Les nouveaux investissements dans la fabrication des tissus en Tunisie doivent être dotés d’équipements économes en eau et de technologies permettant la récupération de l’eau utilisée, recommande Nafaa Ennaiffer, coordinateur général du “Tunisia Economic forum”, 4ème forum de l’IACE.
“En Tunisie la production du coton qui est très consommatrice d’eau est externalisée à d’autres pays. Ainsi, l’empreinte eau (un indicateur de l’usage direct et indirect de l’eau pour produire un produit), pour un kg de coton brut est de 8500 litres d’eaux.
Actuellement, pour fabriquer un T-shirt, il faut 2 mille litres d’eau, dont 85% du coton est importé. De même, pour une paire de Djean qui nécessite 20 mille litres d’eau, ou on ne consomme que près de 3000 litres d’eau, qui est une consommation juste par rapport à la valeur ajoutée qu’elle confère au produit.
Intervenant, mercredi 27 juin 2018, lors de ce forum organisé sur le thème “les politiques économiques et la contrainte des ressources rares en Tunisie”, Ennaiffer a précisé que le fait de ramener la production de tissu en Tunisie, au lieu de l’importer, permettra de pérenniser les 180 mille emplois dans le secteur.
Toutefois, cette activité est très consommatrice d’eau, qui est une source très rare et devient de plus en plus chère.
Selon lui, c’est inéluctable d’intégrer dans ce genre d’industrie, de nouvelles technologies permettant de récupérer et de traiter le maximum d’eau, et de se conformer aux normes environnementales, auxquelles les clients deviennent, de plus en plus exigeants.
Ennaifer a précisé que les investisseurs dans le secteur industriel, qui n’est pas très consommateur d’eau, sont conscients du volet environnemental ainsi que de ses impacts tant sur la valorisation de l’eau que sur le rendement financier de l’entreprise.
En contrepartie, les acteurs dans le secteur agricole, premier consommateur d’eau, à hauteur de 80%, “ne font pas du travail sérieux pour rationaliser la facture d’eau”.
Pour sa part, le ministre de l’Industrie et des Petites et moyennes entreprises (PME), Slim Feriani, a souligné le rôle important de l’Etat, du gouvernement, et des ministères dans l’incitation des initiatives privées et volontaires de rationalisation de la consommation d’eau. “Toute entreprise tunisienne ou étrangère installée en Tunisie doit avoir une responsabilité sociétale envers le citoyen et l’environnement, en pensant aux générations futures”, a-t-il dit.
Le ministre a reconnu, à cette occasion, que son département ne dispose pas, actuellement, d’un programme spécifique à la maîtrise de l’eau, et ce forum est une occasion pour réfléchir et rassembler les propositions en la matière.
De son côté, Walid Bel Hadj Amor, vice-président de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), a indiqué que la politique agricole du pays doit prendre en compte la contrainte de la rareté de l’eau, en tant qu’élément de développement de l’agriculture et aussi pour l’élaboration d’une stratégie agricole, dont la contrainte eau devrait être un élément de base.
Cette stratégie devrait être définie selon la consommation des cultures de l’eau et aussi la disponibilité de l’eau dans les régions. “On ne peut continuer à accepter favoriser ou subventionner des projets agricoles quelque soit le type de la culture ou la région, sans tenir compte de cette contrainte de la disponibilité de cette ressource”, a-t-il conclu