Quel partenariat doit proposer la Tunisie à la Chine dans le cadre du projet des nouvelles routes de la soie (BRI)? Quels secteurs doivent être prioritaires dans ce partenariat? Comment devons-nous procéder pour profiter de cette opportunité? Ce sont là, entre autres, les problématiques qui ont été soulevées lors de la table ronde sur le positionnement de la Tunisie organisée à Gammarth, dans le cadre de la conférence “BRI : le retour de la Chine en Méditerranée”.
Salah Hannachi, président de l’Association tunisienne pour le leadership de l’auto-développement (Atlas) et ancien diplomate, a souligné qu’il s’agit là “d’une opportunité majeure pour la Tunisie, notre pays doit bien se positionner dans un cadre régional et interrégional, afin d’en profiter au mieux”.
“Nous devons coordonner avec nos voisins du Maghreb, ou encore avec nos partenaires européens, et présenter à la Chine un projet de coopération couvrant la région maghrébine ou méditerranéenne”, a-t-il noté, soulignant la nécessité de mener une réflexion collective à ce sujet.
Il est impératif que la Tunisie soit perçue “comme un pays de solutions et non pas de ressources naturelles. Nous disposons d’un important savoir-faire, notamment dans le secteur de “la médecine de l’environnement”, qui regroupe les services de transfert de savoir dans les domaines de l’eau, de l’énergie, de l’assainissement, des technologies environnementales… Cet atout revêt un grand intérêt et peut être exportable vers les pays d’Afrique, via un partenariat fructueux avec la Chine ou d’autres pays”, a t-il fait savoir.
Partageant le même point de vue, Noureddine Hajji, directeur général Ernst &Young Tunisie et président de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen, a affirmé que la Tunisie est riche de ses compétences humaines, avec un secteur privé et des jeunes entrepreneurs qui s’investissent à fond dans le secteur des nouvelles technologies et de l’innovation.
Selon Hajji, “la Tunisie aura une grande place dans cet espace qui se dessine, à l’initiative de la Chine, en cette conjoncture cruciale, où se produisent de grandes transformations, notamment digitale et d’économie verte, et une industrie marquée par une forte intégration des nouvelles technologies (Industrie 4.0)”.
Mustapha Kamel Nabli, président du bureau des études économiques sur l’Afrique du Nord, pense que la Chine aura besoin, dans les prochaines décennies, de lancer des projets de partenariat pour la conquête de nouveaux pays, en l’occurrence l’Afrique, et la Tunisie serait sa meilleure alliée. “Notre pays, qui jouit de la proximité de l’Europe, du savoir-faire et d’une expérience réussie dans le domaine de coopération sud-sud, peut se présenter comme une plateforme de services en partenariat avec la Chine”, estime-t-il.
Habib Ben Yahia, ancien ministre des Affaires étrangères et ancien secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe, considère, pour sa part, que “c’est le moment propice pour la Tunisie de réfléchir à son avenir par rapport à ce qui se passe dans le monde et veiller à mieux se positionner et à tirer le meilleur parti des opportunités qui lui seront offertes”.
Il faut de même gagner davantage en expérience dans ce genre de partenariat et veiller à améliorer notre gestion sur les plans économique, politique et social.
Il est à noter que le projet des nouvelles routes de la soie est un projet d’infrastructures pharaoniques évalué à 1.000 milliards de dollars, qui implique près de 65 pays regroupant 4,5 milliards d’habitants (70% de la population mondiale) et représentant environ 55% du PIB mondial et 75% des réserves énergétiques de la planète.
Deux routes principales structurent le projet : une route terrestre reliant la Chine à l’Europe en passant par le Kazakhstan, l’Iran, la Turquie, la Russe…, et une route maritime passant par l’Océan Indien, la mer Rouge, le canal de Suez pour aboutir en Méditerranée.