“Il faut défendre la place de la danse dans les théâtres et reconnaître le métier du chorégraphe en Tunisie”, a estimé, mardi 12 juin, la chorégraphe Aïcha M’Barek lors de la table ronde sur le thème “La création chorégraphique dans le monde arabe”, organisée au Centre national de la danse à Pantin (département Seine-Saint Denis).
S’inscrivant dans le cadre de la première édition du printemps de la danse arabe, organisé par l’Institut du monde arabe (IMA) depuis le 18 avril et jusqu’au 23 juin, la table ronde a évoqué l’occupation de l’espace public par les danseurs dans les pays arabes, le geste et le genre dans la création chorégraphique.
Aïcha M’Barek a indiqué qu'”il y a eu, depuis la révolution en Tunisie, une transformation de prise de parole dans l’espace public, à tous les niveaux et pas uniquement au niveau artistique”.
Parlant des ses travaux réalisés conjointement avec Hafiz Daou, la chorégraphe note que la thématique de la politique s’impose depuis 2011 dans leurs réalisations artistiques.
Pour le chorégraphe Hafiz Daou, l’après 2011, est un vecteur de force pour reconstruire et créer autrement sans tomber dans l’exotisme.
Les chorégraphes ont rappelé leur parcours en Tunisie tout en indiquant qu’ils ont toujours développé une stratégie pour pouvoir agir. “C’était notre manière de construire, de créer”, soulignent les artistes. “La danse était comme un jardin secret qu’il fallait le protéger, le contenir au maximum”, selon Daou.
Installés à Lyon depuis 2000, le couple Aïcha M’Barek et Hafiz Daou ont fondé la compagnie de danse “Chatha”. Les artistes ont réalisé plusieurs chorégraphies, dont “Kahwa”, inspirée de la poésie de Mahmoud Darwich, “Sacré printemps” et “Narcose”.
Par ailleurs, la réalisatrice Blandine Delacroix a présenté son film “Je danserai malgré tout”, qui retrace le parcours de vie du danseur tunisien Bahri Ben Yahmed. L’artiste a réussi depuis 2011 à imposer la danse dans l’espace public. Il a fondé le mouvement “Danseur citoyen”.
Des travaux d’artistes chorégraphes tunisiens ont été programmés lors de la première édition du printemps de la danse arabe à Paris, dont “Heroes, prélude” de Radhouane Meddeb, “Omda Show” d’Imed Jemaa. Le dernier rendez-vous sera le 19 juin avec “Fausse couche” de Nejib Khalfallah.