Au sein de l’unité de production à l’usine Kromberg & Schubert à Béja, l’écho était assez intense, entre le son des machines en marche et le haut parleur d’où parvenait une voix féminine souhaitant la bienvenue, en arabe, français et allemand, aux journalistes de TAP en visite sur le lieu…
Déjà depuis l’entrée principale de l’usine où est fièrement exposé le certificat statuant que “la duale Béja est classée usine de l’année 2017 de toutes les filiales Kromberg & Schubert“, les mots de bienvenue ne cessaient de se faire entendre pour les hôtes du géant allemand actuellement implanté partout dans le monde, avec plus de 48.000 employés.
Au milieu des drapeaux allemand et tunisien, se place le drapeau du groupe mondial dont la devise privilégie le principe “Future Success depends on our flexibility” (Notre futur succès va avec notre adaptation à être assez flexibles) et les valeurs de travail adoptées ont considérablement impactés positivement le vécu de la région de Béja et zones avoisinantes telles Amdoun, Nefza et Béni Mtir.
Le bien-être de l’ouvrière et ouvrier, élément phare d’un investissement pérenne
La rigueur et la discipline allemande est palpable dans l’ordre établi et la répartition méticuleuse des tâches de travail, aussi bien chez le personnel qu’au niveau de l’environnement de travail, sain et encourageant, qui coïncide avec les valeurs germaniques reconnues. Les rencontres avec les cadres dirigeants et les employés à l’usine, avait permis de cerner les grandes ficelles d’un monde calqué du très apprécié modèle allemand.
De la vue panoramique à l’étage, à perte de vue, les rayons de l’usine et les employés, majoritairement des femmes, sont inlassablement chacun en train d’effectuer la tâche qui lui est confiée. Les identifier semble aussi simple; entre ceux qui sont habillés en mauve, jaune ou blanc, la blouse est le premier degré de repérage, ensuite il y a le type de galons qui différencie un agent d’un rayon d’un autre.
Selon Tarek Chabir, chargé de communication, “le taux d’embauche pour les femmes est à 85%, une orientation adoptée par le leader allemand dans la région avec pour premier souci la nature de la câblerie qui nécessite à la fois habileté et finesse que seules les femmes sont capables d’effectuer.”
Côté parité salariale homme/femme dans l’usine, le chargé de communication assure que les salaires sont “identiques” entre genres et qu'”aucune discrimination entre eux, pour une même tâche effectuée, n’est envisageable”.
A cela s’ajoute que l’usine dispose de divers clients et partenaires, dont la société régionale de transport à Béja, à travers l’usage d’une bonne partie du parc national dans le transport quotidien de ses employées.
Une radio et un magazine internes épaulent les activités multidisciplinaires qui seront aussi spécialement orientées vers les femmes, majoritaires au sein de cette entreprise.
Un Kromberg & Schubert Tunisie compétitif doté d’un chiffre d’affaire annuel abordant les 120 Milliards
Comme beaucoup d’entreprises économiques dans le pays au lendemain de la révolution de 2011, ces deux années de turbulences et d’agissements tumultueux ont été aussi violentes pour les employés que pour les cadres qui notamment ont dû subir la violence verbale et physique de certains grévistes indisciplinés travaillant dans le groupe.
Une période qui a impacté l’économie et la marche du développement de la région, déjà fragiles de nature et une situation qui avait à l’époque nécessite l’intervention conjointe de l’UTICA, l’UGTT et le gouvernement tunisien pour préserver cet acquis économique porteur d’emplois.
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Un plan de sauvetage avait alors permis à l’entreprise de se repositionner et d’effectuer un chiffre d’affaires qui avoisine actuellement les 120 millions d’euros par an, selon des données estimatives de Wissem Badri, directeur commercial à Kromberg & Schubert Tunisie.
Ce jeune directeur, ancien cadre à l’usine avait repris ses fonctions après y avoir travaillé entre 2008 et 2010. Aujourd’hui, il gère l’usine d’une mer de fer et dans la transparence totale dans ce poste clé auquel il est directement désigné par la direction mère en Allemagne.
Côté rentabilité, l’usine, qui offre actuellement 4.000 postes pour la Tunisie -dont 200 cadres-, rentabilise l’équivalent de 2,5 millions de dinars de masse salariale injectée mensuellement. Un apport financier et de développement assez remarquable qui a permis de placer le leader Allemand en tête des employeurs dans la région de Béja et de presque tout le nord-ouest, selon Wissem Badri.
Pour l’approvisionnement en matière première en usage dans l’usine, il est à 50% en provenance d’Europe et les 50% autres sont fournis localement.
Fini le fantôme de la perte noire des deux années suivant la révolution, période durant laquelle le groupe a dû encaisser une perte de l’ordre de 20 millions d’euros. Wissem Badri estime que le propriétaire allemand n’avait, à l’époque, “pas d’intérêt à garder une usine dont le coût d’installation n’est pas aussi coûteux; un bâtiment acquis grâce au soutien de l’Etat tunisien, un terrain au dinar symbolique et des machines importées sinon subventionnées…”
Avant de se rattraper, “pour la région comme pour ses habitants, il est question de s’estimer heureux que l’usine n’ait pas fermé ses portes suite à toutes les conditions défavorables qui y régnaient”. Un passage à vide dans l’histoire de l’usine qui avait, par la suite, permis de regagner la confiance de ses clients comme celle des populations locales qui bénéficient d’un taux employabilité assez élevé, dans les rangs des jeunes.
L’usine avait, depuis, repris sa place de concurrent redoutable, faisant ainsi volte-face, en intégrant un nouveau cadre directeur et une équipe à 100% tunisienne -ce qui n’était pas le cas avant, selon le directeur actuel de l’usine.
Services, partenaires stratégiques, employabilité des cadres et un vaste plan de Com
Côté services offerts à des tiers, la relation de l’usine avec les autres multinationales implantées sur le sol tunisien couvre Audi, Volkswagen, BMW et Mercedes pour lesquels elle commercialise une gamme variée de câbles de haute qualité.
S’agissant du recrutement des cadres, le directeur parle d’une usine “complètement autonome” vis-à-vis du siège général, permettant ainsi de conclure des “conventions avec des universités tunisiennes d’ingénierie et de formation de technicien supérieur dont l’UNIT Tunis et l’lSET Béja”…
Au-delà du cadre productif et financier, l’entreprise cherche aussi à se faire une image d’entreprise impliquée dans la vie sociale de son entourage directe, en optant à entreprendre des actions de soutien à des associations sportives, le réaménagement d’une école en mauvais état..
Une convention de partenariat culturel devra bientôt être conclue entre l’usine et la maison de la culture de Béja pour accueillir des manifestations et spectacles à la salle de 600 sièges.
Une action parmi d’autres dans l’agenda assez chargé de l’usine, visant à assurer une plus grande “proximité et répondre aux besoins de ses employés et habitants locaux, sans pour autant que cette aide se transforme en une action à but lucratif”, selon le cadre dirigeant.
Une nouvelle stratégie et un vaste plan de communication a été mise en place, tout en prenant en compte la dimension sociale et la relation de l’usine avec son environnement local et national, animée par une volonté d’inter-échange profitant à toutes et tous.
Une stratégie soucieuse de renforcer chez les agents, ce sentiment d’appartenance à leur lieu de travail qui leur offre les moyens de mener un rythme de vie assez convenable dans une région qui a longtemps été en dehors du circuit de développement national plutôt axée sur la côte et d’autres gouvernorats dont le Sahel et le Grand Tunis.
WMC/TAP