Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) appelle les autorités tunisiennes à renforcer “leur engagement à appliquer le programme de réformes économiques et à prendre des mesures décisives et urgentes pour placer les finances publiques sur une trajectoire plus tenable, corriger la hausse de l’inflation et la baisse des réserves, et assurer la stabilité macroéconomique”.
Dans un communiqué publié mardi 12 juin, le Conseil d’administration du Fonds annonce l’achèvement des consultations de 2017 avec la Tunisie, et recommande de procéder avec détermination à l’assainissement budgétaire. “Pour augmenter les dépenses d’investissement et les dépenses sociales, les mesures d’assainissement doivent donner la priorité au relèvement des recettes fiscales et à la limitation des dépenses courantes”, explique le document du FMI.
Eviter des augmentations salariales et appliquer une hausse trimestrielle des prix des carburants
Les administrateurs appellent également les autorités à renforcer le recouvrement de l’impôt, à appuyer les départs volontaires pour les fonctionnaires, à éviter les nouvelles augmentations salariales si la croissance ne dépasse pas les prévisions et à appliquer une hausse trimestrielle des prix des produits pétroliers.
Le Conseil se dit ravi des mesures prises par les autorités pour préserver une protection sociale adéquate, notamment par des réformes équitables et durables du régime des retraites, soulignant l’importance de programmes ciblés pour les catégories de population les plus vulnérables.
Le FMI se félicite, également, du récent relèvement du taux directeur, estimant qu’un nouveau durcissement de la politique monétaire sera nécessaire pour atténuer l’inflation. “La réduction des interventions sur le marché de change et l’assouplissement du taux de change contribueraient à améliorer le solde des transactions courantes et à reconstituer les réserves internationales”.
Des réformes supplémentaires s’imposent dans le secteur financier
Le Conseil d’administration du FMI estime que des réformes supplémentaires s’imposent dans le secteur financier, recommandant à accélérer les initiatives telle que l’adoption de lois facilitant la réduction des portefeuilles de prêts improductifs des banques.
Le Conseil relève que les améliorations apportées au régime de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme sont à même d’aider la Tunisie à pallier les insuffisances dans ce domaine.
L’indispensable amélioration de la gestion des entreprises publiques
Par ailleurs, le FMI invite les autorités tunisiennes à redoubler d’efforts pour achever la réforme de la fonction publique, optimiser la sélection et l’efficience des projets publics d’investissement, et améliorer la gestion des entreprises publiques.
Le Conseil d’administration du Fonds rappelle également que l’accent doit être mis sur la réforme du secteur de l’énergie, pour régler notamment la question des subventions.
Le FMI encourage aussi les autorités publiques tunisiennes à progresser davantage dans l’amélioration du climat des affaires, notamment en poursuivant la rationalisation du cadre réglementaire, ainsi qu’à promouvoir la bonne gestion publique et la transparence.
Se penchant sur les principaux indicateurs économiques de la Tunisie pour l’année 2018, les membres du Conseil d’administration du FMI estiment que les perspectives à moyen terme pour l’économie tunisienne restent favorables, avec une croissance de près de 4% d’ici 2022. “Ces perspectives s’appuient sur l’hypothèse de l’application soutenue de réformes visant à améliorer la gouvernance et le climat des affaires, à élargir l’accès au financement et à moderniser les institutions budgétaires pour en améliorer le fonctionnement et l’efficience”, souligne le FMI.
“Les progrès enregistrés récemment, dont l’établissement de l’Instance nationale de lutte contre la corruption, la création du Guichet unique des investisseurs, les contrats de performance conclus avec les banques et les entreprises publiques, ainsi que les lois facilitant la réduction des prêts improductifs octroyés par les banques, vont dans ce sens”, estime le Conseil d’administration du FMI.