Imaginez que le titre de ce papier n’est que le slogan publicitaire d’une agence européenne qui vend la TUNISIE et son tourisme ! Et pendant ce temps-là , on se targue et on se félicite de recevoir 8 millions de visiteurs en 2018 ! Évidement cela est rassurant pour un pays qui peut, s’il était mieux organisé, recevoir jusqu’à 20 millions de visiteurs vu l’extraordinaire patrimoine que recèle ce bout d’IFRIQYA et la diversité des paysages que l’on peut découvrir.
Mais … allez expliquer aux banquiers que le tourisme est essentiellement un service qui est censé déclencher tout un mécanisme de recettes.
Cette saison touristique annonce une reprise espérée et attendue depuis quelques années après les drames qui ont secoué notre pays ; et durant ces années de braise, nos voisins algériens ont sauvé la mise et continuent à le faire, mais … pendant de longues années dans les statistiques des nuitées, les Maghrébins n’étaient pas comptabilisés.
J’ai essayé d’en savoir plus sur cette reprise et sur l’origine et l’objectif de ce slogan. Alors j’ai réservé dans une de ces usines à bronzage qui peuvent recevoir plus de 1.000 touristes en même temps, l’équivalent d’un gros village rural, ces villages où il fait bon vivre, mais … je ne savais pas trop si c’était des all inclusives ou des all exclusives.
Et si dans nos villages ruraux il y a une vie commune, dans ces usines à touristes on va chercher de la chair à bronzer, on la met dans un avion, on la reçoit, on la transfère et on l’installe ; puis on la nourrit trois fois par jour, on la laisse boire ce qu’elle veut, quand elle veut. On lui produit un peu d’animation le jour et des décibels le soir. Et une semaine après, on la remet dans l’avion et on en ramène d’autres. Cela dure toute la saison touristique, mais … la vie y est aussi impersonnelle et la nourriture sans goût ni âme !
Le plus curieux est que ces gens, dans leur majorité, ne savent pratiquement pas où ils se trouvent si ce n’est au bord de la mer le jour et au bord d’une table arrosée le soir, et ce pour un montant forfaitaire maximum de 400 euros/semaine -voyage et séjour compris- dans des hôtels d’un certain standing ! Mais … la moindre des choses, devrait de chercher à les inciter à dépenser un peu plus, ce qui relève du miracle voire de l’impossible vu le type de clientèle qu’on va chercher.
QUAND on fait des calculs très simples, et si on part de ce chiffre de 400 euros, et on le repartit entre les différents intervenants (agence, assurance, compagnie, hôtel, etc.), la retombée sur l’économie nationale ne peut dépasser, à mon avis, les 100 dinars par touriste, soit à l’échelle annuelle, et après les «ridiculous prices», un «ridiculous economical impact» de 800 millions de dinars ! Même pas de quoi couvrir les impayés de la STEG … Mais quand on tient compte de tous les produits subventionnés utilisés –sucre, pain, pâtes, etc.- on peut se demander si on n’est pas perdant et si on n’en rajoute pas !
ALORS, messieurs les responsables, réfléchissez, changez de tourisme, de clients, de stratégie. Mais dans cette période où personne ne semble être satisfait de l’autre, on navigue à vue à bord d’un rafiot surbooké qui cherche un port d’attache ! Mais que va-t-il arriver ? Dieu seul sait !