Le recours aux eaux intelligentes est l’une des solutions à même de permettre de faire face à la rareté des eaux en Tunisie, selon les résultats de la première phase d’une étude réalisée par l’ITES (Institut tunisien des études stratégiques), a déclaré l’universitaire et chercheur en sciences géologiques, Mohamed Haithem Msadek.
Intervenant, au cours d’une réunion sur l’orientation stratégique de la gestion des ressources en eau, Msadek a souligné que les techniques des eaux intelligentes permettent la gestion des ressources en eau via l’utilisation des équipements numériques liés aux satellites pour favoriser l’enregistrement instantanée de ces ressources en Tunisie.
Il a évoqué, dans ce cadre, la possibilité de l’installation de ces équipements au niveau des barrages, des canaux de distribution et d’irrigation et des compteurs des ménages afin de collecter les données nécessaires, de détecter les défaillances et d’intervenir pour résoudre les problèmes liés au débit, au vol des eaux d’irrigation ou à la perte des eaux dans les canaux.
L’ITES a lancé, en février 2018, rappelle-t-on, l’élaboration de cette étude par 4 chercheurs afin de diagnostiquer la situation actuelle des ressources en eau en Tunisie, d’identifier les problématiques et les solutions permettant une meilleure exploitation des ressources. Cette étude sera soumise à la présidence du gouvernement.
Dans une seconde étape de l’étude, les centres des études stratégiques dans le monde (Maroc, France, Inde et Iran) seront contactés afin d’élargir la base de donnée des recherches, d’intégrer des jeunes académiques pour échanger les expertises et établir des partenariats avec les centres de recherche dans le domaine de l’eau en Tunisie, tel que l’Institut supérieur des sciences et techniques des eaux de Gabès.
Il a fait savoir que la faiblesse des ressources en eaux de surface qui s’évaporent avec l’effet de la hausse des températures, l’augmentation du taux de salinité des eaux (dans les barrages et les lacs collinaires …) sont les principaux problèmes auxquels est confronté le pays.
Selon lui, l’augmentation du taux de salinité des eaux souterraines (2,1 milliards mètres cubes) est une entrave, vu que celles-ci ne sont pas renouvelables dans le sud du pays à cause de la profondeur et de la nature géologique de la région.
Il propose, dans ce cadre, d’identifier des alternatives aux ressources des eaux conventionnelles dont le dessalement de l’eau de mer dont le taux de salinité dépasse 37 grammes/litre et le dessalement des eaux souterraines (15 grammes de sel/litre).
Le chercheur en sciences géologiques Alaa Ayari a souligné la nécessité d’appliquer le programme national de développement des technologies de l’eau, en s’orientant vers l’utilisation des ressources non conventuelles comme les eaux traitées, compte tenu de leur disponibilité.
Ayari a souligné que l’écoulement des grands oueds en Tunisie (Medjerda, Mellegue…) est menacé par la construction des barrages.
Il a rappelé l’augmentation de la pression et de la demande en eaux qui est passé de 1.870 millions mètres cubes en 1990 à 2.700 millions mètres cubes en 2016, pour atteindre 2.770 millions mètres cubes en 2030.
Le directeur général de l’ITES, Néji Jalloul, a souligné que le pays fera face à une véritable crise, à savoir la faiblesse des ressources en eaux, outre la crise de la sécurité alimentaire.
Il a souligné l’absence de confiance en Tunisie à plusieurs niveaux, tels que les soupçons des citoyens sur la qualité de l’eau potable distribuée par la SONEDE.
La réalisation du développement durable ne peut avoir lieu, a-t-il dit, qu’en fournissant 1.000 mètres cubes d’eau potable par personne, alors que le Tunisien ne bénéficie actuellement que de 450 mètres cubes.
Et de poursuivre que la déperdition d’environ 50% des ressources en eaux dans l’irrigation ou l’eau potable est due à la détérioration de l’infrastructure de base, à la baisse des réserves des barrages au cours des dernières années et à l’exploitation excessive et anarchique des eaux souterraines, notamment au sud du pays.