La présidente de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), Sihem Ben Sedrine, impute la responsabilité de la saisie de son passeport diplomatique à l’aéroport Tunis-Carthage et de son interdiction de voyage au ministre des Affaires étrangères, Khemaïes Jhinaoui.
Ben Sedrine s’apprêtait à se rendre à l’Institut européen de la paix pour donner une conférence sur l’expérience tunisienne.
Lors d’une conférence de presse, tenue mardi 19 juin, Sihem Ben Sedrine a déploré que le ministère des Affaires étrangères ne l’ait pas avisé au préalable de la nécessité de lui rendre son passeport diplomatique, bien qu’elle l’ait informé il y a cinq jours de son départ.
“La saisie de mon passeport n’a aucun rapport avec l’expiration du mandat d’exercice de l’IVD, mais elle a pour dessein d’entraver ses travaux”, a-t-elle accusé, rappelant que les Affaires étrangères avaient récupéré les passeports diplomatiques des membres de l’Instance, ce qui représente, selon elle, “un abus de pouvoir”.
Le ministère des Affaires étrangères figure parmi les départements qui interagissent négativement avec l’IVD, a-t-elle encore accusé.
“Ce qui s’est produit aujourd’hui à l’aéroport de Tunis-Carthage constitue une violation des prérogatives de l’IVD par le ministre des Affaires étrangères”, a-t-elle lancé, faisant remarquer que “l’Instance s’est adressée à la justice, conformément à l’article 66 de la loi relative à la justice transitionnelle pour entrave volontaire aux travaux de l’Instance”, rappelle Ben Sedrine.
“Le gouvernement s’est engagé à permettre à l’IVD de mener à terme ses travaux, sur la base d’un commun accord entre les deux parties”, a-t-elle tenu à rappeler, faisant état, à ce propos, d’une mauvaise interprétation des termes de l’accord.
En vertu de cet accord, l’IVD devrait mener à terme sa mission, remplir ses engagements prévus par la loi et présenter son rapport final, a-t-elle expliqué.
“Plusieurs départements de l’Etat ont cessé de collaborer avec l’Instance Vérité et Dignité, sous prétexte que son mandat est arrivé à expiration le 31 mai dernier”, a-t-elle encore regretté. Ils sont allés jusqu’à réclamer le retour de leurs fonctionnaires en détachement et la récupération de leurs équipements, a-t-elle encore déploré.