Dans une interview que devait diffuser les chaînes de TV et de radio privées (Alhiwar Ettounsi TV, Nessma TV et Mosaique FM) et diffusée dans la soirée du 15 juillet, Béji Caïd Essebsi, le chef de l’Etat, estime que la situation actuelle du pays est difficile et qu’elle ne peut plus durer.
“Si la situation persiste (…) le chef du gouvernement doit soit démissionner, soit solliciter de nouveau le vote de confiance du Parlement, a-t-il dit indiqué. Il a ajouté que les Tunisiens ont plutôt besoin de voir des conditions favorables au rétablissement de la confiance entre gouvernants et gouvernés.
N’exclure personne… même Ennahdha
“On ne peut répondre aux aspirations des citoyens sans un gouvernement fort et d’institutions solides, loin de toute exclusion. Nous ne voulons exclure personne. Ni le mouvement Ennahdha qui soutient le gouvernement ni une quelconque autre partie. Personnellement, je veux rassembler toutes les parties y compris Ennahdha, tout en poursuivant la démarche que j’ai adoptée depuis les élections de 2014. Le consensus n’est pas impossible, mais peut être difficile si chaque partie campe sur sa position”, a-t-il dit.
Tout le monde est aujourd’hui unanime à estimer que la situation actuelle s’est dégradée et ne peut plus durer. Il faudrait en sortir dans les plus brefs délais.
Travailler avant de penser à 2019…
Sur la présidentielle de 2019, Caïd Essebsi a déclaré que la Constitution lui accorde le droit de se présenter à nouveau. “Les Tunisiens sauront si je compte me présenter ou pas au moment opportun, à l’ouverture du dépôt des candidatures. Je suis persuadé que cette question n’est pas la principale préoccupation des Tunisiens. Par contre, ce qui les préoccupe vraiment, c’est l’augmentation du taux de chômage et de la pauvreté”.
Et d’ajouter : “Aux gouvernants actuels qui pensent déjà à la présidentielle de 2019, je dirais qu’il faut d’abord travailler et réussir avant tout. Le plus important est de faire preuve de don de soi et de penser uniquement à réussir dans la mission actuelle”.
UGTT et UTICA, deux organisations patriotes…
Le chef de l’Etat rappelle par ailleurs le rôle patriote de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat.
A la question sur sa position sur les éventuelles contestations sociales que compte mener l’UGTT, le président de la République s’est dit convaincu que la centrale syndicale ne peut mener des actions qui vont à l’encontre de l’intérêt du pays.
Sur la crise de Nidaa Tounes, parti qu’il a créé en 2012, le président de la République déclare : “Il faut que certaines parties cessent de vouloir diviser Nidaa Tounes. Il ne faut exclure personne que ce soit au sein ou en dehors des partis”.
Des failles sécuritaires à corriger
A propos de l’opération terroriste survenue à Ain Soltane (gouvernorat de Jendouba), dimanche 8 juillet, Béji Caïd Essebsi a indiqué que cet acte tragique a montré des failles qu’il faut corriger.
Sur de possibles liens entre cette opération et les dernières nominations opérées au sein du ministère de l’Intérieur, le président Caïd Essebsi a estimé qu’il aurait été plus sage d’éviter des changements à la tête de la direction de lutte antiterrorisme et de la sous-direction de renseignement.
Sur la révocation de l’ancien ministre de l’Intérieur par le chef du gouvernement, Caïd Essebsi a indiqué que Youssef Chahed l’avait informé de son intention de démettre Lotfi Brahem de ses fonctions. “Une révocation qui m’a personnellement surpris”.
“Il était possible, compte tenu de l’intérêt public, de reporter la question et de procéder au changement à la tête de ce département dans le cadre d’un remaniement”.
A noter que Mosaïque FM a refusé de diffuser l’interview sur ses ondes, car, affirme-t-elle, elle n’a pas pu avoir une copie intégrale de l’interview. Seul un montage de l’interview lui a été accordé par la chaîne Nessma TV.
De son côté, la chaîne Alhiwar Ettounsi TV a déclaré avoir décidé de ne pas diffuser l’interview, comme annoncé initialement, pour éviter des conflits politiques étriqués.