Adopter un pacte pilote de prévention et de protection contre la violence et le harcèlement en milieu de travail et lutter contre les dépassements et les violations qui ciblent les ouvrières domestiques à travers l’élaboration d’un cadre spécifique à cette catégorie sociale, ce sont là les principales recommandations présentées par le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Tabboubi, lors de la séance plénière organisée à Genève dans le cadre de la 107ème session de la Conférence internationale du travail de l’Organisation internationale du travail (OIT) tenue sous le thème “construire l’avenir avec le travail décent”.
S’exprimant à cette occasion, Tabboubi a souligné que ces recommandations formulées suite aux résultats d’une étude sur la violence fondée sur le genre social en milieu du travail, réalisée par le département de la jeunesse ouvrière et de la femme à l’UGTT entre avril et novembre 2017 sur un échantillon de 210 femmes travailleuses de toutes les régions du pays, visent à soutenir l’idée d’une convention internationale sur la protection de la femme par l’OIT.
Le secrétaire général de l’UGTT a, en outre, appelé à lutter contre la traite des personnes soulignant la nécessité d’imposer le recrutement à travers les bureaux d’emploi publics notamment lorsqu’il s’agit d’emploi à l’étranger.
Il a également mis l’accent sur l’importance de renforcer le rôle de l’inspection du travail appelant à lancer une campagne pour promouvoir les fondements d’un emploi décent pour assurer la protection sociale des ouvrières essentiellement dans le secteur agricole et ce, dans le cadre du programme d’emploi décent en partenariat avec l’organisation internationale du travail.
Tabboubi a aussi suggéré la création d’un observatoire pour l’égalité entre l’homme et la femme, soulignant la nécessité d’assurer la santé et la sécurité professionnelle des travailleuses et améliorer leurs conditions de travail à travers la création de crèches et jardins d’enfants, l’amendement du congé de maternité et l’institution du congé de paternité.
Il convient également, selon Tabboubi, de mettre en place des mécanismes visant à garantir l’égalité des chances dans le recrutement et la promotion professionnelle et d’intégrer l’égalité et la lutte contre la violence dans les programmes éducatifs.
Le secrétaire général de l’UGTT a rappelé que l’étude a montré que la violence et la discrimination dans les postes de travail ciblent les femmes de tous les niveaux d’étude y compris celles ayant des niveaux supérieurs et qui refusent de dénoncer les abus dont elles sont victimes pour préserver leur image dans la société.
Cette discrimination est aussi constatée par les chiffres puisque le taux de chômage chez les femmes dépasse celui des hommes et atteint environ 41% chez les jeunes filles diplômées du supérieur outre la hausse du taux d’abandon scolaire chez les filles ce qui les expose à l’exploitation économique.
La même étude a révélé que la discrimination économique et l’harcèlement sexuel sont les formes de violence les plus courantes en milieu de travail et qui ciblent essentiellement les ouvrières analphabètes.
Tabboubi a précisé que dans plusieurs cas, la femme est exclue du recrutement dans le secteur privé en raison de sa situation familiale (mariée ou enceinte). Dans d’autres cas, le congé de maternité est utilisé comme prétexte pour licencier l’ouvrière outre sa privation de la formation, de la promotion et de l’accès aux postes de décision.
La violence et la discrimination en milieu de travail sont encore un tabou en Tunisie, notamment en l’absence d’une approche genre dans les structures d’inspection du travail.
Tabboubi a signalé que la femme est aussi exploitée dans les opérations terroristes et dans les guerres et elle est encore victime d’idées rétrogrades qui refusent toute forme d’égalité entre l’homme et la femme.
Par ailleurs, le secrétaire général de l’UGTT a souligné que la Tunisie connait actuellement des difficultés économiques et sociales notamment en l’absence d’une stabilité politique , l’endettement et la suspension des négociations sociales outre la hausse tu taux d’inflation ce qui menace le processus de transition démocratique
Dans ce contexte, il a appelé la communauté internationale et le mouvement syndical à soutenir l’expérience tunisienne réaffirmant l’engagement de l’UGTT à jouer son rôle national pour sauver le pays de la crise et participer activement à l’élaboration des programmes et politiques nationales dans le cadre d’un dialogue social sur la base de la confiance mutuelle, la transparence et la responsabilité.