La politique de l’immigration sélective pensée et réfléchie sous l’Administration Sarkozy commence à léser sérieusement la Tunisie de ses compétences. Fait illustré en premier dans le domaine de la santé.

Depuis la révolution de 2011 à ce jour, la Tunisie a vu partir à l’étranger plus de 40% de ses praticiens inscrits au Conseil de l’Ordre des médecins du pays.

Une véritable hémorragie qui ruine le système de santé tunisien. Il s’agit d’un véritable hold-up des pays riches sur un patrimoine humain qualifié qui a coûté à la Tunisie des années de formation à des coûts financiers exorbitants pour enfin se retrouver gratuitement et immédiatement au service d’autres nations.

C’est un scandale dans le sens où le phénomène est d’une très grande ampleur. Nous ne sommes pas face à quelques départs individuels qui feraient partie de la normalité et de la vie privée de chacun. Il s’agit d’un fait macroéconomique eu égard à l’ampleur et à la gravité du phénomène.

Le silence des bénéficiaires ayant octroyé avec une grande facilité, dans un temps record, les titres de séjour et les autorisations d’immigration à ces compétences n’est pas anodin et sans arrière-pensées. Il s’agit d’un acte prémédité, encouragé et programmé dans le cadre de cette fameuse “immigration choisie” qui n’est autre qu’une mainmise sournoise et malhonnête sur les richesses des pays pauvres, provoquant l’enlisement de ces populations dans davantage de précarité leur barrant ainsi tout espoir d’accéder au cercle restreint des pays développés.

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Compte tenu de son ampleur, l’opération a l’air de n’avoir rien de spontané. Des intermédiaires contactent tous azimuts ces compétences leur promettant monts et merveilles avec des procédures courtes et simplifiées d’octroi de titres de séjour, voire de nationalités pour ceux qui le souhaiteraient.

Des conventions d’Etats auraient dû être signées d’une manière digne et responsable pour réguler ces départs et les soumettre à des conditions acceptables. Il ne faut pas oublier qu’en dehors de l’apport direct de ces médecins dans leurs spécialités au bien-être des Tunisiens via le système local de santé, chacun d’entre eux emploie directement ou indirectement dans son pays 3 ou 4 personnes sans qualifications qui se retrouvent de fait au chômage après leurs départs.

Des conventions équitables entre pays auraient dû prévoir des quotas pour l’immigration, précisant un ratio annuel à respecter entre personnes qualifiées et personnes non qualifiées en provenance d’un même pays.

Encore une fois, on profite du malheur des autres, à savoir l’affaiblissement de l’administration et du pouvoir en Tunisie après la révolution, pour la spolier davantage en jouant hypocritement aux innocents.

Bien évidemment, il n’y a aucun espoir de voir ces nouveaux migrants effectuer quelconques transferts financiers vers leur pays d’origine car ils auront pour priorité majeure le financement de leur installation dans le pays d’accueil et certainement le financement de l’acquisition d’un bien immobilier !

Sur ce dossier et sans réserve, j’attribue un FLOP aux pays bénéficiaires qui volent intentionnellement les richesses du Sud en facilitant la fuite des compétences et des cerveaux sans que cela ne se limite aux médecins; un FLOP aux médecins tunisiens qui, moyennant finances, fuient en masse leur pays sans se soucier de l’effondrement du système national de santé avec des répercussions inhumaines sur la santé des Tunisiens; et le dernier FLOP aux gouvernants tunisiens qui continuent à mener le pays au fin fond de l’enfer tout en continuant leurs inadmissibles mascarades autour de faux problèmes fabriqués de toutes pièces.

Ceci est mon coup de gueule, devant une indifférence générale, face à des faits que j’estime graves et intolérables car totalement scandaleux et auxquels il faut réagir sans délais pour stopper cette honteuse et inacceptable hémorragie.

La pire des misères c’est d’assister impuissant à la disparition du sens des valeurs sans lequel l’humain ne serait qu’un animal primitif et égoïste. On est loin de l’époque où nos parents sacrifiaient tout, jusqu’à leurs vies, pour bâtir la Nation tunisienne.

Nous récoltons les fruits d’une éducation défaillante de toutes ces dernières décennies et les retombées des actions d’un pouvoir qui avec ses abus, sa vision courte et superficielle a ôté à beaucoup de citoyens tout sens de la patrie, de l’honneur et du don de soi.

Pour Sarkozy, les pays du Sud n’ont que faire de leurs cerveaux qui devraient profiter à d’autres. Il en a ainsi été de sa politique à choisir “ses” immigrés privilégiant les travailleurs qualifiés et ceux susceptibles d’être les plus utiles à son pays, ce qui est une véritable catastrophe pour certains pays du sud multipliant davantage leurs problèmes et leurs souffrances.

Hakim Tounsi