“Des tendances opposées continuent de caractériser l’économie tunisienne au début de l’année 2018. La croissance économique s’accélère, portée par une bonne saison agricole, une hausse des investissements et une reprise naissante des exportations”, assure le FMI. Mais d’un autre côté, les risques concernant la stabilité macroéconomique se sont accrus : l’inflation a rapidement, augmenté à 7,6% en mars, les réserves internationales restent inférieures à 90 jours de couverture des importations et la dette publique et extérieure a atteint, respectivement, 71% et 80% du PIB”, s’inquiète-t-il.
Tel est le constat fait par une équipe du Fonds monétaire international (FMI), dirigée par Bjoern Rother, qui était en Tunisie du 4 au 11 avril 2018 pour discuter des récents développements économiques dans le pays et des plans d’action des autorités dans le cadre du programme de réformes économiques de la Tunisie soutenu par le Mécanisme élargi de crédit (MEDC).
“Il est nécessaire d’augmenter les prix domestiques de l’énergie”
Le FMI précise, dans un communiqué publié vendredi 13 avril, qu'”il est essentiel de s’attaquer aux déséquilibres économiques pour pérenniser la reprise et jeter les bases d’une croissance économique juste et équitable à l’avenir. Contenir la dette aujourd’hui aidera à prévenir l’augmentation des impôts demain.
Pour faire baisser le déficit budgétaire conformément à l’objectif de la loi de finances 2018, il est nécessaire de réduire les subventions énergétiques, injustes, en augmentant les prix domestiques de l’énergie afin de suivre l’évolution des prix internationaux du pétrole.
La masse salariale du secteur public est très élevée et toute augmentation supplémentaire des salaires serait très difficile à maintenir, à moins que la croissance ne reprenne à la hausse.
De même, le relèvement de l’âge de la retraite et des réformes paramétriques supplémentaires sont essentiels pour contenir les déficits du système de sécurité sociale”.
Ancrage des anticipations d’inflation par des augmentations supplémentaires du taux directeur
L’équipe du FMI est également d’accord avec la Banque centrale de Tunisie sur “le fait que l’ancrage des anticipations d’inflation par des augmentations supplémentaires du taux directeur sera crucial, si l’inflation ne baisse pas rapidement.
Réduire l’inflation protégera les couches vulnérables, maintiendra le pouvoir d’achat de la population tunisienne et stabilisera les perspectives macroéconomiques”.
La surévaluation du dinar peut être corrigé sans ajustement abrupt
“Concernant la situation extérieure de la Tunisie, un taux de change plus flexible aidera à reconstituer les réserves internationales et de continuer à encourager les exportations. Ce qui reste de la surévaluation du dinar peut être corrigé sans ajustement abrupt”.
“Les discussions sur les priorités à court terme de réforme économique dans le cadre du MEDC se poursuivront à Washington au cours des réunions de printemps (du 20 au 22 avril)”.
L’équipe du FMI a rencontré le président du gouvernement, Youssef Chahed, les ministres des Finances (Ridha Chalghoum), de l’Investissement (Zied Ladhari), des Grandes Réformes (Taoufik Rajhi), et le gouverneur de la Banque centrale, Marouane El Abassi.
Elle s’est également entretenue avec des représentants de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) et de la société civile.