Aujourd’hui présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, ancienne secrétaire générale adjointe chargée de la Femme au RCD (parti dissous le 2 mars 2011), vient de remporter les élections municipales dans le gouvernorat de Siliana.
Abir Moussi revient de loin ! Elle avait, le jour du procès pour la dissolution du RCD qu’elle défendait, échappé de près au lynchage par ses pairs (la honte) ! Des agissements qui avaient suscité l’indignation et le rejet de nombre de Tunisiens choqués par autant de violence. Parmi les lyncheurs (ses) il y en avait dont les noms étaient inscrits dans une liste au Palais de Carthage comme étant les alliés de l’ancien régime !
Nous pouvons aimer ou détester l’idéologie rcdiste, reprocher aux dirigeants du parti d’avoir été complices ou laxistes face à la déchéance morale de la Tunisie et à la mainmise d’une famille de mafieux en cols blancs ou des bandits des grands chemins sur ses principaux rouages économiques, mais l’on ne peut qu’être admiratif face à la ténacité, à la constance et à la persévérance d’Abir Moussi qui s’est dévouée à la cause destourienne, n’a jamais lâché et n’a jamais trahi.
Entretien :
WMC : Le RCD, qui était auparavant le PSD, a été dévoyé sous l’ère Ben Ali, il a perdu de ses valeurs et de sa consistance et pourtant vous le défendez toujours autant. Pourquoi ?
Abir Moussi : J’ai grandi dans l’idée que le RCD se situe dans la continuité du parti destourien initial. Je suis issue d’une famille destourienne, mon père était officier de police, il ne devait pas avoir de couleur politique, il avait été un scout ; mon grand-père était un membre adhérent au PSD. Dans notre milieu familial, nous avons été imprégnés très jeunes de l’amour de l’étendard national, du président Bourguiba et des insignes de la République.
Dans nos esprits, le PSD est le libérateur de la Tunisie de l’occupation française et l’édificateur de l’Etat et de la Tunisie moderne. Nous y croyons très fort.
Dans nos esprits, le PSD est le libérateur de la Tunisie de l’occupation française et l’édificateur de l’Etat et de la Tunisie moderne. Nous y croyons très fort.
Depuis mon très jeune âge, je me suis projetée dans ce parti. Je ne savais pas qu’il allait y avoir un nouveau président en 1987 et un nouveau parti. Je suis née en 1975 et, depuis que j’ai atteint l’âge adulte et rejoint les rangs du RCD, j’ai estimé que si changement il devait y avoir, il fallait y procéder de l’intérieur du parti et non en l’attaquant de l’extérieur et il nous arrivait souvent d’avoir des discussions houleuses au sein du RCD.
…pour ce qui est de Sakhr Matri, nous n’avions aucun lien avec lui.
Vous parlez des déficiences du RCD ? Oui, il y en avait, mais elles ne portaient pas atteinte à nos concitoyens. Nous pouvions agir de l’intérieur. Vous savez, on peut être intègre et honnête intellectuellement tout en étant Rcdiste.
Quant à la famille régnante de l’époque, elle n’avait aucune influence sur le parti, du moins c’est ce que je sais moi-même. Et pour ce qui est de Sakhr Matri, nous n’avions aucun lien avec lui.
Pavé : Lorsqu’on est engagé dans une cause noble, nous devons oser les réformes aussi importantes soient-elles en œuvrant à métamorphoser les choses au cœur même de la machine
Lorsqu’on est engagé dans une cause noble, nous devons oser les réformes aussi importantes soient-elles en œuvrant à métamorphoser les choses au cœur même de la machine. Ce qui m’amène à parler de l’acte de dissolution du RCD. Quelle naïveté que de penser que c’était un acte révolutionnaire parce que ce parti était le symbole de l’oppression ! On voulait dissoudre le parti parce qu’on voulait gommer notre histoire.
Dans le préambule du statut du parti, il est écrit : «Après avoir mené la guerre de libération de l’occupant et conduit le processus d’édification de l’Etat national, il continue à … » et ainsi de suite.
Dissoudre le RCD alors qu’on aurait pu procéder à une opération d’évaluation de son histoire et le juger pour les actes condamnables qu’il a pu commettre est une tentative désespérée d’effacer une partie de l’histoire de notre pays.
