Comme toujours, dans cadre de son Plan de Réforme Structurel, le FMI a relancé l’Etat Tunisien pour l’implémentation des mesures douloureuses, dont notamment l’augmentation des recettes fiscales, la refonte du régime de la retraite, l’externalisation des services publics, la correction des prix de carburant & produits subventionnés, le relèvement du taux directeur, la flexibilité du taux de change, le gel des salaires, etc…
Toutefois, grand nombres d’initiés nationaux sont persuadés que les incidences de telles mesures ne pourraient être bénéfiques sur les grands équilibres, tant que le dilemme de la corruption et la problématique du commerce extérieur ne sont pas sérieusement approchés et convenablement traités.
Cependant, et pour la 1ère fois, le FMI a exhorté le gouvernement tunisien – sur le bout des lèvres – à réduire le ‘‘déficit des transactions courantes’’ pour parvenir à maîtriser l’endettement extérieur et à reconstituer les réserves de change. Néanmoins, le Conseil d’Administration du FMI a évité de dévoiler l’origine de l’amplification de ce déficit courant qu’est l’importation abusive des biens de consommation totalisant 7 milliards de dinars au cours de 2017.
A force de financer l’importation des biens de consommation superflus (environ 7 Milliards de dinars en 2017), on ne dispose plus de grand chose pour financer les importations en produits de première nécessité (céréales, médicaments, hydrocarbures, matières premières pour les PMI, pièces de rechange, ….).
Si les importations de biens de consommation secondaires ne sont pas substantiellement comprimées, la pression sur la balance des paiements persistera et, de ce fait, le dinar continuera à glisser, entraînant inéluctablement une accentuation de l’inflation et attisant les revendications sociales pour des augmentations salariales.
Je n’ai pas l’impression que les princes aux commandes soient aussi soucieux que les Experts Tunisiens, des massacres à répétition et des effondrements irréversibles, ni des conséquences désastreuses du raccommodage au jour le jour et du remblayage par des emprunts extérieurs. Ils continuent à tourner autour du pot et à occulter les effets générateurs :
1) du déficit budgétaire structurel (évasion contributive, fraude administrative, iniquité fiscale, …), et
2) de l’accentuation des déséquilibres extérieurs (corruption, déficit commercial, régime offshore, fuite de capitaux, surendettement extérieur, glissement du dinar, …).
D’ailleurs l’amendement de la circulaire de la BCT du 17/10/2017, portant autofinancement de l’importation des produits de consommation sans recours aux concours bancaire, par la suppression de la liste initialement établie les véhicules de tourisme et les articles d’habillement (nouvelle Circulaire N°2017-09), d’une part, et le verrouillage administratif et tarifaire du régime FCR sous prétexte de lutter contre le secteur informel des voitures, d’autre part, confirment que les autorités compétentes demeurent prises en otage par la mafia des rentiers-importateurs qui s’évertuent par tous les moyens à booster leurs business aux dépens des réserves en devises quand bien même financées par des crédits extérieurs.
Tant que les responsables de l’Etat refusent de mettre le doigt sur la balance commerciale des biens (en régime général) pour enclencher les mesures de sauvegarde légitimes, la balance des paiements sera davantage torturée, et les réserves en devises seront en permanence à plat.
A ce titre, il y a lieu de rappeler que plusieurs recommandations ont été émises, depuis quelques années, par diverses composantes de la société civile et ce, en vue d’atténuer substantiellement la pression sur la balance des paiements. Parmi ces recommandations, je souligne particulièrement une action salutaire à décréter urgemment pour que le déficit courant soit ramené au niveau de 2010, à savoir:
“Enclencher les mesures de sauvegarde prônées par l’accord de l’OMC (article 12) et prévues dans l’accord de libre-échange avec l’UE de 1995 (article 35), avec l’activation des deux lois 96-106 et 99-09”.
Aussi ne faudrait-il pas ajouter à l’enclenchement des mesures de sauvegarde le rétablissement du taux de compensation minimum de 50% pour pousser les «bagnolistes» et autres “rentiers-importateurs” à contribuer au développement des exportations en produits manufacturiers?
Si une telle réforme en matière de régulation du COMEX ne venait pas à être adoptée, aucune autre mesure dictée par le FMI ne pourrait donner le résultat escompté, notamment en termes de plafonnement du taux d’endettement à 70% du PIB, rationalisation du déficit budgétaire, compression du déficit courant, maîtrise de l’inflation, etc…