En période de transition d’un régime autoritaire à un régime démocratique, il est tout à fait normal de voir une profusion de partis politiques. C’est ce qu’estime, vendredi 22 juin, Neila Chaabane, doyenne de la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis.
Cependant, souligne-t-elle, les prochaines élections seront naturellement marquées par la réduction du nombre de partis politiques.
Chaabane s’exprimait à l’occasion d’un colloque international organisé par l’Association des sciences politiques, la Fondation Konrad Adenauer et la Faculté des sciences juridiques et sociales de Tunis sur le thème “Partis politiques et transitions démocratiques : Renouveau politique et repositionnement”.
“Dans les régimes démocratiques, les partis politiques sont l’unique moyen d’accéder au pouvoir, c’est pourquoi les partis bien positionnés sont un facteur essentiel pour la construction d’un régime démocratique”, a-t-elle souligné dans une déclaration à l’agence TAP.
Selon elle, le parti politique est l’espace où le citoyen peut exposer ses visions et ses propositions afin de les soumettre au vote.
Par ailleurs, Chabaane considère que l’instabilité politique est le prix à payer pour réussir la transition. “C’est pourquoi il faut attendre au moins 3 élections législatives pour que la situation soit plus stable et claire”, a-t-elle ajouté, soulignant que la Tunisie a eu la chance de faire sa transition de manière pacifique contrairement à beaucoup d’autres pays arabes.
Elle ajoute: “toutes les expériences de transition démocratique ont connu un paysage politique post-révolutionnaire diversifié”.
Les différentes sessions de ce colloque seront l’occasion d’étudier d’une manière scientifique les partis politiques en temps de transition démocratique, a-t-elle dit.
Pour Hatem Mrad, président de l’Association tunisienne d’études politiques (ATEP), le nombre élevé de partis politiques ne reflète pas l’efficacité de l’action partisane. “Toutes les expériences étrangères de transition démocratique, comme le Portugal et la Pologne, sont passées par cette période caractérisée par un nombre élevé de partis politiques avant de faire une sorte de sélection pour finir avec 10 ou 15 partis politiques bien structurés et influents”, a-t-il dit.
“En Tunisie, on compte environ 7 à 8 partis politiques seulement qui sont bien structurés et représentés lors des élections”, explique-t-il. Selon lui, les partis politiques qui ne sont pas représentés dans le parlement peuvent être considérés comme des associations dont l’activité ne s’élève pas au niveau de l’action partisane.
“Contrairement à ce que certains peuvent penser, le bipartisme politique est un facteur positif, surtout à la lumière de la dispersion du paysage politique durant la phase post-révolution en 2011”, a-t-il soutenu. Pour lui, le bipartisme (Ennahdha – Nidaa Tounes) traduit une évolution d’un processus d’encadrement au sein de ces partis politiques.
En conclusion, il souligne que l’objectif actuel pour la Tunisie est de passer de la démocratie transitoire à une démocratie consolidée. “Pour ce faire, il nous faut réussir, comme le montrent les autres expériences, 4 à 5 échéances électorales (Soit 4 à 5 mandats) afin de construire ce qu’on appelle le réflexe démocratique”.
Les différentes sessions du colloque qui se déroule sur deux jours, portent sur des considérations générales sur les partis en transition, les expériences nationales des partis européens et arabes, les pesanteurs du passé sur la transition des partis ainsi que sur les transitions en général, les coalitions et les oppositions.