Rappelez-vous, on a même voulu nous mettre sur le dos la mort de 300 de nos compatriotes. Le but était donc de l’attaquer en tant que symbole du mouvement de libération nationale et de charger le président Bourguiba en tant que leader historique de la Tunisie. C’est cela l’objectif et nous n’avons pas besoin d’être super-intelligents pour le deviner.
L’institution sécuritaire a subi ensuite la même liquidation de ses meilleures compétences et le chamboulement de sa machine
L’institution sécuritaire a subi ensuite la même liquidation de ses meilleures compétences et le chamboulement de sa machine. On savait pertinemment que le RCD couvrait tout le territoire national et que ses adhérents sis sur les frontières faisaient office de gardiens de nos zones frontalières et recueillaient des renseignements servant à protéger notre patrie.
Conclusion : on voulait liquider et le parti et l’institution sécuritaire. Et lorsqu’on est démocrates ou on veut l’être, lorsqu’on est des vainqueurs, on ne commet pas pareils actes. Après la chute du mur de Berlin, on n’a pas dissous les partis communistes en Russie ou dans les pays qui faisaient partie de l’ancienne Union soviétique. Démocratie, dites-vous ?
Comment êtes-vous arrivée à résister à autant de pressions, d’attaques et d’acharnement de toutes parts y compris de votre camp ?
C’est par la foi. Je crois en mon pays, je crois en nous destouriens. Je ne pouvais et je ne pourrais accepter que l’on jette à la poubelle plus de 50 ans de notre histoire. Regardez autour de vous, dans chaque famille tunisienne il y a eu un militant, un «fellag» ou un martyr tombé dans la lutte contre l’occupant français. Toutes ces familles ont vécu la construction de l’Etat moderne par Bourguiba ; elles ont été les témoins de la lutte contre la pauvreté, les maladies et l’analphabétisme. Et vous voulez que moi j’accepte que tout cela soit effacé, c’est un crime que d’assister sans réagir à la disparition de la force politique la plus ancienne de notre pays sans rien tenter pour la sauver.
Aujourd’hui, certains homme politiques surfent sur la vague Bourguiba alors qu’ils affichaient clairement leur hostilité envers lui, et ceux qui ne reconnaissent pas l’histoire de la Tunisie sont devenus des leaders parce qu’ils se sont acharnés sur lui.
A la fête de l’Evacuation, on invite ceux qui ne l’aiment pas et on nous ignore nous, héritiers de longues lignées de destouriens. Par opportunisme, ils choisissent les morceaux de l’histoire du pays qui servent leurs intérêts politiciens.
Ils veulent transformer le premier président de notre pays en un criminel, alors qu’ils n’ont rien fait pour aussi bien libérer le pays de la colonisation, que son édification ou son développement
L’Instance Vérité et Dignité veut massacrer le mouvement de libération nationale, et en premier le bâtisseur de la Tunisie moderne : Bourguiba. Ils veulent déformer notre histoire et donner de nouvelles versions de la bataille de l’Evacuation ainsi que des documents officiels attestant l’indépendance nationale.
Ils veulent transformer le premier président de notre pays en un criminel, alors qu’ils n’ont rien fait pour aussi bien libérer le pays de la colonisation, que son édification ou son développement, ils n’ont même pas fait autant d’années de prison que Bourguiba, ni autant de militantisme ou de terrain.
Les nouveaux parvenus au pouvoir se prennent pour les sauveteurs du pays, ceux qui vont offrir du travail à tous les chômeurs et résoudre tous les problèmes du peuple. Tout cela pour mettre le pays à leurs bottes, l’infiltrer totalement, et lorsqu’ils atteindront leurs objectifs, vous pourrez les voir appliquer à la lettre leur projet rétrograde et obscurantiste.
Vous êtes un parti présent sur la scène politique, et pourtant, nous voyons fréquemment des représentants de petits partis tel Ettahrir dans les médias et pas vous. Vous n’êtes pas non plus invités dans les manifestations officielles. Seriez-vous les parias du système?
C’est parce que notre parti nage à contrecourant. Tout le monde pariait sur la disparition de tout ce qui a trait au parti destourien. Tous les rcdistes qui ont fondé de nouveaux partis ou encore ceux qui se sont trouvés seuls sont devenus un terrain de chasse pour tous les opportunistes politiques. On les prend un à un pour servir les causes de nouveaux partis.
