Le directeur du Département Moyen-Orient et Asie centrale, au Fonds monétaire international (FMI), Jihad Azour, a assuré jeudi, dans une interview accordée à l’agence TAP, que la Tunisie a réussi à réaliser certains indicateurs positifs, qui malgré leur importance, nécessitent davantage d’impulsion et d’incitation.
TAP : La Tunisie est en train de réaliser un deuxième programme de réforme avec la FMI, mais n’est pas parvenue jusqu’à présent à sortir de la crise économique. Quels sont les lacunes de ce programme, à votre avis ?
Jihad Azour : Nous sommes à la moitié du programme réalisé avec la Tunisie qui a rencontré plusieurs problèmes au cours de la dernière période aux plans intérieur et international. Toutefois, il faut reconnaître que le pays a enregistré une amélioration progressive, sur le plan des finances publiques qui bien qu’insuffisante, a permis de faire régresser le déficit budgétaire, considéré comme la première source d’endettement.
D’autres indicateurs bien que limités restent positifs à l’instar des indicateurs sectoriels et de l’exportation, lesquels doivent être renforcés. Nonobstant, nous devons être vigilants, à propos de deux points essentiels, à savoir primo la hausse du prix de pétrole et son impact négatif sur les équilibres financiers globaux et la balance des opérations courantes et secondo la nécessité de poursuivre le processus de réforme, pour réaliser les objectifs escomptés.
Ne pensez vous pas qu’il est nécessaire pour le FMI de revoir sa politique en ce qui concerne la question de la subvention ?
Nous sommes dans une phase d’adaptation pour ce qui est de la subvention, avec des prix pétroliers en hausse et cela est nécessaire pour préserver la stabilité financière et économique du pays.
Sur le moyen et long termes, il est nécessaire de diversifier les sources de l’énergie, en se basant sur les énergies renouvelables, moins coûteuses. Le but des différentes réformes entreprises est de laisser une marge au gouvernement pour lui permettre d’investir dans de tels secteurs.
Les objectifs visés aussi, étant l’amélioration des réseaux des TIC, le système de sécurité sociale, le transport public, le relèvement du niveau de l’enseignement et de la couverture sociale, autant de domaines où l’Etat ne peut investir si le niveau de ses dépenses courantes, reste élevé.
Quelle est la position du FMI, de la politique monétaire adoptée par la Tunisie ?
La position du FMI est claire, il est nécessaire de limiter le taux d’inflation qui a atteint des niveaux élevés et représente un danger pour la stabilité et une charge pour les catégories à revenus moyens et limités.
Pour ce qui est de la politique de change, elle est liée partiellement, à cette question, le taux de change est souple aujourd’hui en Tunisie et suit le mouvement des marchés et l’état de l’offre et de la demande, ce qui est positif.
Le gouvernement doit préserver sa capacité à utiliser les différents instruments disponibles au niveau des politiques financières et monétaires.