Le forum national sur les grandes réformes n’est pas une alternative au processus de dialogue entre les parties signataires de l’accord de Carthage. C’est ce qu’a indiqué le chef du gouvernement, Youssef Chahed, qui intervenait à l’ouverture de ce forum, mercredi 11 avril, en l’absence de l’UGTT qui avait annoncé son boycott de la manifestation.
Chahed a réaffirmé l’attachement du gouvernement au Document de Carthage, estimant que les réformes sont un choix et une nécessité mais surtout une solution pour rétablir la finance publique.
Le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, a annoncé, dans une déclaration aux médias, mardi 10 courant, que l’UGTT boycotte les travaux de ce forum, car il “perturbe le bon déroulement du Document de Carthage”.
“La Tunisie a besoin aujourd’hui de mettre en œuvre et sans aucune hésitation de grandes réformes”, a insisté le chef du gouvernement, imputant l’augmentation du déficit des caisses sociales et de la masse des salaires ainsi que la hausse du budget des subventions, à l’absence de ces réformes.
Il a évoqué 7 axes de réformes “nécessaires et urgentes”, dont le système fiscal, le système de financement de l’économie, le financement des subventions et de la fonction publique, des entreprises et institutions publiques, les caisses sociales et la modernisation de l’administration.
En ce qui concerne la réforme fiscale, Chahed a estimé que “l’évasion fiscale est la plus dangereuses des corruptions. Elle menace la sécurité du climat des affaires dans le pays et représente un danger pour les budgets et la vie sociale et politique”.
Il a fait remarquer que la justice sociale est une nécessité absolue dans la réforme et que l’absence de la stabilité fiscale a un impact négatif sur le climat de l’investissement.
“La réforme fiscale dans la période à venir sera basée sur deux objectifs : la justice fiscale -garantissant la contribution de toutes les parties aux recettes fiscales d’une manière équitable-, alors que le deuxième objectif est de garantir la stabilité fiscale en vue d’améliorer la visibilité et le climat d’affaires au profit des investisseurs.
A propos de la réforme du système de subventions, Chahed a indiqué que ce système “connaît une grande corruption étant donné qu’il ne profite pas aux bénéficiaires ciblés”, indiquant que le gouvernement n’a pas l’intention de l’annuler mais de le réformer.
D’après Chahed, le budget de subventions a atteint, en 2018, environ 1,570 milliard de dinars contre 321 millions de dinars (MDT) en 2006. 30% des subventions ne bénéficient pas aux familles défavorisées ou de la classe moyenne, a-t-il dit.
A propos des entreprises publiques, le chef du gouvernement a indiqué que le gouvernement “n’a pas l’intention de les céder”. Et de préciser que “toutes les informations relayées sur la cession dans le secteur public sont erronées”. Il a fait remarquer que l’approche du gouvernement est basée sur le diagnostic profond de la situation des entreprises publiques.
“Il y a une différence entre les entreprises publiques opérant dans les secteurs compétitifs et les autres entreprises publiques offrant des services de base au citoyen”, précisera Chahed. Et selon lui, la Poste, les chemins de fer, la santé, l’enseignement, la STEG, la SONEDE et d’autres institutions publiques ne figurent pas parmi les secteurs compétitifs ciblés par la cession.
“Pour certaines entreprises publiques, les financements alloués par l’Etat auraient pu être destinés à la réduction du déficit, à l’appui du budget de développement, à la construction de logements sociaux et à l’impulsion des systèmes de la santé, de l’enseignement, de la formation professionnelle et aux régions intérieures”, a-t-il dit.
“Le programme de réforme des entreprises publiques est basé sur une vision cohérente de restructuration qui garantit les droits des employés et en même temps organise les entreprises afin de développer leur rentabilité financière”.
Par ailleurs, le chef du gouvernement a indiqué que la cession de certaines entreprises dont l’intervention de l’Etat n’est pas justifiée pourrait renforcer la finance publique et contribuer au financement des investissements nationaux, de l’infrastructure ou le développement régional.