Les vainqueurs des élections municipales du 6 mai 2018, sont à pied d’œuvre. Ils ont jusqu’au mois de juillet pour se constituer en conseils municipaux et élire leur maire.
Des coalitions, différentes dans chaque municipalité, sont en train de se créer et la cohabitation au sein des conseils municipaux se profile à l’horizon.
Le jeu des alliances locales a commencé et toutes les tractations sont permises.
Le secrétaire général du Courant démocrate, Ghazi Chaouachi, a affirmé que son parti rejette, catégoriquement, la logique des alliances et des coalitions. Une logique qui pourrait, selon ses dires, nuire à l’action municipale.
Il a, toutefois, tenu à préciser que les concertations et la coordination, en particulier durant les premières réunions du conseil, sont nécessaires.
Selon l’agence TAP, il a affirmé que son parti pourrait interagir avec les listes indépendantes et les partis sociaux démocrates de l’opposition. Car, les partis au pouvoir, Ennahdha et Nidaa, ont échoué à tous les niveaux et sont en grande partie responsables de la crise politique et socioéconomique dans le pays.
En tant que parti d’opposition, nous ne pouvons pas voter pour des conseillers municipaux appartenant à ces deux partis, a-t-il soutenu.
Chaouachi a fait observer qu’en raison de sa nature, l’action municipale doit être tenue à l’abri des clivages politiques.
De plus, les élections municipales ont donné lieu à une mosaïque hétéroclite qui commande la cohabitation et le rapprochement pour la mise en place de programmes et l’exécution des promesses faites lors des campagnes électorales.
Il a fait remarquer qu'”à l’intérieur des conseils municipaux, il n’y a pas d’opposition mais plutôt une action commune associant également la société civile”. Et que “nous œuvrerons à travers l’action municipale et au sein des commissions à traduire dans les faits nos promesses électorales”.
Pour sa part, Watfa Belaid, présidente du Conseil central de Machrou Tounes, a affirmé, vendredi 23 juin, que son parti s’est engagé dans la création de coalitions parallèlement à la préparation des listes candidates aux municipales.
Elle a déclaré que Machrou Tounes est prêt pour des alliances avec les listes indépendantes ainsi que les partis proches en termes de vision et d’orientation.
Elle a rappelé que son parti avait appelé à des coalitions avec les forces nationales pour l’élection des présidents des municipalités. Ceci étant, “nous ne ferons pas alliance avec Ennahdha qui est un parti adversaire auquel nous nous opposons”, précise-t-elle.
Par contre, elle n’écarte pas une éventuelle coalition avec le parti Nidaa Tounes au cas où il maintient sa position annoncée, à l’issue des élections, c’est-à-dire pas d’alliance avec Ennahdha.
Pour le mouvement Ennahdha, la formation des conseils municipaux doit se baser, essentiellement, sur le respect des résultats des élections municipales ainsi que sur la compétence et l’efficacité. Elle doit, également, tenir compte de la stabilité des conseils.
Le parti avait appelé au lendemain de la proclamation des résultats au dialogue avec les vainqueurs des élections pour garantir des conseils efficients capables d’agir et d’améliorer les conditions de vie des citoyens, loin des tiraillements politiques.
Selon le porte-parole d’Ennahdha, Imed Khemiri, le parti œuvrera à former de larges coalitions au sein des conseils municipaux pour garantir leur stabilité.
Selon lui, de larges opportunités d’action commune, de coopération et de coordination s’offrent à ces conseils étant donné la nature des questions qu’ils auront à résoudre et qui collent étroitement aux préoccupations des citoyens à l’instar de la propreté, l’hygiène du milieu, l’infrastructure et autres.
Le porte-parole de Nidaa Tounes, Mongi Harbaoui, avait de son côté déclaré que le mouvement fera coalition avec les partis et les listes indépendantes qui ont remporté les élections et avec lesquels ils partagent la même vision.
Il a par ailleurs précisé que dans certains cas, l’alliance avec le mouvement “Ennahdha” pourrait s’imposer.
Le Front populaire ne fera pas coalition avec les partis au pouvoir, en particulier avec les mouvements Nidaa Tounes et Ennahdha, dans la composition des conseils municipaux élus. C’est ce qu’a déclaré Zouheir Hamdi, membre du Conseil des secrétaires généraux du Front populaire.
Ces derniers ont réaffirmé, au cours d’une réunion, leur attachement à conclure des coalitions avec les listes indépendantes et les partis vainqueurs aux élections et n’appartenant pas à la coalition au pouvoir.
Il réagissait à la “déclaration consensuelle” publiée et cosignée par les vainqueurs des partis Ennahdha et du Front populaire, à Laaroussa, dans le gouvernorat de Siliana, sur la répartition des tâches au sein du Conseil municipal.
Hamdi a noté que cette décision “n’engage pas le Front populaire”. “Elle a été prise à l’échelle régionale et s’est faite individuellement, sans aucune concertation avec les instances dirigeantes du FP”, a-t-il dit.
Suite à des informations faisant état d’”un accord” entre les listes de Afek Tounes et d’Ennahdha dans la nouvelle composition du conseil municipal de Chorbane, à Mahdia, Afek Tounes a rejeté toute alliance avec les élus de ce parti.
Afek Tounes estime qu’une coalition avec la liste d’Ennahdha est contraire aux décisions des différentes instances du parti et aux concertations qui ont eu lieu au niveau local.
Les instances du parti se réservent le droit de prendre les sanctions disciplinaires nécessaires envers tout ceux qui enfreignent les décisions du parti contre toute coalition politique ou électorale avec Ennahdha tant au niveau local, que régional ou encore central, lit-on dans une note explicative du bureau du conseil régional de Afek Tounes à Mahdia.
A l’issue du premier scrutin municipal post-révolution, organisé le 6 mai dernier, les listes indépendantes ont obtenu 2.373 sièges. Pour les listes partisanes, le parti Ennahdha figure en première position avec 2.373 sièges, suivi de Nidaa Tounes avec 1.600 sièges. Le Front populaire arrive loin derrière avec seulement 261 sièges, suivi du Courant démocrate 205 sièges, Machrou Tounès (124), le mouvement al-Chaab (100) et Afek Tounès (93).