Si la trêve sociale dans le bassin minier se poursuit, la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) sera à même de produire 5 millions de tonnes de phosphate à la fin de 2018. C’est en tout cas ce qu’a souligné Rafaa Nsib, directeur central de la production à la CPG, dans un entretien à l’agence TAP.
Nsib indique que l’objectif était d’atteindre un seuil de production de 6,5 millions de tonnes de phosphate, “mais le déclenchement depuis janvier 2018, des sit-in et leur poursuite jusqu’au début du mois de mars, a entraîné le blocage total de l’activité de maintenance et nous a empêché d’atteindre cet objectif”.
Il assure que la CPG n’a pas de problèmes “sociaux” avec ses agents ou avec les syndicats relevant de l’UGTT. Le travail a été bloqué à cause des sit-in qui se sont déclenchés au bassin minier et ont causé l’arrêt total de la production et le transport du phosphate, a-t-il expliqué.
Depuis le début de l’année 2018 jusqu’à la fin du mois d’avril, la CPG n’a produit que 850.000 tonnes de phosphate, soit moins de la moitié de la production enregistrée au cours de la même période de 2010 (qui était de 2 millions de tonnes).
Le directeur central de la CPG rappelle également que le phosphate tunisien fait face à une concurrence “féroce” sur les marchés mondiaux, évoquant notamment le phosphate marocain beaucoup plus facile à extraire par rapport au phosphate tunisien.
Toutefois, ce dernier possède beaucoup plus de réactivité par rapport au phosphate marocain, précise le responsable, ajoutant que cet avantage renforce la capacité de transformation du phosphate tunisien à moindre coût.
La CPG est en pleine préparation pour étendre les activités d’extraction par l’exploitation de nouvelles mines à ciel ouvert, comme celles respectivement d’Oum Lakcheb (Métlaoui) et Nefta/ Tozeur. La capacité de production de ces deux mines devrait atteindre environ 5 millions de tonnes par an de phosphate commercial à l’horizon 2025, a encore indiqué Nsib.
Selon lui, les différentes phases de l’histoire de la CPG lui ont permis de jouer un rôle social et de développement non seulement dans la région du bassin minier, mais sur tout le territoire. La prise de conscience de l’importance de ces deux volets (social et développement) explique en grande partie l’importance de la CPG qui a pu changer plusieurs situations sociales et participer à la concrétisation des plans de développement du pays.
“Si nous parvenons à retrouver 80% du rythme de production enregistré en 2010, la CPG sera en mesure de traiter beaucoup de situations”, a-t-il affirmé, ajoutant que la Compagnie est également en mesure de renforcer la position géopolitique de la Tunisie dans son environnement régional et international grâce notamment à ses atouts dans le domaine de l’industrie, outre ses réserves importantes et ses compétences techniques en matière de valorisation du phosphate, cumulant 120 années d’histoire depuis la création de la société (la fin du 19ème siècle).