19,6%. C’est le taux de salariés qui sont exposés à au moins un produit cancérigène, dont les acides forts, le benzène, les fumées de soudage, les huiles et graisses minérales ou de synthèse et les fumées et gaz de diesel. C’est ce que révèle une enquête sur la cartographie des risques professionnels en Tunisie (CaRiPT) rendue publique lors d’une conférence tenue mardi 17 juillet à Tunis.
Les travailleurs exposés à ces produits occupent des postes de conducteurs d’installations de machines et d’ouvriers de l’assemblage (30%) ou exercent des métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat (36%), précise l’enquête.
Fruit d’une collaboration entre la Direction de l’inspection médicale et de la sécurité au travail, l’Institut national de la statistique (INS), cette enquête menée de 2016 à 2017 a porté sur un échantillon de 5.885 personnes dont 49,6% d’hommes et 50,4% de femmes avec une moyenne d’âge de 37,4 ans.
Toujours selon cette enquête, 35,4% des salariés questionnés sont exposés aux produits chimiques dont 26,6% ont une multi-exposition (trois produits et plus).
Les trois secteurs qui exposent le plus leurs salariés sont le secteur de la santé humaine et actions sociales (54% de l’effectif), l’industrie extractive (50,6% de l’effectif) et l’industrie manufacturière (39,8% de l’effectif).
8,4% des employés sont exposés à au moins un agent biologique (bactéries, virus, parasites, champignons).
Contraintes physiques
S’agissant des contraintes physiques, l’enquête souligne que 29% des salariés sont exposés au bruit. Le secteur de l’industrie extractive est celui qui expose le plus au bruit (54,9%), suivent la construction (54,6%) et l’industrie manufacturière (33,9%).
22% des travailleurs sont exposés aux nuisances thermiques dont 53,6% travaillent à l’extérieur exposés au intempéries, 17,6% sont exposés à une température de moins de 15% et 20% travaillent dans un milieu humide.
L’enquête révèle, par ailleurs, que 48,8% des salariés sont exposés à une contrainte visuelle dont 45% travaillent sur écran avec une moyenne de 5,8 heures par jour. Ils occupent un poste d’employés de réception, guichetiers et assimilés dans 13,2% des cas.
Les secteurs exposant le plus leurs salariés à la contrainte visuelle sont l’information et la communication (100%), les activités financière et assurances (97,3%), les activités administratives et de soutien (94%).
En ce qui concerne les contraintes posturales et articulaires, 90,4% déclarent être exposés à au moins une contrainte de ce type, 38% ont des positions debout statique au poste de travail, 37,7% répètent les gestes ou une série de gestes à une cadence élevée et 28,6% ont des positions forcées d’une ou plusieurs articulations.
Contraintes organisationnelles
L’enquête CaRiPT démontre que 50% des salariés questionnés travaillent 48h et plus par semaine notamment dans les secteurs de la production, la distribution d’électricité, l’hébergement et restauration et l’industrie manufacturière.
42% des travailleurs sont appelés à travailler les dimanches et jours fériés. Les professions exposant le plus leurs salariés sont le personnel des services directs aux particuliers, commerçants et vendeurs (72,7%) et les métiers qualifiés d’industrie et d’artisanat (46,5%).
Selon la même source, 21% des salariés travaillent la nuit avec une moyenne de 6 nuits par mois. Dans 35,7% des cas, ces salariés occupent un poste de conducteur d’installations et de machine et ouvriers d’assemblage.
CaRiPt est la première enquête du genre, à l’échelle africaine et arabe. Elle s’inscrit dans le cadre d’un programme de jumelage entre la Tunisie et l’Union Européenne (UE) pour l’appui au développement du travail décent et le renforcement des capacités de l’inspection médicale et de la sécurité au travail, qui vient d’être clôturé.