Des participants à une conférence organisée dimanche 15 juillet à Tunis ont critiqué le rapport de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe), dont la création a été initiée par le président de la République, le 13 août 2017.

Le rapport de la Commission réclame, notamment, l’égalité dans l’héritage, l’annulation de l’obligation de la dot dans le mariage et le délai de viduité, ainsi que l’égalité dans l’attribution de la nationalité et le choix du nom de famille, l’abrogation de la peine de mort et l’incrimination de l’incitation au suicide.

Pour Abdelmajid Najar, membre du conseil de la Choura d’Ennahdha et directeur exécutif de l’Union internationale des oulémas musulmans (section Tunisie), le rapport de la COLIBE traite de questions “qui n’ont rien à voir avec la culture du peuple tunisien et vise à tordre le cou à la Constitution en imposant ces idées”.

Le professeur de philosophie et ancien membre de l’Assemblée nationale constituante, Abou Yaareb Marzouki (élu en 2011 à la tête de la liste d’Ennahdha à Tunis 1 en tant qu’indépendant), a qualifié les membres de la COLIBE “de déracinés, d’incultes et d’intrus à la société”. “Les modernistes arabes, en particulier les Tunisiens, ne connaissent rien de l’Occident sauf la France”, dit-il.

De son côté, le professeur agrégé en philosophie Hamadi El Ouadi s’est interrogé sur le bien-fondé d’accorder à la COLIBE le statut de “commission scientifique” alors qu’elle a été créée en vertu d’un décret présidentiel.

Le spécialiste en sociologie Mohamed Haj Salem estime, pour sa part, que les propositions avancées par la COLIBE sont présentées comme étant une réponse aux besoins de la société tunisienne alors qu’elles n’expriment que les idées d’une minorité idéologique marginalisée.

Le spécialiste en droit privé Abdelmajid Zarrouk souligne, quant à lui, que la COLIBE veut imposer une lecture unilatérale de la Constitution en contradiction avec ce texte.

Pour Sahbi Attig (député d’Ennahdha), “la Constitution a tranché la question de l’identité mais la bataille la concernant n’est pas finie”. D’après lui, les laïcs cherchent à en modifier le sens en suivant le modèle occidental.

Les participants à la rencontre pensent que le rapport de la COLIBE est appuyé par l’étranger et des fonds lui ont été accordés pour garantir son adoption en Tunisie.

La COLIBE, créée en vertu d’un décret présidentiel n°111 daté du 13 août 2017, a publié le 12 juin dernier son rapport final comportant ses recommandations jugées en conformité avec la Constitution tunisienne de 2014 et les obligations internationales du pays en matière des droits humains.

Le rapport a suscité une polémique et des réactions mitigées entre ceux qui ont approuvé son contenu et ceux qui l’ont attaqué allant même jusqu’à accuser les membres de la Commission et en particulier sa présidente Bochra Belhaj Hmida de mécréance.