Parmi les nouveaux venus sur la scène politique nationale, ceux qui résidaient ailleurs, qui n’ont pas vécu en Tunisie, maîtrisent mal le terrain, n’arrivent plus à saisir les subtilités de la société tunisienne et n’ont aucune assise populaire. Ils utilisent les anciens rcdistes ou destouriens parce que ces derniers sont bien rôdés au jeu politique et ont une connaissance profonde de nos compatriotes et de leurs attentes.
Il n’est plus question de laisser les nôtres alimenter des partis qui n’ont aucune affinité avec notre héritage historique aussi bien dans ses points lumineux, ses réalisations que ses méprises, ses défaillances et ses défauts.
Le Parti destourien libre a été fondé pour rassembler cette «diaspora» destourienne dispersée partout. Les élections de 2014 ont été gérées et dirigées par l’ancienne machine, il n’est plus question de laisser les nôtres alimenter des partis qui n’ont aucune affinité avec notre héritage historique aussi bien dans ses points lumineux, ses réalisations que ses méprises, ses défaillances et ses défauts.
Lorsqu’on a demandé à la porte-parole du président de la République pourquoi je n’étais pas invitée à la fête de la Femme à la présidence alors que je suis la seule présidente d’un parti, elle a répondu : «Il y a d’autres factions des destouriens qui sont représentées». Elle a aussi argué que nous n’avions aucun député, oubliant que d’autres partis ne sont pas présents à l’ARP mais le sont systématiquement dans les manifestations officielles.
Et pourtant, nous sommes les seuls à célébrer les événements nationaux en leur donnant l’importance qu’ils méritent. Nous avons fêté la République au Palais des Congrès et c’était impressionnant malgré l’hostilité des médias à notre image qui ne couvraient pas nos activités et qui commencent à peine à nous donner un peu de visibilité et à nous inviter.
Pourtant, nous sommes bien des Tunisiens qui s’acquittent de leurs taxes et qui ont le droit d’être aussi présents, du moins à la télévision nationale, que les autres partis et acteurs politiques du pays.
Et est-ce qu’on vient vers vous ? Ces destouriens que vous appelez à vous rejoindre répondent-ils à l’appel ?
Eh comment ! Malgré nos moyens très limités, nous gagnons chaque jour du terrain, les anciens du parti reviennent. Et lorsque je parle des anciens, je spécifie que ce sont les plus honnêtes et les plus engagés qui rentrent au bercail, les opportunistes, ceux qui ont trahi et qui se sont vendus à bas prix dans le souk politicien post-14 janvier, nous n’en avons pas besoin.
Ne pensez-vous pas que Béji Caïd Essebsi est l’héritier légitime de la voie bourguibienne ?
Bien sûr que non ! Bourguiba ne se serait jamais allié aux islamistes dont le background n’a rien à voir avec la modernité, les principes républicains et les acquis progressistes de notre pays, ceux qui veulent que la Tunisie soit ramenée 14 siècles en arrière.
Bourguiba ne se serait jamais allié aux islamistes dont le background n’a rien à voir avec la modernité, ceux qui veulent que la Tunisie soit ramenée 14 siècles en arrière.
Notre vision est claire, nous refusons net d’accepter ce grand mensonge appelé “printemps arabe“. On nous accuse de vouloir jouer cavalier seul, ce n’est pas vrai ! Mais nous ne tolérerons jamais des alliances avec des partis qui visent le pouvoir pour le pouvoir sans vision, sans solutions et qui ne donnent aucun espoir à notre jeunesse et aucun avenir à notre pays.
Il est indispensable de changer tout le système, car le mal est dans le système, notamment dans le régime politique…
Toutes les crises que nous vivons aujourd’hui, qu’il s’agisse de crise politique ou socioéconomique, sont les résultantes des mauvais choix de 2011 ! Nous ne les résoudrons pas en promulguant une loi des Finances hors du commun mais en changeant tout le système, le mal est dans le système et en tête le régime politique et il faut le changer. Des compétences au sein de l’Administration tunisienne, il y en a ! Mais que pourront-elles faire, paralysées comme elles par un système politique bâtard ?
Sur la scène politique nationale aujourd’hui, nombreux sont les pions qui servent les agendas d’autres pays. Des puissances étrangères les ont placés là où ils sont aujourd’hui pour les utiliser au mieux de leurs intérêts. Notre économie est hypothéquée et c’est gravissime. Pour soumettre la Tunisie, il fallait qu’elle subisse la logique de la nourriture en échange de la dignité et de l’indépendance de la décision politique.
