Une conférence sur la “Protection des jeunes contre la délinquance et la criminalité” a lieu les 4 et les 5 juillet 2018 à Tunis, à l’initiative de la présidence de la République et du Centre pour le contrôle démocratique des forces armées (DCAF) avec la participation de représentants de plusieurs ministères et institutions publiques concernés, d’universitaires, de magistrats, d’experts et spécialistes de Tunisie et de plusieurs pays étrangers.
Selon un document introductif de la conférence publié par la DCAF, les jeunes sont, depuis la révolution, des acteurs importants de la transition démocratique, en particulier à travers les nombreuses organisations de la société civile. “L’article 8 de la nouvelle Constitution reconnaît d’ailleurs la jeunesse tunisienne comme une force vive dans la construction de la nation et confie à l’Etat le rôle de veiller à son développement et à sa participation à l’essor social, économique, culturel et politique.
Malgré cette disposition novatrice, de nombreux jeunes témoignent d’un manque de confiance envers les institutions publiques, notamment les institutions sécuritaires, et regrettent leur manque d’inclusion dans la vie publique.
Ils font face à de multiples défis sur les plans politique, économique, social et sanitaire qui accentuent leur vulnérabilité et, avec elle le risque de conflit avec la loi.
On citera par exemple : la difficulté des établissements scolaires à préparer l’insertion professionnelle, la difficulté à trouver un emploi,le manque d’accès à des loisirs, qui pousse les jeunes à occuper les espaces publics et donc à générer des conflits territoriaux, le manque de confiance envers les institutions publiques et les forces de sécurité, générant un climat de défiance propice à la violence mutuelle, la vulnérabilité psychologique, liée notamment au manque de perspectives ainsi qu’à des situations familiales parfois difficiles comme par exemple la précarité.
Il y ressort de ce document que, les chiffres de la population carcérale publiés en 2016 par le ministère de la Justice sont révélateurs de la haute proportion des jeunes en conflit avec loi : sur les 23.553 détenus prévenus ou condamnés, 48% ont entre 18 et 30 ans.
Les infractions les plus courantes sont la consommation et la vente de stupéfiants, les vols et le port d’armes, les homicides, et le terrorisme et le blanchiment d’argent.
Chez les mineurs, les statistiques du délégué général à la Protection de l’Enfance de 2015 démontrent que les taux les plus élevés de criminalité sont atteints à 15 et 17 ans, dans la majorité des cas pour des infractions telles que les vols (57,5%) et les agressions violentes (32,3%).
Concernant la prévention du crime, ce document met l’accent sur la nécessité de combiner quatre grandes approches de prévention de la criminalité, à savoir, la prévention du crime par le développement social, la prévention communautaire/locale, la prévention des situations criminogènes et la prévention par la réinsertion.
Cette conférence vise à promouvoir de bonnes pratiques en matière de participation des jeunes à la sécurité collective, à établir un état des lieux des mécanismes et initiatives actuels de prévention et de lutte contre la criminalité chez les jeunes en Tunisie et à favoriser un échange d’expertise intersectorielle en matière de prévention et de lutte contre la criminalité chez les jeunes.
Les travaux de la première journée comprennent trois séances. La première séance a pour thème “Observer et analyser la criminalité chez les jeunes : expériences comparées” et traitera de plusieurs aspects de la criminalité des jeunes, dont notamment les facteurs de risque et les mécanismes de coordination mis à disposition des autorités et le rôle que peut jouer la société civile dans l’analyse et l’observation de la criminalité chez les jeunes.
La seconde séance s’articule autour “de la politique nationale de prévention de la criminalité incluant les jeunes : expériences comparées”. Elle a pour objectif de présenter les méthodes permettant d’élaborer une politique holistique de prévention et de lutte contre la criminalité, les bonnes pratiques en la matière, ainsi que les mécanismes de coordination nécessaires.
“Gouvernance locale et prévention de la criminalité : expériences comparées Objectif”, tel est le thème de la troisième séance qui vise à présenter des solutions pour développer une stratégie locale de prévention de la criminalité chez les jeunes, les prérogatives et outils des collectivités locales à cet effet, ainsi que les bonnes pratiques internationales en matière de sécurité communautaire.
Durant la deuxième journée, les travaux de la conférence comportent trois interventions. La première porte sur “forces de l’ordre, système judiciaire et prévention de la criminalité chez les jeunes”. Elle permettra d’identifier les bonnes pratiques en matière d’application de la loi, de coordination de l’action des divers acteurs impliqués -forces de l’ordre, système judiciaire, intervenants sociaux/médicaux, société civile- pour prévenir efficacement la criminalité des jeunes, favoriser leur réinsertion, et prévenir leur récidive.
La deuxième est intitulée “Education et prévention de la criminalité chez les jeunes” et traite du rôle de l’éducation, tant au sein de la famille que de l’école, dans la prévention de la criminalité chez les jeunes, des outils et méthodes pour prévenir la violence dans le milieu scolaire grâce à la coordination entre familles, institutions scolaires, sociales et médicales.
“Un cas particulier de criminalité chez les jeunes : l’extrémisme violent” est le thème de cette troisième intervention et permettra de décrire les liens existants entre petite délinquance et extrémisme violent, de présenter les bonnes pratiques internationales en matière de prise en charge des jeunes délinquants susceptibles de dériver vers l’extrémisme violent et le rôle que peut jouer la famille ainsi que les possibles partenariats de prévention avec les autorités religieuses et les secteurs scolaires et associatifs.
A noter qu’un document de travail sera élaboré comprenant les principales conclusions et recommandations issues de cette manifestation.