La Tunisie organise, les 24 et 25 courant, son forum économique entièrement dédié à l’Afrique, notamment subsaharienne. Incontestablement, l’initiative est bonne, et les objectifs louables.
Cependant, nous nous interrogeons sur la manière, les juristes diront sur la forme. En effet, au cours d’une conférence de presse organisée lundi 23 avril –c’est-à-dire la veille de la tenue de la rencontre-, le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, Hichem Ben Ahmed, et Radhi Meddeb (le commissaire dudit forum) ont invité les journalistes tunisiens pour en parle.
En guise d’introduction, M. Ben Ahmed dira que la coopération entre la Tunisie et les pays africains s’inscrit dans une approche gagnant-gagnant à travers le développement des échanges entre eux. Dans cette optique, le rôle de l’Etat dans la mise en place des législations appropriées pour faciliter la tâche d’intégration au secteur privé est primordial.
Côté chiffre, on nous expliqué que 38 Etats africains seront représentés, 140 personnalités africaines de haut niveau relevant des secteurs public et privé, dont des ministres, conseillers spéciaux auprès de chefs d’Etat et des dirigeants d’institutions financières (BADEA, la BAD, l’ITFC la BEI, l’AFD….), y sont attendus, et pas moins de 800 personnes prendront part à ce forum.
Toujours dans le volet de participants, le secrétaire d’Etat a indiqué CEVITAL et CONDOR (deux grands groupes algériens seront représentés, l’un opérant dans l’industrie agroalimentaire, l’autre dans le domaine de l’électroménagers et de l’électronique). Côté tunisien, on parle de SOROUBAT (bâtiment) et Comete Engineering.
Ensuite, il est prévu au programme aussi des rencontres B to B que des ateliers sectoriels sur plusieurs thématiques, à savoir
- Construire en Afrique : un marché en expansion,
- Les Technologies de l’information et de la communication pour un développement durable en Afrique,
- La santé : vers de nouveaux modèles,
- L’enseignement universitaire et l’employabilité,
- L’Agrobusiness.
Premier objectif, selon le commissaire général du forum, Radhi Meddeb : “cette rencontre Afrique-Afrique vise à renforcer les fondements du partenariat tuniso-africain, de créer des richesses ensemble ainsi que des opportunités d’emploi et d’investissement”.
Il estime que, à travers ce forum, la Tunisie va récupérer sa place sur le marché africain, dont les perspectives sont prometteuses, malgré les difficultés d’accès à ce marché.
Radhi Meddeb déplore aussi le fait que, «bien que nous Tunisiens soyons Africains, Maghrébins et Méditerranéens, nous n’avons pas contribué suffisamment à la construction des ensembles régionaux africains, dont le Marché commun pour l’Afrique orientale et australe (COMESA) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui sont générateurs de croissance en Afrique”.
Et M. Meddeb de faire part du second objectif du forum : annoncer que la Tunisie intègre la COMESA et elle est en discussion avec la CEDEAO et qu’elle a récemment signé à Kigali (Rwanda) l’accorde de création de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC).
Troisième objectif : montrer aux opérateurs tunisiens que l’Afrique n’est ni difficile ni lointaine, et que les gisements de croissance dans ce continent sont énormes. «Aujourd’hui, nous ramenons aux Tunisiens l’Afrique en Tunisie, tout en souhaitant que cela leur donne l’envie d’aller vers l’Afrique au départ de la Tunisie et de ne pas aller uniquement pour exporter mais pour créer aussi des relations solidaires et durables», précisera le commissaire du Forum.
Et cinquième objectif : le forum constituera une occasion pour renforcer le partenariat entre le public et le privé, examiner les problèmes dont fait face le privé, et ce in fine d’identifier, ultérieurement, les solutions adéquates.
Alors comme nous l’avons souligné à l’entame de ce papier, le compte n’y est pas du côté secteur privé tunisien, surtout que tous les efforts du gouvernement c’est pour aider nos entreprises à mieux saisir les grandes potentialités de développement et de croissance qui existent aujourd’hui en Afrique subsaharienne. On aurait donc aimé voir cette rencontre soutenue par les privés tunisiens, individuellement ou collectivement (UTICA, par exemple).
A souligner au passage qu’on a posé la question à M. Ben Ahmed qui nous a répondu qu’ils seront présents là demain.
En outre, nous estimons également qu’il serait utile pour le gouvernement d’inviter des leaders “africains“, autrement les journalistes quand on organise ce genre d’événement. Car, qu’on le veuille ou pas, ce sont eux qui parlent –en bien ou en mal- d’un pays.
Espérons que ce sera fait prochainement.
Tallel BAHOURY