L’exode incontrôlé et infernal des compétences tunisiennes connu depuis 2011 a atteint des chiffres effrayants : plus de 94.000 compétences tunisiennes se sont exilées !
Il s’agit des migrants qui ont des qualifications professionnelles avérées : professeurs d’université, médecins, enseignants, ingénieurs, chercheurs…
Je n’ai pas l’intention d’analyser les raisons de leurs départs, mais je présente les risques encourus et l’impact sur le développement et le devenir de notre pays. Les ressources naturelles, les ressources humaines et les ressources financières sont les principaux piliers pour promouvoir la production; le facteur humain reste de loin l’élément prépondérant et le plus important, car c’est lui qui permet de créer la richesse et soutenir le développement.
La contribution de la Tunisie dans la production mondiale des connaissances en sciences sociales reste timide, ce qui ne signifie nullement pas que les Tunisiens ne produisent pas, mais plutôt que leur production scientifique est validée ailleurs. A cette cadence de déficits, il sera pénible pour la Tunisie de trouver en interne des aboutissements naissants aux défis d’amélioration des conditions de vie qui l’attendent.
En considérant les coûts de formation, nos pertes financières en cadres qui se sont exilés depuis 2011 sont énormes.
L’idée de l’organisation d’un retour au pays natal reste difficile à réaliser à cause de la liberté de la mobilité intensifiée par la globalisation ; par contre, l’idée de fidéliser la congrégation tunisienne reste possible.
La Tunisie devrait améliorer la qualité de formation, particulièrement en entrepreneuriat, afin d’encourager les jeunes tunisiens à ne pas quitter le pays. Il faut aussi créer un socle d’interconnexion propice à la mobilité de la congrégation et aux échanges de savoirs. En effet, la circulation du savoir entre la congrégation exilée et les structures locales n’est qu’allusive. Nos représentations diplomatiques à l’étranger doivent intensifier la diplomatie culturelle et scientifique pour encadrer nos jeunes exilés.
Un nouvel élan est nécessaire afin d’offrir un environnement attractif aussi bien aux Tunisiens désirant revenir qu’aux locaux décidés de rester sur place. Cela implique entre autres des réformes institutionnelles pour inciter l’investissement et l’entrepreneuriat, le partenariat avec le privé, la valorisation du mérite et de la compétence, la stabilité politique et la protection des droits et libertés.
Le gouvernement devrait encourager encore plus les jeunes compétences qui ne recherchent que la reconnaissance et de meilleures conditions de travail.
Souhaitons que notre pays ne rate pas ce tournant historique qui s’esquisse à l’horizon !
Chiheb BEN AHMED