“L’engagement de l’Union européenne (UE) et des institutions financières à soutenir le processus démocratique en cours en Tunisie se poursuivra. Toutefois, des réformes nécessaires sont à réaliser, lesquelles ne seront pas faites pour nous plaire mais dans l’intérêt des citoyens tunisiens, parce qu’ils ont le droit à aspirer une vie décente et à avoir de bonnes conditions de vie”.
Cette déclaration est celle du commissaire européen à la Politique européenne de voisinage et aux Négociations d’élargissement, Johannes Hahn, à l’occasion d’une réunion, jeudi 12 juillet, avec le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, à Dhar Dhiafa à Carthage.
Hahn relève, à l’issue de cette réunion tenue à huis clos, que l’UE essaie de contribuer à fournir ces conditions de vie décente et à assurer la stabilité dans le pays, précisant que l’UE continuera à travailler avec le gouvernement tunisien et toutes les parties prenantes.
Selon lui, cette entrevue qu’il a qualifié de fructueuse et constructive a permis d’explorer et identifier les voies de la coopération pour les deux prochaines années et de discuter des réformes à entreprendre, tout en mettant en évidence l’engagement de l’UE envers le processus démocratique en Tunisie.
Hahn conduit une délégation de huit institutions financières et de développement à savoir l’Agence française de développement (AFD), la Banque africaine de développement (BAD), la Banque européenne d’investissement (BEI), la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD), la Banque mondiale (BM), le Fonds monétaire international (FMI), la KFW, et la Société financière internationale (SFI).
Pour sa part, Chahed a fait savoir que les investissements totaux accordés à la Tunisie par ces bailleurs de fonds sont de l’ordre de 3,5 milliards d’euros, soit près de 11 milliards de dinars. “L’UE et les bailleurs de fonds ont réaffirmé leur soutien à la Tunisie, notamment en faveur du programme de réformes socioéconomiques que le pays s’est fixé pour relancer la croissance et l’emploi. Ils ont mis en exergue l’expérience démocratique de la Tunisie qui est, aujourd’hui, menacée par les groupes terroristes, notamment avec la dernière attaque terroriste (dimanche 8 juillet 2018)”.
Le chef du gouvernement a mis l’accent sur l’impératif de préserver cette démocratie à travers, des moyens tunisiens et la coopération internationale.
D’après Chahed, l’appui des bailleurs de fonds aux réformes concerne principalement les entreprises publiques, les caisses sociales et le système de la subvention, ajoutant que ces réformes ne sont pas dictées mais émanent de la Tunisie, tout en s’inspirant des expériences de l’étranger.
Il a précisé que l’ambition est de relancer la croissance économique dans le pays qui connaît déjà une reprise importante, laquelle demeure cependant insuffisante pour la création d’emplois.
La relance de la croissance doit passer obligatoirement par des mécanismes de financement du secteur privé et des projets dans les régions intérieures dans de nouveaux secteurs, tels que les technologies de l’information et de la communication et les énergies renouvelables.
Il est aussi important de soutenir immédiatement les catégories vulnérables qui ne peuvent pas attendre la relance de la croissance. L’Etat devra être à côté de ces catégories démunies, à travers le lancement de plusieurs mécanismes, tels que l’élargissement de la sécurité sociale.
La situation économique du pays est en amélioration, notamment avec la reprise du tourisme, l’augmentation des exportations et même l’amélioration de la finance publique, dont les réformes ont commencé à donner leurs fruits, traduits par une hausse des ressources propres de l’Etat et l’amélioration du déficit budgétaire.
Chahed a rassuré que l’inflation qui s’est établie à 7,8% en juin 2018, régressera à partir du début de l’année prochaine, expliquant que son renchérissement est dû aux mesures contenues dans la loi de finances 2018.