Chawki Tabib détient des milliers de dossiers sur la corruption mais il est ligoté et ne peut pas agir comme il le veut
Et même la bataille contre la corruption n’est pas aussi efficiente que tout le monde le pense. Voyez ce qui se passe au sein de l’INLUCC : Chawki Tabib détient des milliers de dossiers sur la corruption mais il est ligoté et ne peut pas agir comme il le veut. En ce qui nous concerne, nous avons soumis au président de la République tout un dossier sur le financement des partis mais il n’a pas bougé le petit doigt. Pourquoi voudriez-vous qu’il perde son allié stratégique et ses voix au sein de l’ARP. La Tunisie est aujourd’hui l’otage de cette alliance et de ce faux consensus.
Pourquoi voudriez-vous qu’il perde son allié stratégique et ses voix au sein de l’ARP. La Tunisie est aujourd’hui l’otage de cette alliance et de ce faux consensus.
Pensez-vous que la souveraineté de la Tunisie est menacée ?
Vous en doutez, vous ? Lorsqu’au lendemain des élections de 2014 et précisément le 30 octobre, un communiqué est publié où il est question d’une rencontre entre Rached Ghannouchi et l’Emir du Qatar qui a tourné autour de préoccupations nationales, vous trouvez que notre souveraineté n’est pas atteinte ? Pourquoi pensez-vous que le parti Ennahdha rejette toute tentative de rétablir les relations diplomatiques avec la Syrie au plus haut niveau ? C’est parce qu’ils craignent le témoignage de Walid Al Mouallim, le ministre syrien des Affaires étrangères, qui avait déclaré sur la chaîne nationale syrienne qu’il avait rencontré Rached Ghannouchi à la porte de l’Emir du Qatar qui lui a déclaré : «Il était là pour avoir des sous». Nous appelons la justice tunisienne à réactiver les accords permettant aux autorités judiciaires d’entendre les témoignages de personnalités syriennes ou autres à propos des financements occultes de certains partis politiques. Il y a des chaînes arabes qui ont diffusé des émissions d’investigation à ce propos et que nous avons regardées.
Une enquête a aussi été réalisée par les journalistes français Christian Chesnot et Georges Malbrunot qui révèlent comment le Qatar a tenté d’acheter un veto russe à l’ONU et de noyauter l’UNESCO, la Ligue arabe, et comment il est passé de la diplomatie du carnet de chèques à l’armement des terroristes libyens et syriens. Et bien sûr, je ne peux pas ne pas citer “Qatar Al Khairia“ qui a «conquis» la Tunisie en 2012 en annonçant de grands projets à propos de puits artésiens et des autoroutes ainsi que des logements sociaux.
De quel droit une fondation étrangère finance des infrastructures dans notre pays, et qui le lui a demandé ?
Je suis curieuse de savoir ce qu’il en a été de ces projets et s’ils ont été réellement réalisés. Cette Fondation avait signé à l’ère de la Troïka des accords avec les ministères de la Santé, de l’Education nationale et de l’Agriculture. De quel droit une fondation étrangère finance des infrastructures dans notre pays, et qui le lui a demandé ?
Justement comment évaluez-vous l’ère de la Troïka ?
Nous en avons vu des vertes et des pas mûres tout au long de ces années ! Nous avons vécu les réseaux d’acheminement des jeunes tunisiens vers des pays en guerre, nous avons souffert des attentats terroristes et de tout ce qui est à l’origine de la crise que nous vivons aujourd’hui. Les affaires des anciens du régime sont devenus des motifs de chantage pour soumettre des compétences ou les utiliser, et feu Lazhar Bouiouni en a souffert et en est peut-être mort.
Les dossiers de ces hauts responsables qui servaient l’Etat tunisiens étaient charriés du tribunal de première instance à la Cour de cassation en passant par la Cour d’appel, pour ensuite atterrir à l’IVD et finir par une demande exprimée par Rafik Abdessalem et Raouf Khammassi pour une réconciliation entre les destouriens et les islamistes en échange du blanchiment du passé et d’une autocritique.
Vous ne pensez pas qu’il est important que les destouriens procèdent à une évaluation de leur parcours politique, une remise en question de leurs pratiques et une autocritique ?
