La Banque mondiale (BM) vient d’accorder à la Tunisie une ligne de crédit de 500 millions de dollars, l’équivalent de 1,250 milliard de dinars pour soutenir les réformes-clés dans le pays, notamment la promouvoir l’investissement privé, l’amélioration de la sécurité énergétique et le financement de l’énergie verte.
Dans son communiqué rendu public jeudi 28 juin 2018, la Banque mondiale assure que ce nouvel appui financier vise également à protéger les personnes et familles vulnérables, simplifier les procédures d’importation et d’exportation, permettre aux petites entreprises d’accéder aux crédits, faciliter la transition vers l’énergie propre et ouvrir plusieurs secteurs à l’investissement.
Le Cadre stratégique pour le développement de l’investissement, de la compétitivité et de l’inclusion a été conçu pour aider à mettre en œuvre les principaux objectifs du Plan de développement quinquennal 2016-2020 du gouvernement.
Les trois volets du crédit
Le premier vise la mise en œuvre des nouvelles lois sur l’investissement. Cela comprend la suppression de 27 procédures parmi 127 nécessaires pour le dédouanement. Les procédures restantes seront digitalisées, pour rendre le processus plus prévisible et efficace.
Conformément à la loi, les marchés publics seront également digitalisés en vue de faciliter le lancement des appels d’offres. Cela permettra d’atteindre l’objectif de 20% des marchés publics attribués aux petites entreprises, lit-on dans le communiqué de la BM.
“La digitalisation des procédures douanières signifie moins de possibilités de corruption et lancera un signal fort aux investisseurs pour dire que la Tunisie est ouverte aux affaires”, a déclaré Zied Ladhari, ministre tunisien du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale.
“En plus de créer des opportunités pour les petites entreprises, qui sont une source vitale de création d’emplois, nous voulons également nous assurer qu’elles ont accès au crédit en appliquant la loi sur les garanties “mobiles”. Au lieu de garanties “permanentes” telles que les bâtiments ou les terrains.
Le deuxième volet sera axé sur l’amélioration du ciblage et de l’impact des réseaux de sécurité sociale et l’élargissement de l’accès au microcrédit. Un meilleur ciblage permettra non seulement d’assurer que les programmes sociaux atteignent ceux qui en ont le plus besoin, mais rendra également plus facile la mise en œuvre de la loi en augmentant le volume des paiements aux bénéficiaires les plus ayant droit.
La nouvelle opération soutiendra, dans ce cadre, l’établissement de liens entre les programmes sociaux et de meilleurs résultats en matière de santé et d’éducation.
Le plafond des prêts au microcrédit sera doublé, passant de 20.000 à 40.000 dinars tunisiens, afin d’étendre l’éventail des bénéficiaires potentiels, des activités génératrices de revenus pour les catégories les plus marginalisées aux start-up lancées par des jeunes chômeurs ou des récents diplômés du supérieur.
L’objectif sera également d’augmenter le volume des prêts de microcrédit de 731 millions à 1,175 milliard de dinars tunisiens, dont 600 millions de dinars réservés aux femmes.
“Des réseaux de protection sociale bien conçus joueront un rôle important dans l’engagement du gouvernement à ne plus laisser personne de côté”, a déclaré Marie-Françoise Marie-Nelly, directrice de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte.
“Les microcrédits sont particulièrement importants pour les personnes dans les régions moins développées, qui ont moins d’options pour accéder au crédit”, a-t-elle ajouté.
Le troisième volet porte sur un soutien à la réforme du secteur de l’énergie pour le rendre financièrement viable et durable en créant les conditions pour atteindre l’objectif de générer 30% de la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables d’ici 2030.
La Banque mondiale est favorable à la levée des subventions énergétiques, qui exercent d’énormes pressions sur le budget national et profitent aux riches, qui consomment plus d’énergie, que les pauvres. La suppression des subventions permettra de réorienter les précieuses ressources publiques vers des réseaux de protection sociale, estime l’institution financière.
Abdoulaye Sy, économiste principal, et Fadwa Bennani, spécialiste principale du secteur financier à la Banque mondiale, co-chefs d’équipe pour la nouvelle opération, ont souligné que la hausse des prix du pétrole sur le marché mondial et la situation de la Tunisie en tant qu’importateur de pétrole, rendent le traitement des subventions énergétiques encore plus urgent. Ils ont également souligné que le développement du potentiel des énergies renouvelables permettrait de réduire la dépendance aux combustibles fossiles importés et de promouvoir la sécurité énergétique.