Une enquête sur la mesure de l’autonomisation des femmes et des jeunes en Tunisie révèle que le niveau d’autonomisation économique de la femme demeure faible tandis.
Les résultats de cette enquête ont été présentés, vendredi 11 mai à Tunis, lors d’un atelier de travail organisé à l’initiative du Centre de la femme arabe pour la formation et la recherche (CAWTAR).
Ils montrent que 95% des femmes qui vivent dans des ménages avec un autre décideur, principalement masculin, n’ont pas d’acquis adéquats dans au moins quatre des cinq domaines d’autonomisation (la production, les ressources, le revenu, le leadership et l’utilisation du temps).
Ce résultat est dû, selon l’enquête, à de faibles niveaux d’autonomisation économique, ce qui signifie de faibles niveaux d’influence dans les décisions productives et un contrôle limité des ressources, comme les actifs et le crédit, outre la faible influence sur la façon dont les revenus sont dépensés.
L’enquête a été réalisée sur un échantillon national de 1.150 ménages dont 65% vivent en ville et 35% dans les zones rurales. L’échantillon comprend 2.513 personnes dont 30% sont des jeunes et 52% sont des femmes.
Intervenant à l’occasion de la présentation de cette enquête, Micheline Goedbuys, de l’Université des Nations unies aux Pays-Bas et membre de l’équipe qui a réalisé l’enquête, a indiqué que la parité entre les sexes au sein du ménage est également faible (35,1%), et qu’un pourcentage important d’hommes est également faiblement autonomisé (74%).
Selon elle, des niveaux plus élevés d’autonomisation des femmes sont généralement corrélés avec des niveaux plus élevés de bien-être psychologique, mais les résultats sont moins clairs pour les attitudes envers la violence domestique.
L’intervenante a expliqué que l’autonomisation des femmes dans les domaines du leadership et de l’utilisation du temps est beaucoup plus élevée étant donné la hausse des taux de scolarisation et d’enseignement en Tunisie.
Elle a, en outre, signalé que d’autres projets de recherche dans d’autres domaines comme la santé, l’emploi, l’éducation et l’industrie seront réalisés vu leur rapport avec le développement durable.
De son côté, la directrice exécutive du centre CAWTAR, Soukeina Bouraoui, a indiqué que l’enquête, présentée pour la première fois en Tunisie, permet de mesurer l’autonomisation des femmes et son pouvoir décisionnel notamment au sein de la famille.
Elle a jouté que l’enquête pourrait aider les décideurs en Tunisie à promouvoir davantage les conditions de la femme notamment au niveau de l’accès au financement et aux services.
Pour sa part, la ministre de la femme, de la famille, de l’enfance et des personnes âgées, Néziha Laabidi a souligné l’importance de l’autonomisation des femmes en Tunisie comme outil indispensable pour réaliser la parité effective et réelle entre les deux sexes.
Elle a, également, signalé que le gouvernement a mis en place une série de programmes essentiellement dans le domaine de l’autonomisation économique des femmes comme le programme d’autonomisation de 5.000 femmes d’ici 2020.
La ministre a, à cette occasion, passé en revue l’arsenal juridique tunisien visant à renforcer les acquis de la femme notamment la loi organique relatif à la lutte contre la violence contre la femme.