Je n’ai rien contre à condition que tout cela soit rendu public ! J’ai appelé à un débat public avec Rached Ghannouchi en prenant pour témoin le peuple tunisien pour que tout soit clair et que chaque partie exprime clairement ses positions, on m’a opposé un refus net ! Nous sommes prêts à rendre des comptes publiquement et si nos actes sont condamnables, nous sommes aussi prêts à être jugés et même à faire de la prison, mais nous n’accepterons ni chantages ni humiliations. Notre leitmotiv est «Appliquez la loi et libérez les otages».
Comment expliquez-vous le fait que le RCD se soit effondré tel un château de cartes en 2011 ?
Rien de plus naturel ! Il est évident que dans tout parti, il y a les leaders qui ont la vision, les idéalistes, les militants et les opportunistes. Les dernières années de son existence, nous avons travaillé sur l’implication des adhérents au RCD mais dans nos deux millions de membres, il y avait énormément d’opportunistes et d’arrivistes, c’est ce qui explique qu’ils ont disparu dès que le parti est tombé.
Moi-même avocate, je n’ai pas été épargnée par les violences de ceux qui prétendaient défendre la démocratie et les droits de l’Homme
N’oubliez pas non plus la chasse aux sorcières post-14 janvier. L’intégrité physique de milliers de nos militants était menacée, parmi nous il y en a auxquels on a incendié les maisons ou qui ont été des victimes d’attaques à l’arme blanche.
Moi-même avocate, je n’ai pas été épargnée par les violences de ceux qui prétendaient défendre la démocratie et les droits de l’Homme, j’ai été brutalement agressée ! Et vous savez quoi ? A la section Tunis de l’Ordre des avocats, on a considéré ces agissements comme des actes héroïques ! Et on reproche à l’ancien régime sa «dictature» !
Aucun débat public n’a eu lieu pour une évaluation objective de notre histoire, nous avons été jugés et condamnés sans procès ! La haine, la vindicte et l’esprit de revanche ont fait le nécessaire.
Quel est le projet sociétal Abir Moussi présidente du parti destourien libre ?
Je le dis et le redis, je suis dans la continuité de ce qui a été construit par nos prédécesseurs et dans la préservation et la consolidation des acquis qu’ils nous ont légués.
Je ne suis pas dans la rupture avec notre histoire, je le dis et le redis, je suis prête à une évaluation publique, que nos erreurs et nos défaillances soient dites haut et fort mais que nos acquis et nos réalisations le soient aussi
Voyez ce qui est arrivé dans notre pays après 2011, que des incompétents qui détiennent les postes clés dans le pays.
Et si nous nous amusions à mettre face à face les compétences de la Tunisie d’avant janvier 2011 et celles qui le dirigent aujourd’hui, vous verrez la différence entre les véritables hommes et femmes d’Etat et les autres.
Je ne suis pas dans la rupture avec notre histoire, je le dis et le redis, je suis prête à une évaluation publique, que nos erreurs et nos défaillances soient dites haut et fort mais que nos acquis et nos réalisations le soient aussi. Et c’est ce qui explique mon refus de principe pour la loi de réconciliation nationale car je ne veux pas que les dossiers soient fermés comme si les anciens responsables étaient coupables mais qu’ils soient innocentés parce qu’ils n’ont rien commis d’illicite et n’ont fait que suivre les ordres ou servir l’intérêt national.
Je suis pour une réconciliation qui préserve leur honneur et leur dignité et non pour une réconciliation qu’on leur offre comme s’ils la mendiaient !
Que ceux qui ont profité de leurs postes pour des intérêts personnels assument leurs responsabilités, ça n’est que justice, mais ne mettons pas tout le monde dans le même sac et n’écartons pas de hautes compétences pour lesquelles les contribuables ont consenti des centaines de milliards de dinars sur des décennies.
Tout ce que je fais et que je ferai à travers ce parti est de préserver notre histoire et d’avancer à pas sûrs vers une Tunisie progressistes dont les racines remontent à des millénaires
Tout ce que je fais et que je ferai à travers ce parti est de préserver notre histoire et d’avancer à pas sûrs vers une Tunisie progressistes dont les racines remontent à des millénaires. Je refuse de m’intégrer dans un climat politique hypocrite et lâche. Je veux insuffler de nouveau l’espoir chez nos jeunes pour qu’ils se réapproprient leur pays et y croient, et je refuse toute alliance qui puisse menacer l’image de la Tunisie moderne, tolérante, civilisée et qui s’est distinguée non pas par ses richesses naturelles mais par ses richesses humaines et sa matière grise.
J’y crois et j’y arriverai !
Entretien conduit par Amel Belhadj Ali