“Les agents économiques à capacité de financement, y compris les OPCVM (Organismes de Placements Collectifs en Valeurs Mobilières) obligataires sont aujourd’hui de plus en plus intéressés à investir dans des produits de taux de court terme, relevant du marché monétaire que dans des valeurs mobilières de long terme relevant du marché financier (obligations privées et Bons du Trésor)”. C’est ce qui ressort d’une analyse de la nouvelle donne monétaire, réalisée par Moez Hadidane, enseignant, chargé de cours gestion de portefeuille-à IHEC Carthage.
Dans cette analyse publiée dans le 2ème numéro de la newsletter trimestrielle de l’Association des Intermédiaire en Bourse (AIB), sous le titre “Quand le monétaire évince le financier, c’est toute l’économie réelle qui est menacée”, Hadidane explique que “dans un contexte de liquidité très tendue des banques, l’industrie des OPCVM obligataires fait face à une concurrence très vive des banques. Les ressources financières (excédents de trésorerie des agents à capacité de financement) sont de moins en moins, drainées par les véhicules traditionnels d’investissement de moyen long terme, notamment, les OPCVM, (SICAV, Fonds communs de placement en valeurs mobilières), les structures de capital risques (Fonds communs de placement à risque, Fonds d’amorçage, SICAR) et les institutions de Micro-finance”.
Toujours selon lui, ” l’offre de rendement des OPCVM obligataires se limite aujourd’hui à une moyenne de la place de 4,5% loin des taux offerts par les banques, adossés sur les placements à échéances autour de ” TMM + 2 ” et ” TMM + 3 ” soit des taux de rendement net de 6,5% et 7,3%.
Les placements à échéances (au plus pour une année) auprès des banques offrent, ainsi un surplus de rendement par rapport aux OPCVM obligataires de 200 points de base au moins.
Bien que les actifs sous gestion des OPCVM obligataires aient augmenté durant les cinq premiers mois de l’année 2018, de 160 millions de dinars, soit de 4,2%, une analyse d’un historique plus long dévoile que les OPCVM drainent de moins en moins de capitaux, menaçant toute l’industrie des OPCVM obligataires”.
“Aujourd’hui, les OPCVM obligataires de la place offrent un rendement annualisé moyen pondéré, net d’impôt et de frais de 4,5% alors qu’un placement bancaire en DAT (Dépôt A Terme) ou en CD (Certificat de Dépôt) offre un rendement brut de plus ou moins TMM +2, voir TMM + 3. Compte tenu d’un TMM moyen des six premiers mois de l’année 2017 de 6,13%, les placements à échéances offrent une rémunération nette de 6,5% voire 7,3%. Ces derniers offrent, ainsi un surplus de rendement par rapport aux OPCVM obligataires de 200 points de base au moins”, lit-on encore dans la même analyse.
Hadidane a souligné ” qu’investir aujourd’hui dans un produit monétaire auprès d’une banque, pour une durée proche d’une année, rapporte un rendement brut supérieur que celui d’une obligation privée de maturité 5 ou 7 ans.
Mieux encore, la banque offre une rémunération sur un placement court, à un taux largement supérieur au coût de refinancement de cette même banque dans le cadre d’un emprunt obligataire de 5 ou 7 ans “.
“Mobiliser une grande partie des ressources des excédents de cash des agents à capacité de financement au profit des produits bancaires à échéance, rémunérés à des taux proches de celui offert par une obligation de long terme, entache le processus d’allocation optimale des ressources et affaiblit l’efficience des marchés financiers et par conséquent toute la machine de création de richesse et de croissance économique”, a-t-il conclu.