La Blockchain pourrait être à l’origine d’importants bouleversements dans le secteur financier et le marché de capitaux. Toutefois, c’est une technologie qu’il importe d’adopter et tirer le meilleur profit dans nos économies africaines. C’est ce que pense Edoh Kossi Amenounve, représentant de AfricaFinLab, lors du Sommet africain du Blockchain, “Africa Blockchain Summit”, organisé, lundi 14 mai, au siège de la Banque centrale de Tunisie.
Le responsable a fait savoir que cette technologie représente trois principaux avantages. Le premier consiste en l’élimination des intermédiaires non indispensables et, partant, parvenir à apporter une meilleure efficience au système financier, dans la mesure où cela permettra de minimiser les délais de réalisation d’opérations.
Le deuxième avantage porte, d’après lui, sur la réduction des coûts d’intermédiaires, ce qui permet une meilleure allocation de ces ressources dans l’économie.
Quant au troisième avantage, il est à même de favoriser une meilleure gestion des risques systémiques, étant donné que la technologie blockchain permet d’avoir une vue globale sur toutes les évolutions financières au niveau national et mondial et, donc, de pouvoir prévoir les risques systémiques.
La Blockchain réduit les coûts de transfert de fonds de la diaspora
De son côté, Abderrahim Bouazza, représentant de BanK Al-Maghrib du Maroc, estime que la Blockchain favorise une inclusion financière, ainsi que la sécurisation et la réduction des coûts de transfert de fonds de la diaspora, soulignant que ces opération coûtent plus de 7% de la valeur du montant global transféré.
Dans ce cadre, il recommande d’associer la téléphonie mobile qui se présente, selon lui, “un outil d’inclusion financière très important dans le continent africain”.
Dans cette optique, l’Institut d’émission marocain teste, actuellement, une première application de blockchain, qui permettra de mettre à la disposition des différents opérateurs financiers une information actualisée et fiable.
Ne pas adopter la Blockchain, c’est rester au bord de la route…
Antoine Hobeiche, représentant de l’Union arabe des banques, soulignera l’impératif de profiter de ce genre de technologies vouées aux secteur financier et aux marchés de capitaux. “Il ne faut jamais rester au bord de la route, il faut avancer et saisir les opportunités pour améliorer l’efficience de nos systèmes de financement, et ce tout en prenant les précautions nécessaires”, a-t-il dit.
Hobeiche ajoute également la nécessité d’assurer la confidentialité des opérations financières et le secret des transferts financiers menés sur une échelle locale, et éviter le risque de non confidentialité qui peut avoir de répercussions négatives, voire même être à l’origine de l’effondrement du système financier.
La Blockchain, une opportunité d’innovation pour les Banques centrales
Partageant le même point de vue, Thierry Bedoin, représentant de la Banque de France, a réitéré l’importance d’assurer la confidentialité en utilisant les applications de blockchain. “Ca ne ressemble pas aux pratiques traditionnelles du système financier, et, partant, ça nécessite un niveau supérieur de confidentialité”.
Toutefois, il estime que le Blockchain est une technologie extrêmement prometteuse qui permettra aux Banques centrales d’avancer dans le domaine de l’innovation et de relever le défi de la transformation numérique.
Citant le cas de la France, il a fait savoir qu’une première application de Blockchain vient d’être lancée par le secteur privé, relative à l’attribution d’identifiants aux clients des banques de la place. “Des applications sont actuellement en cours d’élaboration par la Banque de France pour un usage plus rapide et plus efficient des services financiers”.
Il est à noter que le déploiement de la technologie liée à la Blockchain ou des réseaux distribués (ditributed Ledger Technology) suscite un intérêt de plus en plus marqué dans le monde financier compte tenu de ses nombreuses applications possibles, aussi bien dans le domaine bancaire, financier, des assurances que des marchés financiers.
La réduction des coûts dans l’utilisation de ces nouvelles infrastructures, mais aussi la suppression du papier dans le traitement de nombreuses opérations et leur archivage, ainsi qu’une sécurité accrue dans le traitement des opérations apparaissent comme les principaux bénéfices liés à cette nouvelle technologie.
Nous pouvons citer d’autres avantages, dont la traçabilité des transactions, la construction d’un enregistrement partagé unique (établir un registre partagé de toutes les transactions entre plusieurs institutions), la modernisation des systèmes de paiement, la simplification du processus de règlement, l’amélioration de la lutte contre le blanchiment d’argent…
A préciser que la blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle (définition de Blockchain France).
Par extension, une blockchain constitue une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création. Cette base de données est sécurisée et distribuée : elle est partagée par ses différents utilisateurs, sans intermédiaire, ce qui permet à chacun de vérifier la validité de la chaîne.
Il existe des blockchains publiques, ouvertes à tous, et des blockchains privées, dont l’accès et l’utilisation sont limités à un certain nombre d’acteurs.