Le président du Conseil des analyses économiques, Afif Chelbi, a indiqué que la stratégie économique du gouvernement tunisien porte sur le doublement des exportations tunisiennes vers l’Union européenne -son principal partenaire commercial et économique-, de manière à les porter de 9 milliards d’euros actuellement à 16 milliards d’euros en 2025.
Lors d’un débat sur “le développement économique : ambitions et défis”, tenu jeudi 3 mai dans le cadre de la 39ème assemblée générale de la Chambre tuniso-allemande de l’industrie et du commerce “AHK”, il a précisé que l’Europe restera pour 20 ou 30 ans encore le premier marché pour la Tunisie, notamment pour les secteurs mécanique et électrique.
Les interventions de l’Allemagne en Tunisie s’orientent de plus en plus vers le secteur privé. C’est dans le privé qu’il y a de la création d’emplois. Andreas Reinicke
“Quant au marché de l’Afrique subsaharienne, la stratégie du gouvernement prévoit le triplement des exportations vers ce marché, qui offre des débouchés importants pour l’ingénierie, les matériaux de construction, mais dont l’importance n’égalera jamais celle de l’Union Européenne”, a-t-il indiqué.
Afin d’atteindre ces objectifs, le Conseil préconise un rétablissement de l’autorité de l’Etat et du respect de la loi, particulièrement au niveau de la chaîne logistique et la garantie d’une stabilité fiscale et d’une stabilité du taux de change sur les 3 prochaines années, a expliqué Afif Chelbi.
Sur l’Afrique, l’objectif est de tripler nos exportations de 230 millions d’euros actuellement à 700 millions d’euros. Afif chelbi
Il propose également la conclusion de pactes entre les pouvoirs publics et les professions dans certains secteurs telles que l’industrie pharmaceutique, les TIC, pour atteindre des objectifs clairs en matière de qualité et d’exportation.
Les entreprises ont besoin d’avoir une visibilité fiscale sur au moins 3 ans, et une meilleure défense du cours du dinar- Afif Chelbi
Pour l’ancien ministre de l’Industrie, l’Accord de libre-échange conclu en 1995 avec l’UE a été une réussite totale, citant les chiffres d’Eurostat (organisme européen chargé de l’information statistique) selon lesquels les exportations tunisiennes vers l’Europe sont passées à 9 milliards d’euros contre 2 milliards d’euros auparavant.
A travers l’ALECA, la Tunisie, qui n’est qu’à une heure de vol de l’Europe, aspire à un statut semblable à celui de la Norvège, à condition d’avoir une libération progressive et différenciée selon les secteurs, a-t-il dit. “Si on est dans l’ALECA, on est dans l’Union européenne”, estime Afif Chelbi.
Afif Chelbi propose la mise en place de pactes de compétitivité entre l’Etat et les entreprises
De son côté, l’ambassadeur d’Allemagne à Tunis, Andreas Reinicke, a indiqué que le gouvernement allemand a beaucoup de confiance en l’avenir de la Tunisie en raison du potentiel de la Tunisie notamment dans le domaine des ressources humaines.
Il a souligné le regain d’intérêt de l’Allemagne pour la Tunisie après 2011, affirmant que la valeur des projets financés par la banque allemande KFW atteint actuellement 1,5 milliard d’euros et concernent notamment les secteurs du transport (projet RER) et l’assainissement.
On ne le dit pas assez, le Port de Radès est l’obstacle majeure au développement des exportations. Le Port de Radès c’est la porte de sortie de 80% des exportations tunisiennes – Hichem Elloumi (UTICA)
En ce qui concerne l’Accord de libre-échange complet et approfondi entre la Tunisie et l’Union européenne (ALECA), le diplomate allemand s’est félicité de la tenue d’un débat public sur cette question estimant que l’avenir de la Tunisie se trouve dans le haut de gamme où une fois ces produits sont compétitifs sur le marché européen, ils le seront sur d’autres marchés.
Aucune entreprise Allemande n’a quitté la Tunisie depuis 2011 – Ibrahim Debbache
“Il est également important pour un pays comme la Tunisie d’avoir un partenaire fort lors des négociations internationales”, a-t-il dit, estimant que ceci étant, le pays doit définir ses intérêts d’une manière très réfléchi et avoir des requêtes précises (des différentes parties) par rapport à différents points dans les négociations.