Oussama Zouabi vient de remporter le “Prix Moncef Guenn des Sciences économiques”, pour sa thèse de doctorat sur “l’impact du changement climatique sur la production agricole et la croissance économique : Cas de la Tunisie”.
Il s’agit de la première édition du prix Moncef Guen, doyen des économistes tunisiens décédé en 2014 à Washington et qui fût l’un des premiers tunisiens à obtenir un doctorat en économie en 1961.
Diplômé de la Faculté des Sciences Economique et de Gestion de Tunis, Oussama Zouabi a soutenu sa thèse, le 9 octobre 2015 à Toulon et s’est inscrit au nouveau régime Licence-Master-Doctorat (LMD), en Tunisie.
“Nous étions 9 doctorants tunisiens en lice pour ce prix et étions évalués par un jury de 5 membres à la Faculté des sciences économiques et de gestion de Tunis. Ma thèse a eu la mention “très honorable avec félicitations du jury” et a été choisie comme étant la meilleure”, a-t-il déclaré à l’agence TAP.
Dans son travail de recherche, Oussama a procédé à l’analyse de l’effet direct et indirect du changement climatique sur la production agricole et la croissance économique. Il a analysé l’effet des changements climatiques sur trois secteurs stratégiques dans les 24 gouvernorats de la Tunisie: la céréaliculture, l’oléiculture et l’agrumiculture.
“J’ai travaillé en plus sur tous les agrégats économiques par exemple, sur l’impact de la baisse des températures sur l’économie, via le secteur agricole. Comment une baisse des précipitations influe sur la culture des céréales et celle-ci se répercute sur le chômage, l’inflation et la macroéconomie”, a développé le jeune docteur.
“Le changement climatique a été considéré pendant une longue période comme un sujet tabou ou encore un phénomène ne relevant pas du champ de l’analyse économique. En Tunisie, le secteur agricole occupe une position économique et sociale importante dans l’économie, tant au niveau de la population qu’il emploie, qu’au niveau de la part de sa valeur ajoutée, dans le PIB. Malgré cela, le secteur agricole reste particulièrement sensible aux aléas climatiques régionaux”, a souligné Zouabi.
Aujourd’hui, il enseigne à l’Institut Supérieur d’administration des Entreprises de Gafsa et travaille comme chercheur associé au Laboratoire d’Economie Appliquée au Développement, à l’Université de Toulon. Il regrette le peu d’importance accordé par les départements de l’Etat aux travaux de recherche en milieu universitaire, affirmant que ses travaux intéressent des institutions étrangères, plus que celles tunisiennes.
A son avis, le secteur agricole est encore, marginalisé. “Le ministère de l’Agriculture tunisien doit prendre des mesures visant à rationaliser l’utilisation de l’eau dans les gouvernorats les plus touchés par le phénomène du changement climatique. En outre, le recours aux techniques modernes du dessalement de l’eau peut contribuer à l’augmentation de la production agricole notamment l’agriculture irriguée”.
Il conclut en disant que l’intervention des autorités doit se matérialiser par l’offre des matériels d’irrigation nécessaires de l’Etat aux agriculteurs, avec une bonne formation pour mieux utiliser les nouvelles machines et par conséquent augmenter la production agricole. Ces mesures doivent cibler le comblement du déficit résultant de l’effet négatif du changement climatique à court et à moyen termes sur la production agricole dans les gouvernorats les plus touchés par ce phénomène.
En conséquence, elles devront être fondées sur des études préalables en collaboration avec tous les acteurs intervenant dans les domaines économique et environnemental, afin d’être pérennes”.