La Tunisie continuera à importer des viandes rouges jusqu’à 2028 puisque la production nationale ne peut pas couvrir les besoins locaux. C’est ce qu’a déclaré Boutheina Zitouni, représentante de l’Office de l’élevage et des pâturages (OPE), relevant du ministère de l’Agriculture.
Lors d’un atelier de travail sur “l’élaboration d’une étude prospective sur la filière des viandes rouges” organisée par la Commission chargée d’étudier la refonte de cette filière et consacrée à la préparation d’une étude sur la promotion de ce secteur, Zitouni a souligné que le ministère a toujours eu recours à l’importation jusqu’à 2016 avant de décider de ne plus importer, pour reprendre les importations en 2017 étant donné que la production locale reste insuffisante face à la croissance de la demande du marché national.
“L’importation des bovins vivants vise à réguler le marché et à booster le cycle économique local en fournissant de l’emploi aux agriculteurs et aux éleveurs”, a-t-elle expliqué.
Elle a précisé qu’une baisse de 2,2% du nombre des têtes de bovins a été enregistrée, outre une chute de 1% du nombre des têtes d’ovins et de caprins, selon des statistiques parues en 2017.
Zitouni a, par ailleurs, indiqué que la production nationale des viandes rouges a évolué de 0,3% et que les investissements dans ce secteur ont régressé de 7,3% au cours des dernières années.
De son côté, l’expert Taieb Belhaj a indiqué que le domaine des viandes rouges n’a pas évolué en Tunisie, il a besoin d’être développé, surtout qu’il souffre d’énormes problèmes. Des priorités doivent être fixées pour ce secteur afin d’élaborer une stratégie et un plan d’action pour les années à venir, estime-t-il.
Les participants à cet atelier de travail, organisé par le ministère de l’Agriculture en collaboration avec l’OPE, ont souligné à cet effet les graves difficultés auxquelles fait face la filière des viandes rouges, dont les conditions d’abattage, le conditionnement des viandes et les maladies qui touchent le cheptel, notamment la tuberculose.
Ils ont également évoqué la diminution du cheptel ovin et bovin et les conditions difficiles dans lesquelles ils travaillent au vu de la cherté des fourrages et des aliments composés.
Dans ce cadre, ils aspirent à une protection de l’Etat contre les contrebandiers, opportunistes et autres spéculateurs de toutes sortes, y compris le nombre important d’intermédiaires qui se sont infiltrés dans les circuits ordinaires multipliant ainsi les transactions, établissant chacun une marge bénéficiaire individuelle à chaque étape, ce qui fait grimper le prix au-delà du pouvoir d’achat des consommateurs.
Il convient de rappeler que la Fédération nationale des métiers relevant de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) a constitué, depuis plus d’une année, la commission chargée de la refonte structurelle de la filière des viandes rouges et de proposer des solutions opérationnelles et concrètes. Cette commission est composée, outre de la Fédération nationale des métiers (qui en assure la présidence), de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), l’Organisation de défense du consommateur (ODC) et le Groupement interprofessionnel des viandes rouges et du lait (GIVLAIT).
La commission a travaillé pendant plus d’une année afin de diagnostiquer la situation et proposer des solutions. Elle a confectionné un rapport de synthèse complet qui va être présenté prochainement au gouvernement.