tunisie, c’est pour cela que le livre blanc va aider à identifier une stratégie nationale d’adaptation”, a-t-il dit.
Un organisme national à l’image du “GIEC” est recommandé
Il ressort de la rencontre de jeudi à Tunis, qu’il y’a nécessité aujourd’hui, de créer, en Tunisie, un comité inter-organismes (CIO) qui regroupe des chercheurs et experts de toutes les institutions concernées par la météo et le climat dans le pays (INM, INGREF, INSTM, IRESA…). Ce comité, qui sera à l’image du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), doit avoir accès à toutes les données climatiques et scientifiques pour mener à bien ses recherches et trouver des solutions d’adaptation aux changements climatiques et faire face aux éventuels aléas, selon Jacques Parent du Chatelet, expert de Météo-France.
Il s’agit aussi d’organiser la recherche scientifique dans une structure unique et pluridisciplinaire pour rendre plus efficace le travail d’adaptation aux changements climatique entrepris à l’échelle nationale.
“La Tunisie qui se trouve au centre de la Méditerranée est soumise à toutes les perturbations météorologiques”, a indiqué le directeur de laboratoire à l’INSTM (Institut National des Sciences et Technologies de la Mer) et président du comité de rédaction du livre blanc, Ali Harzallah.
Parmi ces perturbations, figurent les précipitations extrêmes, qui pourraient provoquer des dégâts importants sur les personnes et les biens.
L’inondation étant le risque numéro 1 en Tunisie, qui est le 43eme pays le plus vulnérable à cet aléa redoutable, selon l’ONU.
L’ouvrage de l’INM recommande à ce sujet, de donner une forte priorité aux besoins sociétaux en fonction des prévisions du temps et du climat et de mettre en place un collège scientifique à l’INM, qui se chargera de la surveillance et de la veille des risques climatiques de précipitations extrêmes et de leur impact hydrologique.
La Tunisie est aussi exposée au risque de la sécheresse, dont l’impact est durement ressenti sur le plan socio-économique et dont la gravité risque d’augmenter avec le changement climatique.
Sur ce plan, le livre blanc propose, entre autres, d’instaurer un système d’alerte précoce à la sécheresse, de développer le volet législatif en matière d’eau et de lutte contre le gaspillage et les usages non adaptés.
Il recommande également de prospecter de nouvelles ressources aussi bien fossiles que renouvelables et d’aménager de nouveaux ouvrages de stockage de l’eau et réaménager les ouvrages vétustes.
En ce qui concerne la vulnérabilité et l’adaptation aux changements climatiques, l’ouvrage recommande le développement d’une plateforme ou un portail web pour la diffusion des projections climatiques à haute résolution de l’INM et de mettre en place une plateforme commune d’analyse des données marégraphiques, bathymétrique et d’évolution du trait de cote.
Selon la responsable de l’Action R&D du “projet de jumelage-INM- Météo France”, Soumaya Ben Rached, la demande sur l’information climatique n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui.
L’INM est appelé, à cet effet, à fournir des prévisions météorologiques et des alertes qui soient les plus fiables possible et en un temps opportun, axées sur la gestion des risques météorologiques, a-t-elle rappelé, relevant que beaucoup de travail inter-institutions reste à faire et que des conventions bilatérales ou multilatérales pourraient émaner du conclave de l’INM.
L’objectif d’atténuation de l’impact des changements climatiques, nécessitent des investissements de l’ordre de 17,5 milliards de dollars (environ 41,9 milliards de dinars), selon le rapport “Contribution prévue déterminé au niveau national” publié en 2015, par le département tunisien chargé de l’environnement.